Les sociétés humaines connaissent la violence et pratiquent la guerre depuis leurs origines, et c'est d'ailleurs leur activité la plus constante. Les raisons en sont liées- tous les philosophes et sociologues s'accordent sur ce point- à la nature même et à la « sociabilité de l'être humain ». Pourtant, ces sociétés savent d'expérience le caractère aléatoire et les effets toujours désastreux des conflits. Mais elles ne peuvent s'empêcher d'y recourir pour vider leurs querelles, exprimer leurs divergences, satisfaire leur soif de conquête ou leur désir de vengeance, et- simplement – le plus souvent pour exister ou survivre.
La guerre apparaît effectivement comme la manifestation d'une nécessité ou de pulsions impérieuses et, à cet égard, comme un phénomène inévitable dont il conviendrait dès lors de maîtriser le processus et de limiter l'exercice afin d'en rendre la pratique, sinon acceptable, du moins supportable.
C'est pourquoi à défaut de se trouver en mesure de la supprimer, on n'a cessé, à travers les siècles, de tenter non seulement l'encadrement de la guerre, mais aussi, et surtout, de normaliser, voire de légitimer, en tous cas de justifier l'emploi de la force pour satisfaire ces pulsions sociales et ces volontés de puissance étatiques. De l'Antiquité à aujourd'hui, sous divers prétextes, ont été élaborées successivement des théories de la guerre dite naturelle, puis de la guerre juste de l'empire romain et pendant le moyen âge chrétien, de la guerre juste et nécessaire sous le poids des idéologies totalitaires jusqu'à la doctrine actuelle de la légitime défense.
Dans son ouvrage parut en 1911 et intitulé Le droit de guerre d'après les théologiens et les canonistes du moyen âge, Alfred Vanderpol, fervent catholique et grand humaniste, s'est penché plus particulièrement sur la question de la guerre juste.
Pour se faire, il s'est référé aux doctrines développées par les théologiens et les canonistes.
A travers l'étude ces auteurs, il apparaît que cette notion, bien que consensuelle, a connut une évolution et a été amené à être précisée ; ce qui nous amène à nous demander comment et pourquoi la doctrine de la guerre juste et apparut et quelle a été son évolution dans le temps.
Notre étude portera donc sur la genèse de la doctrine de la guerre de la guerre juste (I), puis sur son évolution dans le temps (II).
[...] L'attitude de l'administration américaine dans le traitement de la crise irakienne est exemplaire à cet égard. Il est vrai que, contre le terrorisme, ses réseaux, ses soutiens, ses bases arrière, dont la menace est permanente et omniprésente, la tentation est forte et apparemment justifiée de faire appel à la légitime défense Il est vrai aussi que ses pratiques détestables incarnent ce que l'humanité peut produire de pire et pourraient incarner le Mal absolu. La guerre contre le terrorisme paraît à première vue comme une lutte nécessaire, légitime et justifiée contre le Mal, et donc comme une juste cause Ce retour à des notions anciennes, fondées sur la religion et tout ce qu'elle peut contenir de subjectif et d'irrationnel, qu'on croyait dépassées par des structures politiques civilisées ne peut qu'entraîner le monde sur une voie sans issue. [...]
[...] On voit alors l'Eglise opposer les chevaliers qui s'enrôlent dans la guerre sainte, et ceux qui se livrent à des guerres fratricides entre chrétiens. Ainsi, est née, la guerre sainte qui fut le support idéologique des pires atrocités, que se soit entre chrétiens et musulmans ou entre factions dissidentes de la même religion. Les croisades ont enferré l'Eglise catholique et l'Eglise musulmane dans l'idée de guerre sainte. Il devenait désormais impossible d'être objectif et encore moins d'être sévère ou intransigeant envers la guerre en général. [...]
[...] Conception reprise par Vittoria : Vittoria démontre [ . ] la légitimité de la guerre offensive, dans laquelle on ne se borne pas à défendre ou à reprendre son bien, mais où l'on cherche à punir une injustice dont on a été victime. De plus Vittoria invoque la notion d'ultime recours. Ce principe d'ultime recours qui se déduit très logiquement de la conviction que la guerre est a priori un mal auquel on ne peut se résoudre sue faute de mieux, est toujours cité comme une condition essentielle à toute légitimation d'un recours aux armes. [...]
[...] De plus cette appréhension de la guerre juste a été reprise par d'autres théologiens ou canonistes qui ont apporté des modifications ou des précisions à cette conception. Donc pour Saint Thomas, pour qu'une guerre soit juste, trois conditions sont nécessaires : une intention droite, une cause juste, et une autorité légitime. En effet, pour lui, la guerre ne peut relever que de la puissance publique sinon elle est un crime, c'est à dire que seule une autorité légitime peut valablement déclarer une guerre. [...]
[...] Commentaire de texte : Le droit de guerre d'après les théologiens et les canonistes du Moyen-Âge, Alfred Vanderpol Introduction Les sociétés humaines connaissent la violence et pratiquent la guerre depuis leurs origines, et c'est d'ailleurs leur activité la plus constante. Les raisons en sont liées- tous les philosophes et sociologues s'accordent sur ce point- à la nature même et à la sociabilité de l'être humain Pourtant, ces sociétés savent d'expérience le caractère aléatoire et les effets toujours désastreux des conflits. [...]
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