Dès l'introduction, Claude Nicolet nous présente un cadre de réflexion, et montre que la question n'est pas tant de définir formellement ce qu'est une République mais plutôt de tenter de comprendre quelle en est l'acception dans l'histoire, et ce en en étudiant les représentations. Pour appuyer son objectif, il montre à travers quelques notions comment le langage politique peut être polysémique, en fonction des époques, et des représentations qu'on en fait. Il prend l'exemple du mot République chez Montesquieu et chez Rousseau, et l'on s'aperçoit que déjà, à la même époque, des définitions différentes de forment. C'est une raison de plus pour ne pas s'appuyer sur des définitions toutes faites. Enfin, l'auteur définit aussi les bornes de son étude, décidant de la commencer à la Révolution et de l'arrêter à la victoire du Cartel des Gauches en 1924, en plaidant que c'est à cette époque que s'est forgé et enraciné l'idée républicaine en France, entamé notamment par Condorcet en 1792. Il ajoute qu'il exclura de son étude les régimes monarchiques et bonapartistes, puisque ceux-ci ne relèvent pas d'une république.
[...] Et on retrouve l'idée du contrat, qui par sa nature même, implique l'homogénéité entre lien social et lien politique. On y arrive par une soumission volontaire à la loi, qui aboutit à une organisation consensuelle de la collectivité D'autre part, Nicolet cherche à analyser la manière qu'on eue les républicains de gérer la souveraineté populaire. Si en effet, l'idéologie rousseauiste implique une souveraineté nationale, l'expérience a été faite d'une souveraineté aliénée, dans le cas de plébiscites napoléonien par exemple, ou encore despotique, comme avec la terreur. Cependant, l'idéologie républicaine n'existe pas sans le suffrage universel. [...]
[...] Nicolet distingue bien plusieurs étapes dans la Révolution, qui ne sont pas du tout marquée par les mêmes principes. Il y a à la fois les principes libéraux de 1789, mais aussi la Terreur, la Constitution de 1793, le Directoire Autant de pratiques politiques différentes, autant d'idées différentes, d'ailleurs, le régime républicain n'est pas le seul à se réclamer des principes de la Révolution, il y a aussi les libéraux, et dans une certaine mesure, les bonapartistes, avec la célèbre de phrase de Bonaparte La révolution est fixée aux principes qui l'ont commencée, elle est finie Nicolet écrit : La Révolution, c'est d'abord un discours sur la Révolution et on voit donc qu'il faut chercher comment les républicains écrivent la Révolution pour comprendre en quoi ils s'en réclament. [...]
[...] Ainsi, le 2 décembre 1851, on assiste au coup d'Etat de Bonaparte, et à la fin de la République. Ainsi, pour la deuxième fois, la fin de la République est marquée par un coup d'Etat. Nicolet part de ces faits pour montrer que l'histoire a une influence sur l'idée républicaine, qui se trouvera marquée par ces échecs. Pendant le Second Empire, les républicains sont exilés, on connaît le plus célèbre d'entre eux, Victor Hugo, en exil à Guernesey. Ces exils ont pour conséquence de donner une nouvelle dimension à la République : aux principes qui la composaient s'ajoute l'idée qu'elle est nécessaire pour éviter des régimes autoritaires tels que le Second Empire. [...]
[...] D'abord, la revendication d'une science de la politique par les républicains leur interdit toute autorité dogmatique, en effet, le scientisme empirique ne peut qu'empêcher cela, puisque c'est philosophiquement le contraire. D'autre part, Nicolet montre qu'il existe une méfiance des républicains vis-à-vis de l'Histoire. On le voit dans le domaine juridique : on s'oppose totalement à la vision germanique et anglaise du droit comme une sédimentation, et donc opposée à toute codification à la française. L'auteur cite Burke Les constitutions ne se font pas, elles poussent tel est l'idée des antirévolutionnaires, et antirépublicains. [...]
[...] Nicolet montrait que l'histoire a servi de modèle aux Républicains du XIX° siècle, à travers la Révolution, l'épisode de Vichy a apporté quelque chose de nouveau, on a vu alors que la faiblesse du président avait laissé possible une dérive autoritaire et ultra conservatrice. Ainsi prend toute la dimension de la citation de de Gaulle que fait Nicolet un chef sans Etat et un Etat sans chef A travers le présidentialisme, on retrouve une autre question soulevée par Nicolet et qui s'applique bien à la République : l'idée de la souveraineté populaire absolue et avant tout est conservée. [...]
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