Le livre de Christopher Bayly montre que le monde moderne s'est construit de manière beaucoup plus erratique et incertaine que nous n'avons longtemps voulu le croire. Il vient ébranler les récits historiques souvent dominants encore aujourd'hui qui présentent la modernité européenne comme le seul moteur des révolutions économiques et politiques du 19ème siècle.
Avec une grande amplitude spatiale et thématique (politique, philosophique, religieuse), ce livre permet de suivre la naissance du monde moderne dans les différentes régions de la planète, Bayly souligne ainsi de nombreux synchronismes: liens entre périodes de stabilité relative et de crises en divers endroits du monde, interdépendances entre événements lointains, ou bien encore montée en puissance de changements de même nature à différents endroits bien qu'à des moments distincts. Il s'agit non pas, selon l'auteur, de simples analogies, mais de «liens de causes à effets». Il en va ainsi de la «révolution industrieuse», concept emprunté à Jan de Vries, dont il repère des traces depuis le sud de la Chine jusqu'au Massachusetts, de l'essor d'une nouvelle gouvernance, des progrès de la rationalisation ou encore du retour simultané de la foi.
Ainsi faisant, Bayly comble les lacunes de l'histoire telle qu'elle était enseignée ou évoquée, souffrant de plus en plus d'anachronisme. Se plaçant dans une perspective comparatiste, il s'inscrit notamment en faux contre la profession historienne américaine, qu'il juge parfois trop isolationniste .
[...] Présentée ainsi, il semblerait que l'histoire du monde soit plus conjoncturelle que ce qui est communément soutenu. Par cette approche originale, l'auteur cherche donc à expliquer la genèse du monde moderne. Suite aux nombreuses définitions qui ont tour à tour fait sens depuis les années 50, l'auteur ne définit pas la modernité en fonction de critères objectifs - comme les familles mononucléaires, l'industrialisation, les droits politiques, etc. Il ne la dépeint pas non plus en termes empreints d'un relativisme absolu, tels que l'expression de “modernité multiple” qui faisait sens dans les années 80, et qui voyait des types de modernité aussi bien au Sénégal qu'en Occident, à ceci près qu'il s'agissait là de modernités différentes. [...]
[...] Introduction Le choix d'une période allant de 1780 à 1914 est pour l'auteur pertinent pour expliquer, comme le titre l'indique, la naissance du monde moderne. En effet, ce “long XIXème siècle” a vu l'Europe asseoir sa domination sur le reste du monde de manière beaucoup moins évidente que ne l'avancent certaines théories plus eurocentrées. Cette domination vient tout autant du fait que l'Europe présentait certains avantage comparatifs incontestables, que des multiples évènements produits sur l'ensemble du monde. Certains traits ressortent en effet avec force : l'écart n'était pas si grand jusqu'au XVIIIe siècle entre l'Europe et les sociétés qu'elle va dominer. [...]
[...] C. A. Bayly, p.17, l.21 26. Ibid. p l 6. [13]Ibid , p l - 30 Ibid. l Ibid. p.416. [...]
[...] Certains commentateurs ont par exemple soulevé le manque d'allusion aux processus d'indépendance des pays d'Amérique Latine vis à vis de l'Empire espagnol. Or, aucun historien, comme le rappelle Bayly dans le colloque, ne peut tout traiter. C'est donc ici une limite de son travail que de ne pouvoir expliquer chaque pan de la configuration mondiale. Conclusion L'ouvrage de C. A. Bayly reste un ouvrage intéressant en ce qu'il offre de nouvelles perspectives, permettant de comprendre pourquoi le monde est monde. [...]
[...] Il ne faut pas «réorienter l'histoire du monde», écrit Bayly, mais la «décentraliser»[8]. Non seulement Bayly développe une manière originale de contextualiser la genèse du monde moderne, et d'expliquer la mondialisation, mais en plus, il introduit de nouveaux facteurs dans l'analyse, différents de ceux qui ont longtemps fait autorité, à savoir principalement la mise en avant du facteur économique. II - Une approche historiographique nouvelle quant à la naissance du monde moderne En plus d'apporter des évènements souvent passés sous silence parce que leur impact aura été minimisé, Bayly introduit de nouveaux facteurs explicatifs, prenant à contrepied les auteurs marxistes, et d'une manière générale ceux qui privilégient une approche monocausale Il développe notamment un concept intéressant à partir de cette optique, celui de l'uniformisation, qu'il inscrit dans le temps long, ce qui en fait un historien proche de l'école des Annales sous certains aspects A - Le rejet de l'histoire marxisante de la construction du monde: nouveaux facteurs, nouvelles explications Bayly ne semble pas convaincu par les interprétations monocausales de l'histoire. [...]
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