La colonisation : stade suprême du nationalisme?

Résumé du document

L'adoption le 23 février 2005 par le Parlement français de la loi reconnaissant le rôle positif de la colonisation réveilla le débat de la 2 eme moitié du 19 eme siècle: L'objectif de la colonisation est-il réellement humanitaire? Au moins; en fut-il l'une des justifications, prouvant en corollaire le fondement de la colonisation : le nationalisme ou pourquoi ma patrie, la meilleure de toutes, doit coloniser?
Néanmoins, la cause la plus souvent avancée fut d'abord l'économie, dans une Europe en pleine expansion industrielle. Les failles de cette argumentation ,à l'image de la colonisation à tout prix de territoires ne possédant ni ressources naturelles,ni débouchés démontre que s'il fut pour certaines terres une motivation,il n'explique en rien la "course au clocher",des années 1870 jusqu'à la fin des années 1890 pour obtenir la main mise territoriale,dans le seul but de nuire aux autres états européens;ni les crises internationales qui s'étendent de la fin des années 1890 à la veille de la guerre de 1914.Si la colonisation n'est donc pas "le stade suprême du capitalisme",peut être est il celui du nationalisme. Car si l'Europe de la fin du 19 ème siècle connaît l'ère industrielle, c'est aussi les heurts du nationalisme qui la traverse, aussi bien du nationalisme d'un peuple dominé aspirant à l'indépendance et à l'unité politique, que celui d'un État nation, patriote et chauvin, convaincu de sa supériorité et cherchant à s'affirmer par une politique extérieure prestigieuse. Assujettir les peuples dans les domaines politiques, économiques et sociaux culturels, tel fut le moyen trouvé par les pays européens pour valoriser leur nation. Cependant, certains États à la recherche d'un prestige ne se sont jamais lancées dans l'aventure coloniale, à l'image de l'Autriche-Hongrie qui se contenta d'une politique monumentale. Dans ce cas, le nationalisme est t-il inévitablement colonial? La colonisation ne résulte t-elle que d'une volonté de puissance? Bref, quels sont les rapports entre colonisation et nationalisme? Justifiée par une idéologie nationaliste et relayé dans les masses par une propagande active, la colonisation semble être la stade suprême du nationalisme, car celui ci ne se contentant plus du vieux continent, sort des frontières comme si l'Europe avait dessiné des états- nations trop morcelés pour assouvir leurs volontés de puissance (I). Pourtant l'hétérogénéité des courants nationalistes ne permet pas d'affirmer que le nationalisme est obligatoirement colonial (II).

Extraits

[...] Par conséquent, la colonisation ne peut pas être réduit au stade suprême du nationalisme, pour l'unique raison qu'il s'exporte hors des frontières européennes, car comme le dit P. Renai "le choc des nationalismes en Europe relègue les questions qui relèvent de l'impérialisme hors d'Europe, notamment en Afrique au second plan." Souvent en crises, quelquefois au bord du conflit, mais jamais en guerre, le nationalisme européen a d'une certaine manière était contenu, voire apaisé dans la colonisation. Cependant, les systèmes d'alliance, tel que l'Entente cordiale, créés pour des préoccupations coloniales vont contribuer à dessiner "des camps " européens. [...]

[...] À plusieurs reprises, les nationalismes exacerbés faillirent déclencher la guerre. Fachoda en 1898 et les deux crises marocaines de 1905 et 1911 constituèrent les plus grandes menaces. La France, après la perte de sa domination sur l'Égypte à la suite de la vente d'actions du Canal de Suez aux Anglais n'a pas renoncé à dominer la vallée du Nil et envoie un corps expéditionnaire, dirigé par le général Marchand depuis le Congo afin de conquérir ces terres. Cette conquête est la dernière étape pour magnifier la grandeur de la France puisqu'elle permettra de mettre en oeuvre le projet du chemin de fer reliant l'Ouest à l'Est de L'Afrique (de Dakar à Djibouti), sans jamais quitter le sol français. [...]

[...] Présente dès les origines(pour preuve, le goût du symbole britannique avec le couronnement à Delhi de Victoria impératrice des Indes, en 1877) une véritable éducation coloniale est alors mise en place à partir des années 1890 ,via une propagande nationaliste plus ou moins active.Aucun instrument n'est omis pour éveiller l'orgueil national des populations vis-à-vis de leur empire:Les associations et les ligues colonialistes (la Ligue Coloniale Française,Ligue pour la Fédération Impériale au RU,Deutsch Kolonial Verein) fleurissent et haranguent les foules par la distribution de brochures .La politique n'est pas ménagée puisque toutes les nations possèdent leur parti colonial:En France,le parti colonial d'E. Etienne devient une vraie force parlementaire en 1892 et atteignit jusqu'à 113 députés preuve de l'envoûtement populaire pour ses colonies. L'exotisme est mis à contribution pour attiser la fierté nationale envers sa patrie lointaine. La géographie devient un moyen de faire connaître et aimer les colonies aux métropolitains. [...]

[...] Leroy -Beaulieu avec De la colonisation chez les peuples modernes en 1874, dote la France de cette idéologie basée sur le positivisme. Toutefois, elle n'égale pas le RU dans ses dérives racistes, comme le démontre la hiérarchie des races, écrite par Tylor en 1877 dans La Civilisation Primitive. Hommes politiques et littéraires, tous reprennent le thème de la supériorité raciale. Chamberlain, parle d'une mission du peuple britannique élu par la volonté divine pour civiliser le monde"je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes ( . [...]

[...] Le conflit est de nouveau proche, mais la France finit par céder le 04 novembre 1911 une partie du Congo Français. L'objectif allemand est atteint:prouver qu'elle pouvait rivaliser avec les vieilles nations Européens et qu'elle pesait dans le jeu des puissances. Même si le sens profond de la colonisation est la volonté de puissance d'une nation, les états doivent justifier leur intervention et au grand bonheur des hommes politiques, le "divin" et les scientifiques vont avaliser leur idéologie nationaliste par le thème du génie de la race. [...]