institutions publiques, Moyen-Orient, géopolitique, État-Nation, EI Etat Islamique, Empire Ottoman, droits fiscaux, service militaire, califat, imposition des terres agricoles, propriété du sol, centralisation, propriété foncière de l'État, protectorat, Printemps arabe, démocratisation, lutte contre le terrorisme, décolonisation, Al-Qaïda
L'analyse de la faiblesse des États au Moyen-Orient occupe en continu les politologues pratiquement depuis leur création, sur les ruines de l'Empire ottoman et après l'échec des colonisations européennes. Le constat général est celui d'« États faibles » (L. Anderson, ‘The State in the Middle East and North Africa', 1987, Comparative Politics), difficilement en mesure de réellement conserver un monopole de la violence physique légitime sur leur territoire (M. Weber), et pourtant de plus en plus fortement militarisés. La question de l'incurie des États était bien au coeur des révolutions arabes : leurs défauts originels les ont fragilisés au point de remettre en cause de façon radicale les régimes, les institutions, parfois même des frontières dessinées arbitrairement dans le cadre de la colonisation. On pourrait alors s'arrêter là et se contenter d'analyser l'échec progressif d'États construits artificiellement sous l'effet d'interventions et ingérences multiples de divers acteurs extérieurs (Britanniques, Français, Américains et Russes notamment). Néanmoins, le début de l'Histoire de l'État au Moyen-Orient commence bien avant 1922. En effet, les dynamiques de guerre et de monopolisation de la fiscalité dans le cadre de l'extension d'États islamiques impériaux s'engagent, dès le milieu du VIIIe siècle, sur la base d'une culture institutionnelle largement héritée des traditions hellénistes. Ces processus favorisent largement la construction d'États autoritaires relativement centralisés ne permettant pas les dynamiques de patrimonialisations des fiefs à l'oeuvre sous l'Europe occidentale médiévale.
[...] Les communautés qui ont adopté l'agriculture néolithique plus tôt que les autres ont des institutions plus faibles et des économies relativement moins performantes aujourd'hui parce qu'elles ont eu tendance à développer des sociétés autocratiques imprégnées d'inégalité sociale et de recherche de rente omniprésente. L'existence de vastes zones à faible productivité agricole déserts), à côté de ces régions à fort excédent agricole. L'existence d'une périphérie désertique a créé pour les centres agricoles et les villes du Moyen-Orient un potentiel constant de désordre social. Le pillage des populations sédentaires constituait la principale ressource économique des groupes nomades (les bédouins par exemple). [...]
[...] Ainsi, comment appréhender les construction et déconstruction des institutions publiques au Moyen-Orient depuis le VIIIe siècle ? L'État au Moyen-Orient avant l'État-Nation : des capacités fiscales et bureaucratiques précoces ayant permis l'émergence de formes institutionnelles sophistiquées Un développement précoce de l'« État » : appréhender les caractéristiques de la géographie politique au Moyen-Orient Deux caractéristiques principales (L. Blaydes « State Building in the Middle East » Annual Review of Political Science) : Propension à la culture agricole (en particulier dans les bassins fluviaux fertiles d'Égypte et de Mésopotamie) qui favorise la transition historique précoce du Moyen-Orient vers l'agriculture sédentaire. [...]
[...] États arabes en crise entre logiques de division et sociétés civiles, 2016). [...]
[...] C'est dans l'entre-deux-guerres que les différents États élaborent une large part de leurs institutions nationales, dans un contexte de violence politique et de revendications nationalistes. Les différents États s'engagent alors dans des chemins très différents. En rupture déclarée avec l'Empire, le nouvel État turc, dirigé d'une main de fer par Mustafa Kemal, devient une République à vocation laïque, dans l'esprit d'une modernisation autoritaire et d'un alignement sur l'Occident (même processus en Iran). Au contraire, le souverain Ibn Saoud, tenant un discours inspiré du wahhabisme, reste fidèle à un discours fondamentaliste fondé sur une interprétation étroite de l'islam rejetant l'imitation servile de l'Occident. [...]
[...] Pourtant, ces caractéristiques institutionnelles ne semblaient pas créer les conditions d'un développement économique robuste. La propriété foncière prédominante de l'État peut avoir entravé l'investissement productif et le rôle relativement important joué par les élites religieuses a pu nuire à l'innovation scientifique et décourager la culture du capital humain (L. Blaydes, E. Chaney, « Political economy legacy of institutions from the classical period of Islam » New Palgrave Dictionary of Economics). Finalement, le Moyen-Orient a commencé à se laisser distancer par l'Europe occidentale en termes de développement économique se traduisant par une faiblesse politique. [...]
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