La revendication par des associations homosexuelles d'une loi punissant l'homophobie, pendant les débats sur le PACS (1998-1999), a reçu un écho favorable. La loi anti-homophobie (loi du 30 décembre 2004 portant création d'une Haute Autorité pour l'égalité et contre les discriminations) est en effet l'exemple concret du passage d'une revendication d'inspiration communautariste à sa ratification sous forme de loi. Ainsi, le processus législatif serait-il en train de connaître une mutation avec le nombre grandissant de lois d'inspiration communautariste ? Il faut croire que oui, avec la multiplication des débats autour du « politiquement correct » et des réactions d'auto-défense communautaire. Afin de comprendre cette tendance, définissons le terme « communautarisme. » Pour reprendre Pierre-André Taguieff, il désigne, avec une intention critique, toute forme d'ethnocentrisme ou de sociocentrisme, toute autocentration de groupe, impliquant une autovalorisation et une tendance à la fermeture sur soi, dans un contexte culturel dit «postmoderne» où l'«ouverture», et plus particulièrement l'«ouverture à l'autre», est fortement valorisée ». Ainsi, le terme «communautarisme» possède une connotation largement péjorative et s'oppose donc à la fois à «individualisme» et à «cosmopolitisme». On peut se poser la question de la pérennité des institutions républicaines face au développement des revendications communautaristes, des lois mémorielles, des politiques de discrimination positive et des atteintes au principe de laïcité. Ce dernier principe se base sur la liberté de conscience, l'égalité de traitement de toutes les options spirituelles, et le principe que la puissance publique ne doit promouvoir que l'intérêt commun à tous.
Ainsi, en quoi le communautarisme constitue-t-il un danger pour la défense du principe de laïcité et des autres valeurs républicaines ?
[...] Est public ce qui concerne tous les hommes d'une nation et la communauté politique. Est privé ce qui intéresse un homme ou plusieurs, librement associés par exemple à une communauté religieuse. Cela implique une délimitation du domaine des lois et une juste mesure des attributions de l'Etat. Il n'est pas habilité à imposer ou à favoriser une option spirituelle et doit avoir le souci de représenter ce qui est effectivement partagé par tous. Il assume le respect de la représentativité réellement universelle. [...]
[...] Le multiculturalisme institutionnel ou le multicommunautarisme normatif par contre, dès qu'il s'attaque à la communauté politique, devient un défi pour la tradition républicaine. Atteintes aux principes républicains par le multicommunautarisme comme système sociopolitique Atteinte au principe de laïcité. La loi de 1905 consacrant la séparation de l'Eglise et de l'Etat stipule dans son article 1 : La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public. Elle affirme donc l'autonomie de la conscience individuelle et sa nécessaire liberté. [...]
[...] La montée des communautarismes constitue bel et bien une menace au à la cohésion sociale et aux valeurs républicaines. L'importance du maintien de la laïcité réside dans le fait qu'elle assure la citoyenneté et l'autonomie individuelle sur les communautés. Il ne faut cependant pas tomber dans un républicanisme excessif qui ignorerait les diversités culturelles bien existantes. Les politiques sociales doivent prendre en compte cette variable, sans toutefois céder aux pressions des groupes communautaristes. Les droits culturels devront se conquérir contre deux formes de pouvoir d'Etat : Etat-nation et Etat national. [...]
[...] Atteinte à la liberté de penser et d'agir : Historiquement le terme communautarisme est utilisé pour décrire les rapports entre un groupe communautaire et l'autorité d'un pays, c'est-à- dire lorsque quelqu'un appartenant à un groupe défini comme une communauté n'établit de rapports avec les autorités du pays où il vit qu'à travers les autorités de sa communauté. Le communautarisme devient dangereux en tant que projet sociopolitique visant à soumettre les membres d'un groupe défini aux normes supposées propres à ce groupe (identité d'origine par exemple), dans une volonté de contrôler les opinions et les comportements de tous ceux qui appartiennent en principe à ce groupe. [...]
[...] Le glissement du républicanisme vers le communautarisme N'y a t-il pas dans les infléchissements contemporains du républicanisme français une propension à un communautarisme d'un certain type qui chercherait une communauté culturellement et linguistiquement homogénéisée, donc débarrassée de sa diversité ? demande Alain Touraine. En effet, le Conseil d'État, le 24 septembre 1996, a rendu un avis défavorable sur la Charte européenne des langues régionales et minoritaires au regard de la Constitution. Il s'agit moins de projeter un avenir fondé sur des principes établis en commun que de protéger un héritage linguistique et culturel déjà produit ds une histoire très particulière. La Constitution de 1958 a été modifiée afin de mettre en place un unilinguisme radical. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture