Difficile d'échapper à une image entachée par la production et le trafic de drogue. C'est le cas de la Colombie qui, depuis une trentaine d'années, est perçue comme le « pays de la drogue » par excellence. Les chiffres semblent corroborer cette idée: la Colombie est à la fois le premier producteur et raffineur mondial de coca, et le premier exportateur de cocaïne. Le problème colombien de la drogue semble donc bien être à ce titre une guerre perdue d'avance: à quoi bon lutter contre le narcotrafic dans un pays où la drogue revêt une importance si considérable? Cette représentation s'accompagne généralement de l'idée selon laquelle le problème de la drogue comporte deux composantes: d'une part, le narcotrafic illégal, et, d'autre part, l'Etat légal qui lutte contre ce commerce. Toutefois, la réalité de la guerre du narcotrafic en Colombie s'avère être complexe et délicate, car il s'agit d'un conflit multiforme, mêlant des questions politiques, économiques, sociales, environnementales, juridiques, géopolitiques, etc. De plus, elle s'inscrit dans le cadre particulier des tensions internes au pays et également dans le cadre de la « croisade » des Etats-Unis contre la drogue, ce qui peut conduire à se demander si le narcotrafic colombien n'est qu'un pion sur l'échiquier géopolitique mondial.
Rappelons brièvement comment la Colombie est devenue la plaque tournante de la drogue, et notamment de la cocaïne (alors que la coca n'est pas à proprement parler une culture traditionnelle du pays). On peut distinguer deux facteurs principaux: un facteur géographique d'une part: la Colombie est un pays andin (donc potentiellement producteur de coca) relativement proche des Etats-Unis; et un facteur lié à la situation interne du pays d'autre part: conflit interne, faiblesse du contrôle territorial de l'Etat, contre-pouvoirs internes et situation socio-économique du pays.
[...] On souhaite ici montrer que les liens étroits qui se sont tissés entre le narcotrafic et différents éléments clés du pays (tels l'économie, la politique, les forces armées, etc) rendent difficile la guerre contre la drogue On va donc s'interroger sur les rapports qu'entretiennent les acteurs de la guerre du narcotrafic avec la Colombie, entendue ici au sens de l'Etat colombien, mais aussi au sens de la société colombienne. Afin de saisir tous les enjeux du sujet, on peut ainsi se poser plusieurs questions: qui sont véritablement les protagonistes de la guerre contre le narcotrafic, et quel rôle joue chacun d'eux? Quels sont les enjeux de cette guerre? [...]
[...] Atelier, Le narcotrafic en Amérique latine et dans les Caraïbes Présentation de la Commission internationale des FARC-EP, San José de Costa Rica, 18-19 juillet 1997. Il n'y a aucun doute que les FARC continuent à être une guérilla ayant des motivations politiques, mais on ne peut pas non plus faire l'impasse sur le fait que les finalités sont inséparables des méthodes utilisées et que ces dernières n'ont cessé de se dégrader. Daniel PÉCAUT, Midiendo Fuerzas Les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, mouvement de guérilla rurale officiellement constitué sous ce nom en 1966, ont connu depuis une quarantaine d'années une expansion principalement liée au contrôle de territoires. [...]
[...] Y hay colaboraciones entre ciertos grupos Bruce Cover, ancien membre de la DEA à Bogotá La médiatisation du narcotrafic colombien est surtout passée par l'image des cartels et des parrains de la drogue. Le cartel de Medellín et son principal parrain, Pablo Escobar et celui de Cali ont été les plus importants de ces organisations mafieuses, jusqu'à être considérés comme des Etats dans l'Etat Avant toute chose, il convient de préciser ce que l'on entend par cartel ce terme étant relativement impropre pour définir véritablement les organisations mafieuses de la drogue en Colombie. [...]
[...] Le Plan Colombie: un tournant dans la stratégie de lutte anti-drogue des Etats-Unis? Dans le cadre de la lutte anti-drogue des Etats-Unis, Washington impose en 1999 le Plan Colombie En pleine période de négociations avec les FARC, le président Andrés Pastrana signe ce Plan Colombie consistant en une aide américaine à la Colombie, aide à la fois logistique et économique: ainsi, il était accordé au président Pastrana une aide de 1,6 milliard de dollars pour consolider les mécanismes démocratiques et lutter contre le narcotrafic Selon la version officielle, le Plan était un véritable programme intégral de développement qui allait favoriser le règlement du conflit interne en résolvant le problème des cultures illicites par des investissements dans les zones concernées et par une relance de l'économie nationale. [...]
[...] Ces groupes sont alors chargés de deux fonctions: lutter contre les groupes insurgés, et protéger les laboratoires des narcos (en particulier dans la région du Magdalena Medio). L'un des exemples les plus frappants des liens entre groupes paramilitaires et narcotrafic est celui du MAS Muerte a Secuestradores un groupe paramilitaire créé en 1981 par et pour des parrains de la drogue, à la suite de l'enlèvement par le M-19 de la soeur des frères Ochoa du cartel de Medellín. Le narcotrafic est ainsi devenu la principale source de financement des groupes paramilitaires, qui participent activement à l'économie de la drogue, tout en bénéficiant d'une forme d'indulgence de la part des pouvoirs publics. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture