Si Jean Lecanuet, candidat aux élections présidentielles de 1965, se vit attribuer le surnom de « dents blanches », ce n'est pas dû à des qualités d'orateur qui, jusque là, primaient dans une campagne, mais plutôt aux premières affiches de campagne, montrant un homme politique souriant largement.
Cette amusante anecdote illustre en fait une étape décisive dans la manière de « faire » campagne, puisque les élections présidentielles de 1965 marquent l'acte de naissance du marketing politique en France. Pour la première fois, des « cellules de communication » (pour le Centre Démocrate), ou encore des publicitaires furent employés (notamment Michel Bongrand qui conseilla Jean Lecanuet « à la façon des Américains », pour reprendre l'expression de Philippe J. Maarek dans son ouvrage Communication et marketing de l'homme politique).
Cette « communication politique » à l'oeuvre dans les campagnes électorales soulève diverses problématiques, qui furent réactualisées au vu du suivi de la campagne présidentielle de 2007 (près de six français sur dix ont suivi la campagne tous les jours ou presque). La question posée par l'ouvrage dirigé par Bruno Cautrès et Anne Muxel dessine les contours du problème posé par cette nouvelle communication : « Comment les électeurs font-ils leur choix ? », et propose de s'intéresser aux mécanismes de la décision électorale.
Or la question qui sous-tend la relation entre communication et vote trouve son écho dans le titre de cet ouvrage : la communication fait-elle l'élection ?
C'est-à-dire : dans quelle mesure la communication, qui se distingue de manière classique de l'information, et qui recouvre le processus de transmission d'informations, détermine-t-elle le résultat d'une élection ? Ou celle-ci ne fait-elle pas simplement partie inhérente du processus électoral sans pour autant en déterminer l'issue ?
Nous verrons dans un premier temps que la communication fait partie inhérente du processus électoral et en cela fait l'élection entendu comme processus. Puis nous tâcherons de montrer que la communication ne fait pas l'élection au sens de « déterminer » le résultat électoral, puisque d'autres facteurs sont à prendre en compte afin de comprendre la décision de l'électeur. Enfin, nous nous poserons la question de savoir si, à l'inverse, l'élection « fait » la communication, du fait de son recours aux moyens communicationnels et aux changements dans la manière de « faire » campagne. (...)
[...] Dès lors, après avoir évoqué l'élection en tant que processus, il s'agit dans une deuxième partie d'étudier le rôle de la communication dans l'élection comme résultat. La communication détermine-t-elle le résultat électoral? Convainc-elle l'électeur dans sa décision? II/ La communication, comme seul facteur, ne détermine pas le résultat de l'élection La communication semble exercer des influences, des pressions, des affects sur les électeurs, dès lors il faut questionner la possible détermination du résultat par la communication. Or il apparaît qu'à elle seule, la communication n'explique pas et ne détermine pas l'issue de l'élection. [...]
[...] Le jugement de l'électeur comme capacité décisionnelle et explicative de son choix, un facteur à prendre en compte. Si les médias et la communication fait l'élection et le résultat de celle- ci, alors cela reviendrait pour René Rémond à nier le jugement de l'électeur et finalement à douter de la démocratie (problématique de la médiacratie). Des thèses biologistes tendaient à montrer que le communication et les plans de campagne fonctionnaient comme un réflexe pavlovien sur l'électeur suivant le schéma stimulus-réponse. [...]
[...] Si la communication influe sur la vie politique française, il semble qu'elle soit également influencée et forgée par les particularités du fonctionnement des élections. Ses exigences ont en effet transformé le paysage de la communication politique et développer de manière intense le recours aux moyens communicationnels. Ne serait-ce donc pas l'élection qui fait la communication Une spécificité de la vie politique française : la personnalisation, processus à l'œuvre depuis 1965. L'élection au suffrage universel direct a de fait et a posteriori conduit à médiatiser ou vendre un homme, bien plus qu'un projet. [...]
[...] Dissertation : La communication fait-elle l'élection? Si Jean Lecanuet, candidat aux élections présidentielles de 1965, se vit attribuer le surnom de dents blanches ce n'est pas dû à des qualités d'orateur qui, jusque là, primaient dans une campagne, mais plutôt aux premières affiches de campagne, montrant un homme politique souriant largement. Cette amusante anecdote illustre en fait une étape décisive dans la manière de faire campagne, puisque les élections présidentielles de 1965 marquent l'acte de naissance du marketing politique en France. [...]
[...] Cela force les acteurs politiques à les prendre en compte et à faire des propositions, effets d'annonce pour montrer bonne volonté, etc. Exemple du thème de l'insécurité en 2002, cela à pour partie contribuer à favoriser les thématiques du parti FN). Effet sur la participation électorale. Mais la communication peut apparaître aux électeurs davantage comme une manipulation des informations et de l'électorat que comme une transmission objective des clés de l'élection. Cas des sondages qui répondent au fonctionnement d'un marché (entreprises de sondages privées) et ainsi, par le résultat du sondage, satisfaire la demande et l'intérêt du client. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture