Le texte étudié est le paragraphe 74 des Caractères de la Bruyère : De la cour. Il s'agit d'un texte qui parle d'une tribu lointaine, en nous la décrivant à l'aide de ses mœurs. Ceux-ci semblent d'ailleurs assez étonnants. Mais le lecteur se rend compte assez vite qu'il s'agit en fait d'une description de Versailles, et que le texte est chargé d'ironie.
Nous verrons donc dans une première partie comment la narration semble venir d'un regard étranger à ce qui est décrit. Puis dans une deuxième partie, nous montrerons que cette position est feinte, et utilisée à des fins satiriques.
[...] Les hommes se cachent sous de longues perruques. Les vieux sont décrits comme usurpant les qualités des jeunes, et les jeunes tombent dans la débauche. Quant à la religion, elle perd tout son sens à la fin du texte. Dans une phrase qui simule la subordination, on se rend compte que les hommes tournent le dos à l'autel pour mieux regarder leur prince. On suppose qu'il s'agit des courtisans, prêt à tout pour obtenir les faveurs du prince, même à se détourner de leur dieu. [...]
[...] D'ailleurs, d'après Sartre, l'ironie est une méthode transparente aux choses et opaque aux significations Dans ce texte, si l'on s'arrête à ce qui est dit sans chercher plus loin, on ne perçoit pas la signification réelle du texte. A ce sujet, on peut donc relever un certain nombre de périphrases : une épaisseur de cheveux étrangers pour désigner une perruque, un temple pour parler d'une église. Le texte est parcouru de discours oblique, c'est-à-dire d'ironie. Le narrateur se sert de la métonymie pour l'insérer dans le texte. Il y a en effet un jeu sur le rapport signifiant/ signifié. On assiste donc à une véritable satire. Le narrateur critique la cour, la royauté à travers ses mœurs. [...]
[...] L'expression est très floue. Lorsque le narrateur révèle enfin le nom de cette région, un triple astérisque remplace le mot. Le narrateur semble vouloir conserver cette incertitude pour garder le caractère énigmatique de cette contrée lointaine. Malgré les détails fournis, le lecteur, s'il se limite à ce qui est dit, ne peut conclure sur l'identité du pays. Le narrateur fait une conglobation : il présente avec de nombreux détails un tableau complet, mais on ne connaît jamais le sujet du tableau. [...]
[...] Il semble décrire ce qu'il voit sans donner son opinion. Le narrateur nous offre donc un portrait très détaillé, mais en même temps, il ne semble décrire que certains aspects du pays. Il ne précise pas, par exemple, le pays dont il parle, qui est essentiel. On peut alors employer le terme d'hypotypose. Il s'agit d'une description dans laquelle le narrateur sélectionne une partie des informations sur un thème traité ans dire de quoi il s'agit, sans donner le sujet global du discours. [...]
[...] On peut voir que le narrateur ne parle pas d'une personne en particulier, mais de la population dans son ensemble : les femmes les gens du pays les vieillards Ce procédé permet de montrer qu'il ne s'agit pas d'une anecdote, mais plutôt d'une observation globale. Ce texte apparaît alors comme une étude scientifique d'une population fournie par un ethnologue. Cependant, en observant de plus près, on peut se rendre compte que le narrateur, derrière le regard naïf qu'il semble porter à ce qu'il décrit, utilise l'ironie tout au long de son texte. En effet, en regardant de plus près le texte, on peut se rendre compte de certains détails qui ont toute leur importance. [...]
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