Communisme, décolonisation, influence du communisme, luttes d'indépendance, processus de décolonisation, diabolisation des communistes, Albert Sarraut
« Le communisme, voilà l'ennemi », lançait Albert Sarraut, ancien ministre des Colonies, alors ministre de l'Intérieur, à l'occasion d'un discours à Constantine (Algérie). La formule dit bien la peur des colonialistes face aux communistes. Et la diabolisation des communistes paraît justifiée face à l'action anti-impérialiste du Komintern et à son pouvoir mobilisateur dans le tiers monde. Cependant, l'anticommuniste devient également l'alibi commode de la fermeté et de l'immobilisme des puissances coloniales.
L'interprétation des processus de décolonisation met en jeu le contenu même du communisme et ses ambiguïtés. En effet, l'idéologie marxiste, le matérialisme dialectique, est invoquée pour expliquer et soutenir les émancipations nationales, mais en théorie, elle rejette toute forme de nationalisme au nom de l'internationalisme ouvrier.
En outre, les luttes d'indépendance s'inscrivent dans le contexte d'une guerre froide qui oppose le camp communiste au camp occidental capitaliste. La sincérité idéologique et l'adéquation entre allégeances et pratiques ne sont pas toujours une priorité et le mouvement communiste international n'hésite pas à chapeauter ou manipuler des mouvements d'émancipation dont la base sociale n'est pas révolutionnaire et qui a peu à voir avec l'idéologie soviétique.
[...] Mais la priorité de la dénonciation de cet impérialisme-là affaiblit celle de l'impérialisme et du colonialisme français. Tout en se rapprochant peu à peu des mouvements nationalistes et indépendantistes, les communistes français continuent d'invoquer le modèle de l'URSS et de réclamer une véritable Union française C'est pourquoi les communistes s'opposent à l'idée d'indépendance de l'Algérie défendue par le Parti populaire algérien de Messali Hadj : cette revendication ne sert pas les intérêts de l'Algérie et de la France. (Cahiers du communisme) L'insurrection de novembre 1954 leur paraît être une tentative isolée, L'Humanité écrit que le parti ne saurait approuver le recours à des actes individuels, susceptibles de faire le jeu des pires colonialistes. [...]
[...] Le RDA renonce à l'apparentement communiste en 1950 et se rapproche de l'UDSR de Mitterrand. Cependant, les Groupements d'étude communiste (GEC) fondés dans l'après-guerre ont joué un rôle important dans la formation des leaders indépendantistes et la diffusion des principes marxistes-léninistes ensuite réinterprété dans des sociétés moins industrialisées et fondées davantage sur la conciliation et le consensus que sur le conflit social (thèse de Léopold Sédar Senghor qui dénonce le capitalisme colonial et lit l'aliénation avec une grille marxiste, mais refuse de reconnaître la lutte des classes). [...]
[...] Lors du débat parlementaire sur l'Indochine, en mars 1947, Duclos annonce que les communistes s'abstiennent de voter les crédits militaires, et le ministre de la Défense Billoux refuse de se lever pour s'associer à l'hommage rendu au corps expéditionnaire. Les ministres communistes votent finalement la question de confiance alors que les députés s'abstiennent. Nouvel incident en avril avec la sortie des ministres communistes après le refus d'annuler les poursuites contre les parlementaires malgaches du MDRM (Mouvement démocratique de rénovation malgache) accusés d'avoir provoqué l'insurrection à Madagascar. [...]
[...] Le camp communiste reconnaît la RDVN en janvier 1950 et commence à faire transiter du matériel de guerre soviétique par la frontière chinoise. La France reprend la théorie des dominos : Une fois perdu le Tonkin il n'y a plus de barrière jusqu'à Suez dit De Lattre. L'aide financière américaine couvre la majeure partie des dépenses militaires : les deux puissances opposées se livrent une guerre à distance. Dans un climat d'apaisement de la Guerre froide, avec la mort de Staline et l'armistice de Panmunjom, la conférence de Genève à propos de la réunification de la Corée et de la paix en Indochine s'ouvre avril 1954. [...]
[...] Mais c'est l'URSS qui bénéficie de la décolonisation puis de la réunification, car le Vietnam devient rapidement un satellite où les Soviétiques installent leurs bases militaires. La lutte d'influence dans les pays issus de la décolonisation aboutit à la guerre : invasion du Cambodge des Khmers rouges par l'armée vietnamienne avec l'aide de Moscou et riposte chinoise en 1979. La Chine gagne sa popularité dans le tiers monde en mettant dos à dos les impérialismes occidentaux et soviétiques, en dénonçant le colonialisme insidieux de la Russie en Europe et en Asie. [...]
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