En 1996, le clonage de la brebis Dolly a mis en avant l'éventualité du clonage humain entraînant des réactions politiques nombreuses allant même jusqu'aux sphères de l'exécutif avec des discours du Président des États-Unis et du Président de la République française. Le clonage, mode de reproduction permettant la copie d'une cellule ou d'un individu à partir de son ADN, dépasse ainsi d'emblée le cadre du scientifique pour devenir une question politique.
En effet, le clonage bouleverse les conceptions et représentations « naturelles » liées à la procréation, à la filiation, à l'identité en soulevant le problème de la dignité humaine. Il fait l'objet d'intérêts économiques divers, mobilise un ensemble de discours différents dans le champ de l'argumentation et donc divise la société devenant par la même un problème que le politique est amené à résoudre.
Ainsi le politique, tant au niveau national qu'international, s'est saisi de cette question et notamment par des déclarations (ONU, 8 mars 2005), des conventions, la mise en place de comités d'éthique, la création d'une législation comme les lois de bioéthique en 1994 en France (révisées en 2004).
Toutefois, la place à accorder au clonage dans le débat politique et la légitimité d'une législation en la matière restent discutées. Nombreux sont ceux qui estiment que ce problème est biaisé par de « fausses problématiques », des schémas d'interprétation infondés, mythiques, qui sont à l'origine des virulentes polémiques autour du clonage en dépit de la raison scientifique. Dès lors, dans quelle mesure le clonage constitue-t-il un problème politique ?
[...] Les recherches dans ce domaine montrent une série d'échecs. De ce fait, nombreux sont ceux qui dénoncent un débat stérile, dans le vide, une morale-fiction qui débouche sur de la politique- fiction III. Une réflexion qui ne saurait être éludée Un débat éthique inévitable Toutefois, l'impossibilité technique justifie-t-elle d'enterrer la réflexion sur le clonage ? Non, dit Ruwen Ogien : Il ne me semble pas qu'une connaissance approfondie de la technologie du clonage reproductif humain soit indispensable pour mener une discussion morale sur ce sujet. [...]
[...] Ces positions semblent inconciliables et font ainsi émerger la nécessité d'une résolution de la part du politique qui assume le rôle d'arbitre. Au nom du principe de respect de la personne humaine, le droit s'est saisi de la question du clonage : aux Etats-Unis il constitue une offense à la dignité humaine de nombreux pays ont déclaré le clonage reproductif crime contre l'humanité Conséquences du clonage et appel à une bioéthique Par ailleurs, la question de son application fait polémique. Les conséquences et dérives éventuelles du clonage sont partout évoquées, craintes et décriées. [...]
[...] Il y a donc toute une symbolique mystique autour du clonage, des représentations sociales, culturelles qui ne relèvent d'aucune vérité scientifique mais qui suffisent à provoquer une intervention du politique et donc à faire du clonage un problème politique. La question du clonage est donc soumise au sens commun, à l'ensemble des représentations collectives au sein de la société. Le discours scientifique vient donc raisonner le débat sur le clonage afin de le replacer dans son contexte habituel : la recherche scientifique. La politique s'est emparée de la question du clonage sur des bases fantasmagoriques. [...]
[...] Si l'on peut minimiser la perception du clonage comme problème politique, on ne peut toutefois pas totalement contester qu'il soit marqué par des dimensions politiques. Et ce notamment du fait des intérêts économiques que cette technique concentre (investissement des laboratoires, instituts . Certains n'hésitent pas même à promouvoir le clonage en raison de la concurrence internationale en matière scientifique vis-à-vis de laquelle on ne saurait prendre de retard. Plus qu'un enjeu politique, le clonage est donc peut-être plutôt un enjeu économique. Bibliographie http://www.raison-publique.fr/Le-Clonage-n-est-pas-un-probleme.html Jacques Testard Le clonage, entre désir d'éternité et réalité technique Raisons politiques 1/2004 (no p. [...]
[...] L'intervention du politique en matière de clonage est due aux craintes morales des citoyens, la biopolitique est le reflet de leurs inquiétudes et de leurs fantasmes les plus courants. C'est ce que critique le philosophe Ruwen Ogien (directeur de recherches en philosophie morale au CNRS). Dans son article Le clonage est-il un problème moral ? il réfute l'idée selon laquelle la déontologie kantienne ou une morale conséquentialiste justifient l'interdiction du clonage et donc une intervention du politique dans ce domaine. [...]
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