Communication politique, communication de crise, Shakespeare, Antoine, Jules César, multiplication des médias, canaux d'information, Gilles Finchelstein, événement, Jean Baudrillard, communication sensorielle, Jacques Gerstlé, Ève Fouilleux, éthique de la communication, Platon
Quand César dit : faites ceci, c'est fait. Proclamait Shakespeare par la bouche d'Antoine dans sa célèbre pièce Jules César sur les derniers instants de la vie du non moins célèbre dictator romain. Par ces mots, il exprimait le caractère fondamentalement performatif de la parole politique, au sens où le discours politique est un discours de l'action (John Austin, Quand dire c'est faire). Lorsqu'un décideur politique annonce une mesure, celle-ci (doit) se met en œuvre, soit de manière directe soit de manière différée par l'engagement des différents échelons administratifs de l'exécutif gouvernemental. Autrement, le pouvoir sans la performance du pouvoir s'évanouit (Dominique Colas, Sociologie politique). De fait, la communication politique est affaire de décisions d'agir ou de ne pas agir, ce qui est attendu par le citoyen, et non simplement d'information.
[...] Ainsi, la communication politique sortait du domaine politisé pour parler le langage commun (doxa) dans une optique de conserver le pouvoir en s'adaptant à l'opinion publique en tant qu'opinion fondée sur le sens commun et non sur la raison et la rigueur scientifique. Roland Barthes distinguait par ailleurs le discours encratique (dans le pouvoir) de la classe au pouvoir et conforme à la doxa, du discours acratique (hors du pouvoir) des chercheurs et des scientifiques (Le bruissement de la langue). Ces deux discours ne s'opposent pas nécessairement sur le plan politique, mais sur le plan culturel. [...]
[...] En parallèle, le rôle de l'État a profondément évolué en multipliant ces domaines d'actions notamment en matière sociale tout en modifiant son mode de gouvernance et la mise en œuvre des politiques publiques. Loin de l'État planificateur et dirigiste des Commissaires au Plan, celui-ci a désormais un rôle de facilitateur et d'encadrement luttant contre les dérives ou les ruptures d'égalité ou de concurrence. Les attentes des citoyens sont néanmoins de plus en plus importantes vis-à-vis de l'État. Les médias constituent cependant pour la majorité des Français leur rapport unique au pouvoir et c'est par les médias qu'ils connaissent et écoutent la plupart de leurs représentants. [...]
[...] En conséquence, il a pu être démontré l'influence des médias non pour faire changer d'opinion, mais pour conforter une opinion ou en donner une aux indécis. David Colon évoque dans Propagande que le référencement et l'algorithme de Google dans l'affichage des résultats de recherche influent les choix et les opinions des citoyens. Il s'agit du biais de disponibilité par lequel aucun citoyen ne dispose d'un accès complet à l'information, quand bien même toute l'information disponible serait accessible. En effet, l'individu se forge une opinion en fonction de l'information disponible et ne cherchera pas nécessairement d'informations complémentaires ou contradictoires. [...]
[...] La conception délibérative de la communication politique est celle qui correspond à la communication de crise en tant que communication sur l'action et la décision politiques. Ainsi, des trois phases communication de crise, définie par le Forum de la communication publique et territoriale (alerter, rassurer/informer, réformer), la troisième et dernière constitue fondamentalement une phase de communication politique en ce sens qu'elle amène l'autorité politique ou ses détracteurs à proposer un scénario de sortie de crise par la réforme. C'est dans l'opposition de ces divergences que s'exprime l'agir communicationnel qui doit aboutir au-delà des incompréhensions, à des accords démocratiques. [...]
[...] Cette immédiateté des réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu et en direct confère l'illusion du participatif (Bouquillion et Matthews, Le Web collaboratif) et de pouvoir interpeller les décideurs publics en direct et à tout instant. Or l'utilisateur producteur de contenus est utilisé par les géants du numérique comme une main-d'œuvre gratuite produisant les contenus servant in fine à sa propre consommation. L'enjeu dans l'immédiateté n'est plus le message, mais la communication elle-même. Les médias jouent à communiquer et communiquent pour communiquer et non pour transmettre un message, c'est la fonction phatique (Jean Baudrillard, L'ère de la facticité). [...]
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