Il serait faux de croire que seuls les comportementalistes, en Europe ou aux Etats-Unis, voient dans les médias un instrument de propagande au service d'instances politiques. Chez d'autres théoriciens, davantage influencés par la notion marxiste d'aliénation et par l'idée wéberienne de désenchantement du monde, la démonisation des médias de masse s'accompagne d'un profond dédain pour la culture populaire sous toutes ses formes (...)
[...] Si effets psychologiques et psychosociologiques il y et si ceux-ci sont palpables et visibles dans des comportements d'apathie, d'anomie dans les sociétés dictatoriales, il y a fort à parier que cela est davantage le fait de la peur et de stratégies pour échapper au pire que de l'inconscience et de l'état hypnotique d'une population entière. En d'autres termes, comment distinguer dans ces situations historiques extrêmes, ce qui est de l'ordre des effets de la propagande sur les consciences individuelles et collectives et ce qui est de l'ordre des effets de la terreur engendrée par la dictature et la violence à l'encontre des opposants ? [...]
[...] Comme nous le verrons ultérieurement, ces conceptions, bien qu'extrémistes car proches de la théorie du complot (collusion, connivence entre monde politique, puissances 3 économiques et médias), ont donné lieu à des controverses fécondes sur le plans théorique et empirique dans la recherche sur les effets des médias. Force est néanmoins de souligner une nouvelle fois les risques de dérapage et les faiblesses théoriques de ces conceptions : si on reprend la thèse selon laquelle le nazisme a simplement été une maladie populaire répandue par la propagande auprès d'une foule urbaine frappée par la déviance sociale et le chômage, on se heurte à de sérieuses objections. [...]
[...] FACULTÉ DE DROIT & SCIENCES POLITIQUES - Sciences politiques - SOCIOLOGIE DES MÉDIAS Année académique 2009/ SOCIOLOGIE DES MÉDIAS ET COMMUNICATION La dimension idéologique de la communication contemporaine : l'École de Francfort Il serait faux de croire que seuls les comportementalistes, en Europe ou aux Etats-Unis, voient dans les médias un instrument de propagande au service d'instances politiques. Chez d'autres théoriciens, davantage influencés par la notion marxiste d'aliénation et par l'idée wéberienne de désenchantement du monde, la démonisation des médias de masse s'accompagne d'un profond dédain pour la culture populaire sous toutes ses formes. [...]
[...] La Théorie Critique par exemple tient plus de l'imprécation et de l'idéologie pure que d'une recherche véritable de la preuve des effets néfastes qu'elle dénonce sans cesse. Il peut, il est vrai, exister dans l'esprit de l'émetteur d'un message qui utilise un média de masse (presse écrite, radio, télévision, réseau Internet) une intention délibérée de provoquer chez ses récepteurs un comportement, une attente, des émotions, l'adhésion à une idéologie Le 5 problème n'est pas tant du côté du décryptage de l'intention de l'émetteur que de celui de la compréhension des réactions du récepteur. [...]
[...] En dépit des nombreuses critiques dont la Théorie Critique fait l'objet (son pessimisme, son élitisme, sa technophobie), on se doit de reconnaître que la dénonciation de l'industrie culturelle de la marchandisation de la culture et des rapports humains, a permis d'introduire un nouveau concept dans le champ de la sociologie des médias : celui d'idéologie. Les médias de masse proposent à la population des idéologies individualistes qui dissimulent la domination collective, qui engourdissent les consciences individuelles et empêchent la formation d'une conscience de classe, tout ceci ayant une finalité : confiner les masses à l'apathie, empêcher leur action sur le monde réel. [...]
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