La citoyenneté connait aujourd'hui un mouvement d'extension : dans la droite lignée de celui que connait la démocratie, elle vise à être étendue, au sein de l'État, à de nombreuses sphères desquelles elle était a priori étrangère. Ainsi, l'insertion de processus démocratiques au sein de la famille, des entreprises ou de l'école permet l'émergence de nouvelles catégories de « citoyens ». Au-delà même du domaine politique, la citoyenneté est érigée en comportement de référence à adopter dans les domaines les plus divers : environnementaux, routiers et même fiscaux. On assiste alors à un glissement de la notion de citoyenneté, qui devient synonyme de « bonne conduite ».
Mais surtout, la citoyenneté cesse d'être nationale : dans un monde où l'économie est globalisée, où les rapports sont internationalisés et les politiques harmonisées entre États, la création de structures régionales oblige les autorités à multiplier les institutions multinationales, dont chaque citoyen d'un État membre deviendrait en quelque sorte membre de droit. Face à cette dynamique, une inquiétude apparait : à force d'extension et de généralisation, la citoyenneté ne devient-elle pas aujourd'hui une notion vidée de son sens ? Il semblerait que, par souci de réguler tous les domaines, et à toutes les échelles, elle se soit elle-même ignorée, du moins dans ce qui faisait sa singularité. Ainsi, peut-on encore considérer que la citoyenneté première, originaire, telle qu'elle nous est héritée de l'Histoire, a encore un avenir ?
[...] Dans tous les cas, il faut bien se garder de glisser vers un citoyen consommateur qui attendrait tout sans rien fournir en retour : la citoyenneté pour tous a été acquise au prix d'un long combat et, si elle traverse actuellement une crise, il convient de garder à l'esprit qu'elle constitue l'un des attributs les plus précieux des individus, celui qui leur permet d'être acteurs, au quotidien, de leur Gouvernement. Crise d'identité ou pas, plébiscitée ou désaffectionnée, freinée ou étendue, elle reste l'une des traditions du passé et l'un des enjeux de l'avenir de l'Homme dans l'accomplissement de sa liberté individuelle. Bibliographie indicative Être français aujourd'hui et demain France. [...]
[...] Il en ressort une critique qui a longtemps prévalu dans les civilisations, celle d'une citoyenneté limitée, que ce soit au regard de la fortune ou du sexe. Le suffrage n'est devenu universel en France qu'en 1848 : alors que Louis-Philippe d'Orléans s'y était opposé, une insurrection parisienne va aboutir à la naissance d'un Gouvernement provisoire qui proclamera la République, sous réserve de ratification de son choix par le peuple, qui sera alors pleinement consulté. Les textes du 5 et 8 mars 1848 permettent à tout français âgé de 21 ans au moins de voter, sous certaines conditions de résidence. [...]
[...] Peut-on pour autant parler d'une citoyenneté européenne ? S'il est certain que l'exercice de prérogatives traditionnellement associées à la qualité de citoyens, telles que l'élection de représentant chargés d'établir la norme, il n'en reste pas moins que l'imbrication avec l'idée de nationalité persiste. Le rejet du projet établissant une Constitution pour l'Europe témoigne de l'attachement de chaque national à sa patrie Ce n'est d'ailleurs que parce que certains symboles, tels que le fait de remplacer les règlements par des lois européennes, ou encore l'instauration d'un hymne européen, ont été retirés du Traité de Lisbonne que celui-ci a pu être accepté. [...]
[...] Au vu de tout ceci, il apparait que les contours de la citoyenneté sont intrinsèquement liés à l'appartenance à cette organisation, que d'aucuns qualifieraient d'appartenance nationale Il en résulte un certain nombre de conséquences sur les effets à l'égard du citoyen, en termes de droits et de devoirs La citoyenneté, une notion aux contours teintés d'appartenance nationale Evoquer le concept de Nation, c'est sans nul doute se heurter à des querelles doctrinales importantes, sources de multiples conflits dans l'Histoire et de distensions à l'heure actuelle. En effet, sous l'Antiquité, le terme, tiré du latin nationis, dérive de nascor, qui signifie naitre, laisse transparaitre l'idée d'un héritage, d'une conception liée à la naissance. Par extension, la qualité de citoyen n'est conférée qu'à celui qui est né dans la Cité, voire, dans des hypothèses plus contraignantes, né de père et de mère autochtones. [...]
[...] A Sparte, la vie du citoyen est marquée par des épreuves rituelles destinées à l'aguerrir tout en lui inculquant la discipline. La France a dans une certaine mesure gardé des vestiges de cet héritage en imposant jusqu'à récemment le service militaire. Aujourd'hui aboli, il marque le déclin de nombreux symboles attachés autrefois à l'idée de citoyenneté. Ce mouvement de désaffection résulte en fait d'un paradoxe : alors que la citoyenneté tend à être entendue de plus en plus largement, au-delà des frontières nationales et des domaines du politique, elle est de moins en moins plébiscitée. [...]
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