L'une des caractéristiques dominantes de la seconde moitié du XIXème siècle est l'expansion européenne à travers le monde. Le fait n'est pas nouveau : Espagnols et Portugais avaient ouvert la voie en Asie, en Afrique et en Amérique, et ce dès la fin du XVème siècle, bientôt suivis par les Anglais puis les Français.
Mais à la fin du XVIIIème, et au début du XIXème, l'expansion européenne semble non seulement marquer le pas mais reculer. En effet, de nombreuses colonies s'émancipent et gagnent leur indépendance politique, notamment les Etats-Unis. En Europe même, on se met à douter de l'intérêt des colonies de telle sorte qu'on pourrait croire aux prémisses de la fin de l'ère coloniale. En réalité, l'expansion coloniale reprend bel et bien, et prend, à partir de 1880, des dimensions et une vitesse encore jamais atteintes. Pour mesurer l'ampleur de cette expansion, on peut comparer la situation dans les diverses parties du monde en 1878 à celle de 1914 : en 1878, seulement 10% de l'Afrique était colonisé, plus de 90% le sont à la veille de la première guerre mondiale ; pendant la même période, la Polynésie dont la moitié appartenait à l'Europe est passée entièrement sous domination des blancs et les colonies européennes couvrent 56% du territoire asiatique contre 51% en 1878.
On peut dès lors questionner les causes de cet essor : la colonisation est-elle l'expression d'un nationalisme qui pousse les puissances européennes à s'étendre et à dominer le monde ? Ou faut il chercher ailleurs les raisons de la colossale entreprise que constitua, au XIXème siècle, la colonisation ?
Si le nationalisme sous différentes formes apparaît comme un des moteurs de l'entreprise coloniale, on montrera qu'il n'en est pas le seul facteur et que d'autres éléments d'analyse, notamment économiques, doivent se voir accorder une place autrement plus importante.
[...] Ainsi la mission religieuse est souvent un prologue à la colonisation, soit lorsque la nécessité de protéger les missionnaires sert de prétexte à une intervention armée (ainsi pour la France en Indochine ou en Syrie) ou encore parce que les missions sont le point de départ d'une mainmise économique, puis politique. On conçoit alors bien qu'explorateurs et missionnaires ont été les moteurs de la colonisation, sans que le nationalisme ait réellement nourri leur action (sauf à parler d'un nationalisme religieux). Les premiers fondateurs des colonies obéissent en réalité à des motifs très divers et ne donnent aucun sens particulier à leur action. [...]
[...] D'autre part, le discours colonialiste, que l'on a analysé comme relevant du nationalisme, apparaît en grande partie tardivement, comme justification de l'entreprise coloniale. Bien que la distinction soit délicate, il ne faut pas confondre les causes de l'expansion coloniale et les arguments avancés pour la justifier. Enfin, il apparaît que si la colonisation n'est que partiellement imputable au nationalisme, la décolonisation en est souvent l'expression. L'agressivité des grandes puissances est en partie à l'origine des revendications d'indépendance des peuples colonisés qui prennent peu à peu conscience de leur unité et chez lesquelles naît un nationalisme d'un autre ordre. [...]
[...] Bibliographie Le colonialisme 1830- Exposé du cercle Léon Trotski Histoire générale politique et sociale J-L Monneron Les nations de 1850 à 1914 la 1ère guerre mondiale Claude Schaeffer L'expansion coloniale et les rivalités internationales, tomes 1 et Jean Ganiage L'Europe au XIXe siècle. [...]
[...] Il apparaît donc clairement que l'entreprise de la colonisation a été mue un sentiment de supériorité et une volonté agressive d'hégémonie qui s'apparentent au nationalisme. Mais ce nationalisme aurait-il abouti à la construction d'immenses empires coloniaux s'il ne s'était pas accompagné de faits très réels qui ont permis le succès de l'expansion européenne ? Cette supériorité doit alors être fondée pour expliquer la mise en place de l'impérialisme européen. Si on récuse aujourd'hui l'idée d'une supériorité morale de l'Europe, préférant se cacher derrière un certain relativisme culturel après la dénonciation du colonialisme, on peut toutefois mettre en avant d'autres éléments objectifs d'une supériorité européenne au XIXe. [...]
[...] La colonisation est-elle l'expression d'un nationalisme ? L'une des caractéristiques dominantes de la seconde moitié du XIXe siècle est l'expansion européenne à travers le monde. Le fait n'est pas nouveau : Espagnols et Portugais avaient ouvert la voie en Asie, en Afrique et en Amérique, et ce dès la fin du XVe siècle, bientôt suivis par les Anglais puis les Français. Mais à la fin du XVIIIe, et au début du XIXe, l'expansion européenne semble non seulement marquer le pas mais reculer. [...]
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