Classer et comparer les partis politiques européens apparaît comme une tâche particulièrement fastidieuse comme en témoigne l'abondante littérature sur ce thème et les nombreux auteurs s'étant essayés à un classement ou la mise en lumière de clivages (Daniel-Louis Seiler, Maurice Duverger, Bartolini, Lipset, Peter Mair, Rokkan…). Toutes ces réflexions, tous ces travaux (nombreux en ce début de XXIe siècle) sans doute notamment parce que l'intégration européenne et l'émergence de partis européens obligent à trouver une grille de lecture pour comprendre les phénomènes politiques en Europe.
L'idée d'un clivage apparaît dès lors structurante, claire, permettant ainsi à chacun de se positionner. Le clivage droite-gauche, renvoie à une réalité historique : c'est un dualisme aussi ancien que le système représentatif. C'est un clivage qui date de l'aube de la révolution française : les parlementaires favorables au veto royal ayant pris l'habitude de siéger à la droite du roi, sièges les plus honorifiques dans la partie supérieure de la nef de l'église Saint Louis de Versailles où les députés décidèrent de se réunir le 22 juin 1789.
Le clivage droite-gauche prend tout son sens au XXe siècle. Il acquiert le statut de « catégorie de base de la confrontation démocratiques » (Marcel Gauchet) à partir de ce début de siècle, quand les étiquettes parlementaires deviennent de véritables repères et ce, notamment avec les crises politiques qui provoquèrent une polarisation droite/gauche. Ce clivage a donc gagné en importance durant le XXe siècle et s'est largement diffusé en Europe mais aussi en Amérique latine voire au Japon. Il est devenu très structurant du conflit politique.
La première question à se poser est « Qu'est-ce qui distingue la droite de la gauche ? » Maurice Duverger offre un énoncé clair et concis sur cette dualité. Selon lui, s'il n'y a pas toujours eu un dualisme des partis, il y a toujours eu un dualisme des tendances. Il évoque une série d'oppositions qui se superposent : politiques (monarchiques vs. Républicains), sociales (ouvriers vs. Bourgeois) économiques (dirigistes vs. Libéraux), religieuses (cléricaux vs. Laïcs) ou encore diplomatiques (pro-sovétiques vs. Atlantistes).
[...] La sociologie politique accorde également une réalité au dualisme avec une opposition partis ouvriers partis bourgeois ou patrimoniaux Des tentatives de dépassement qui se soldent par des échecs ; un repère clef et stable pour les électeurs Face aux critiques du clivage droite/gauche, notamment de son manichéisme, sont apparues des tentatives de rénovation du dualisme avec l'idée de sauver la dualité en l'amendant. Emergent alors de nouvelles thèses comme la thèse du continuum : il faudrait, selon cette thèse, remplacer la dualité par un axe, un continuum droite-gauche permettant d'établir une gamme de familles politiques ou encore selon la thèse de Jean Blondel, distinguer six familles idéologiques ou enfin la thèse du continuum intuitif (remplacer la dimension droite- gauche par une liste intuitive de partis ou de familles de partis). [...]
[...] Le clivage droite-gauche est-il dépassé en Europe occidentale à la fin du XXe siècle ? On ne peut nier l'importance de la considération du caractère dépassé de ce clivage : parmi les oppositions que l'on vient de citer, beaucoup ne se posent plus à la fin du XXe siècle : il n'y a pour ainsi dire plus de lutte monarchiques/républicains en Europe occidentale, la question prosoviétiques ou atlantistes ne se pose plus et la lutte des classes s'est atténuée. De plus, l'idée que droite ou gauche, c'est toujours la même politique est très répandue dans les opinions publiques européennes alors même que celles-ci acceptent de se situer personnellement selon ce clivage. [...]
[...] D'abord sur l'Europe : en Espagne, Italie, Benelux, Allemagne droite et gauche sont pour ; au Royaume Uni, droite et gauche sont contre et en France, il y a des divisions internes à droite et à gauche. Ensuite, sur la question de la laïcité où en France et en Italie on adopte des attitudes opposées. Et enfin, sur la guerre en Irak : au Royaume-Uni : droite et gauche sont pour ; en Belgique et France : droite et gauche contre. [...]
[...] La solidité du système s'explique par sa souplesse : il s'est adapté aux évolutions des systèmes politiques et des sociétés. Au départ, il traduisait l'opposition entre partisans de la monarchie et ceux de la République, il s'est réorganisé au cours du XIXe siècle autour de la question de la laïcité, autour de la question sociale et autour de l'organisation économique au XXe siècle. Aujourd'hui, ce clivage s'est stabilisé autour de trois oppositions principales. D'abord, autour du conflit économique avec une gauche favorable à l'interventionnisme étatique et une droite au libéralisme économique. [...]
[...] Ces coalitions sont néanmoins souvent hétéroclites et instables, les divergences ne sont pas effacées et il y a persistance du positionnement droite-gauche à l'intérieur de ces gouvernements. II. Un clivage qui reste néanmoins fondateur des démocraties européennes A. La permanence d'une opposition idéologique entre droite et gauche Une vision de la société toujours différente qui permet d'établir un clivage renouvelé La vision de la société des parties comporte une persistance d'influences différentes : malgré la baisse du rôle de l'Eglise, c'est toujours à droite qu'il reste le plus important (cf. gouvernement au Portugal, Italie, Autriche ou opposition en Allemagne et en Espagne). [...]
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