Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Éric Besson, vient d'annoncer vouloir «lancer un grand débat [...] sur ce que c'est que d'être Français aujourd'hui». Ce besoin de réfléchir sur ce qui nous rassemble dit tout aussi bien l'attachement et la détermination des Français à définir un sentiment identitaire commun qui puisse renouveler le vivre ensemble que le malaise inhérent à la recherche d'un consensus au sein d'une société multiple à bien des égards.
En effet, les sociétés démocratiques sont aujourd'hui confrontées à une véritable crise ontologique qui nous rappelle la place prééminente qu'a occupée la recherche de l'équilibre entre individualisme, cohésion nationale et libéralisme dans la fondation de nos régimes. On peut en effet faire le constat d'une certaine confusion entre les notions de citoyenneté et de nationalité qui témoigne de la difficulté d'établir une distinction solide qui puisse permettre le passage d'une citoyenneté affirmée comme universelle à la définition d'une identité propre par l'appartenance à une Nation.
[...] Au-delà de la citoyenneté, il y a donc la nécessité de lʼexistence dʼune société civile constituée en Nation. > La citoyenneté a dʼabord été envisagée comme nationale. Mais la construction européenne a fait voler en éclat cette conception en mettant au goût du jour lʼidée dʼune citoyenneté européenne, sanctionnée par le droit de vote pour lʼélection du Parlement européen. Dʼoù lʼidée que la citoyenneté repose avant tout sur des principes universels : existence de lʼÉtat de droit, droits de lʼHomme . [...]
[...] LA CITOYENNETÉ SʼEST ANCRÉE DANS NOS DÉMOCRATIES : ELLE EN EST DEVENUE UN TRAIT FONDAMENTAL MAIS ELLE NE SUFFIT PLUS 1. PARCE QUʼELLE EST AU COEUR DE LA LÉGITIMITÉ POLITIQUE, LA CITOYENNETÉ EST DEVENUE UNE COMPOSANTE ÉVIDENTE DE LA VIE DÉMOCRATIQUE > Le citoyen est un être profondément libéral, au sens où il jouit de nombreux droits et libertés. Mais il est également à la source de la souveraineté politique au travers des élections et des décisions que prennent ses représentants. [...]
[...] Mais en aucun cas ce nʼest un objectif unique et partagé. Il existe donc des situations multiples et complexes qui contribuent à la difficulté de définir lʼappartenance à une Nation. > Cependant, les individus appartenant à la même Nation partagent des droits et des devoirs qui procèdent de valeurs et de normes communes. Au nom de lʼindivisibilité de la Nation, il devient difficile dʼaffirmer de nouvelles pratiques culturelles ou sociétales sans quʼil existe de consensus. Cʼest la raison pour laquelle la nationalité peut être vue comme une acception faible de la citoyenneté, dʼoù la difficulté à distinguer les deux notions. [...]
[...] Cʼest à ce titre que la nationalité est aujourdʼhui un repère aussi incontournable que la citoyenneté dans la vie politique et sociale des régimes démocratiques. On ne peut donc pas affirmer que lʼune ou lʼautre des notions ait pris le pas sur lʼautre parce que les recoupements sont nombreux et que, de plus en plus, les individus sʼaffirment aussi bien au sein dʼun contexte global quʼau travers dʼune identité plus spécifique. La prédominance de la vie économique, la mondialisation et lʼintégration européenne ont commandé une affirmation forte de la citoyenneté aussi bien quʼune redéfinition de la communauté nationale. [...]
[...] Alors que lʼon tend à universaliser la citoyenneté, on est donc de plus en plus confronté à une volonté dʼunification du sentiment national. Il existe par conséquent un double mouvement qui fait apparaître un paradoxe dʼéchelle : on voudrait parvenir à une nationalité mieux «Citoyenneté et nationalité» partagée alors même que lʼon cherche à en individualiser le contenu pour mieux répondre aux défis de lʼère moderne. II.DANS CE CONTEXTE, LA NATIONALITÉ SʼEST IMPOSÉE AVEC FORCE COMME UNE FAÇON NOUVELLE DE DÉFINIR DES VALEURS COMMUNES 1. [...]
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