Le 10 mai dernier, le Cran a organisé une manifestation dont l'objectif était de commémorer les 160 ans de l'abolition de l'esclavage. Cette visée première a progressivement glissé vers un appel contre le racisme et toutes formes de discriminations. Le trajet se déroulant de la République jusqu‘à la Place de la Bastille, a attiré plusieurs milliers de personnes. Cet afflux a ainsi entraîné un intérêt médiatique très important et nombre de débats houleux.
Beaucoup de manifestants souhaitent aujourd'hui voir la France reconnaître l'esclavage comme crime contre l'Humanité, nombre d'entre eux mettent également l'accent sur les inégalités persistant encore au sein de notre pays. Face à eux s'opposent citoyens et politiques de tout bord, contestant cette notion de repentance jugée illégitime. En ce mois de mai 2008, 160 ans après l'abolition de l'esclavage, les clivages ethniques semblent donc plus que jamais un débat d'actualité.
Les derniers évènements se sont donc traduits par une méfiance et un rejet en constante croissance. Sur ce constat nous avons décidé d'interroger un historien et sociologue parisien sur l'origine de ces clivages. Quels sont-ils ? D'où viennent-ils ?
[...] Les clivages socioprofessionnels ont de tout temps existé et semble aujourd'hui constituer un fait accepté par les citoyens. Malgré les difficultés et les nombreux défauts du système français, les frontières sociales me semblent abstraites. La possibilité de mobilité est encore réelle et permet aujourd'hui relativement bien d'éviter la formation de groupes clos et fermés sur eux-mêmes. De plus, on constate par de nombreux sondages que l'insécurité de l'emploi amène les gens à s'inquiéter pour leur niveau de vie : des Français pensent qu'il pourrait devenir un jour SDF ; 86% des Français pensent que n'importe quelle personne peut devenir pauvre contre 62% en moyenne européenne[2]. [...]
[...] Je ne pense pas que ce soit le cas pour les clivages ethniques, beaucoup plus rigides. Ce clivage me paraît d'autant plus déterminant qu'historiquement, les institutions nationales telles l'école ou l'armée, réussissaient à former les enfants d'immigrés comme les enfants de paysans en de véritables citoyens[3]. On grava les trois principes bien connus de Liberté, Egalité, Fraternité dans la pierre constitutionnelle, le troisième axe est ici le plus important. Référence directe à l'esprit des Lumières, la République n'avait alors pas pour objectif d'éradiquer les différences, mais bien de les remettre à leur place : la seconde. [...]
[...] Avant même d'aborder ce thème des clivages, il convient de rappeler que la priorité première des dirigeants politiques est de maintenir une certaine cohésion sociale. Les inégalités, les divisions mènent si ce n'est à un conflit, à une forme de repli. Il semble ainsi que les clivages ne constituent pas un véritable problème en soi mais bien que ce soient leurs effets qui sont en cause. On observe tout d'abord et il est important de le noter un regain d'intérêt des chercheurs, sociologues et politiques, sur cette question. On s'affronte sur la présence d'une fracture mais aussi sur ses causes. [...]
[...] Clivage ethnique, clivage socioprofessionnel, lequel prédomine aujourd'hui ? Vous êtes un ou une intellectuel parisien et vous êtes interrogé(e) par un hebdomadaire pour une enquête de 8000 signes : Clivage ethnique, clivage socioprofessionnel, lequel prédomine aujourd'hui ? 8547 signes (hors consigne, bibliographie et notes de bas de page) Le 10 mai dernier, le Cran[1] a organisé une manifestation dont l'objectif était de commémorer les 160 ans de l'abolition de l'esclavage. Cette visée première a progressivement glissé vers un appel contre le racisme et toutes formes de discriminations. [...]
[...] D'une manière totalement paradoxale, on constate que ces divisions ethniques ne sont pas une évidence. On ne naît aujourd'hui pas en France avec une conscience noire, arabe ou caucasienne, ces consciences sont construites. Leur reconnaissance passe principalement par des modes communs de consommation (nourriture, musique, cinéma, vêtement). Il s'agit d'un retour vers une culture, parfois même inconnue auparavant, mais qui peut permettre à des individus de se retrouver au sein d'un groupe ou à l'extérieur de celui-ci[5]. Ainsi à partir du moment où l'on crée des catégories ethniques, on renforce le sentiment d'appartenance chez les individus. [...]
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