Politique, action politique, propriété privée, Elinor Ostrom, Pierre Dardot, Christian Laval, fédéralisme
Le mot "commun" possède des significations proches et un peu différentes selon qu'on le prenne au singulier, au pluriel, qu'il soit un nom ou un adjectif. Mais disons, pour commencer, que commun en un sens ou un autre, c'est ce qui est partagé par tous, ou du moins ce qui concerne un ensemble de personnes. Dans cette perspective, le mot paraît presque aussi vieux que l'histoire de la philosophie elle-même, particulièrement politique. Si on forçait un peu le trait, on pourrait dire que le commun est la notion centrale de la philosophie politique en tant que cette philosophie chercherait à comprendre comment le commun est possible, comment un bien commun peut-il être possible pour tous.
[...] C'est bien tout le contraire. Dans leur dernier livre Dominer Dardot et Laval s'attaquent justement à la souveraineté en tant qu'outil et concept politique de résistance face au néolibéralisme. L'État même souverain n'est ainsi devenu que le serviteur de la logique néolibérale qu'il s'agirait de défaire autrement qu'en usant de la souveraineté étatique ou nationale. Dès lors, en rejetant le concept de souveraineté, il faut pour les auteurs être capable de produire de nouvelles institutions fondées sur le principe du commun. [...]
[...] La meilleure manière dès lors pour Dardot et Laval de redonner de sa force au concept de commun et de le rendre ainsi plus clair en évitant de le naturaliser ou de l'essentialiser, c'est de le penser comme un principe d'action politique d'où pourraient dériver des choses communes par le choix d'une communauté. En tant que principe d'action politique, il doit être radicalement démocratique et émerger par le bas. La perspective de Dardot et Laval est foncièrement anti-autoritaire et d'inspiration libertaire. En ce sens, le commun s'oppose aux communismes d'Etat et à la propriété étatique ou bureaucratique du haut. [...]
[...] Or ces choses sont pour tous et chacun un milieu commun qui produit des conséquences communes. Malgré le fait que le droit assure un droit de propriété, tout est en fait partagé. Le fait de rouler avec sa voiture entraîne une pollution qui entraîne des conséquences pour tout le monde. Les choses et l'usage absolu et exclusif que nous en faisons ne sont pas séparés du monde social et de la nature. Pour Crétois, il faut donc venir à penser : que la propriété apparaît de moins en moins comme un droit fondamental mais de plus en plus comme un ensemble de règles secondaires permettant la réalisation d'autres valeurs plus essentielles qui garantissent certains rapports de l'être humain lui-même. [...]
[...] Le bien commun serait l'idéal du commun, de la vie en commun, de l'action politique en commun, en communauté. L'idée de commun traverse d'une certaine manière toute l'histoire des idées, elle permet de produire de nombreuses conceptualisations, en théologie, philosophie, sociologie, etc. En partant des études sur la communauté ou la communication à la construction d'idéaux politiques comme ceux du communisme, le commun semble être partout, presque auto-référentiel, le commun est commun à tout un ensemble de théorie et pratique, du bien commun de la république, à l'idée d'utilité commune ou de l'avantage commun, en passant par le communautarisme, par l'idée des biens communs, les communaux, les communs de la connaissance, la tragédie des communs ou la tragédie des non-communs, bref, le commun est commun, presque banal, et partant un peu trop confus. [...]
[...] Il y a donc comme l'indique le titre du livre de Crétois, une part commune irréductible dans tout ce qui est caractérisé comme étant une propriété, quelque chose donc de inappropriable. Penser l'inappropriable pour penser le commun Pour Crétois, la propriété privée doit être soumise à d'autres principes et droits qui sont bien plus fondamentaux. Ce qui importe en société, c'est bien moins d'être propriétaire des choses que de pouvoir y accéder de manière égale pour accomplir une vie heureuse et digne. La propriété est au final un rapport social qui passe par les choses. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture