L'organisation du pouvoir d'Etat s'organise de façon méthodique et rationnelle afin de préserver l'intérêt collectif. La raison d'Etat représente alors les modalités de pratique rationnelles du gouvernement ayant en vue le bien commun. Or, pour la préservation de ce bien commun, l'Etat pourrait dépasser ses fonctions, aller outre la rationalité commune et le droit, au nom d'un intérêt supérieur. L'Etat serait alors « comme un mauvais perdant qui parfois modifie les règles du jeu ». Le citoyen quant à lui, définit l'individu en tant qu'il est intégré dans le politique, en tant qu'il fait partie de la communauté politique, en décidant des lois et en les appliquant. Le citoyen se trouve donc confronté à la raison d'Etat en tant que celle-ci lui donne les moyens d'organiser le bien commun. Mais le citoyen se trouve aussi devant l'iniquité de la raison d'Etat qui se veut supérieur et est prêt à le sacrifier, au nom de ce même bien commun.
À partir du XVIe siècle, la doctrine de la raison d'Etat a pris une place prépondérante, en tant qu'elle participe à la modernité politique. Dès lors, comment la raison d'Etat a pu s'adapter aux exigences de la souveraineté populaire ?
Nous verrons ainsi que la recherche d'une rationalité propre au politique s'est construite à partir de Machiavel, mais a dû s'y opposer pour penser la raison d'Etat en prenant en compte la nécessaire préservation des citoyens. En second lieu, nous verrons que la raison d'Etat participe à la modernité politique qui a permis d'objectiviser l'Etat tout en lui donnant pour finalité l'intérêt commun. Enfin, nous analyserons les dangers que représente la « déraison » d'Etat, à savoir l'application déraisonnable de la raison d'Etat, qui se sert de cette doctrine pour sortir du cadre de la légalité.
[...] Le citoyen se trouve donc confronté à la raison d'Etat en tant que celle-ci lui donne les moyens d'organiser le bien commun. Mais le citoyen se trouve aussi devant l'iniquité de la raison d'Etat qui se veut supérieur et est prêt à le sacrifier, au nom de ce même bien commun. À partir du XVIe siècle, la doctrine de la raison d'Etat a pris une place prépondérante, en tant qu'elle participe à la modernité politique. Dès lors, comment la raison d'Etat a pu s'adapter aux exigences de la souveraineté populaire ? [...]
[...] La naissance de la statistique et autres formes de rationalités politiques : la prise en compte du citoyen dans la raison d'Etat Statistique : le souverain méconnaît son royaume = il ne sait pas de qui il est le roi. Au XVIe commence l'étude statistique. Vision erronée de la population : un comptage de 1404 donnait une population de 600 millions d'habitants. Au XVIIIe émerge l'idée d'une administration spécialement chargée des études statistiques et de la récolte de leurs résultats. [...]
[...] Ainsi la raison d'Etat s'accompagne nécessairement d'une rupture dans la compréhension de la souveraineté et dans son origine. Mais l'Etat, en prétextant le motif impérieux de sa survie, peut dans certains cas s'affranchir du cadre strict de la loi, et ainsi laisser le citoyen désemparé face à cette toute puissance de l'Etat. Carl Schmitt disait que celui qui détient la souveraineté est celui qui est capable de faire basculer l'Etat dans un régime d'exception. Si ce sont les citoyens qui sont souverains, alors la raison d'Etat ne peut être invoquée sans leur approbation. [...]
[...] Botero et la pensée antimachévialienne : vers une raison d'Etat au service des citoyens ? À partir de Machiavel, toute une pensée va naître pour théoriser la bonne raison d'Etat, dont le terme va faire son apparition à la fin du XVIe siècle. Pour comprendre l'émergence de la raison d'Etat, il faut noter la distinction que fait Bodin de l'Etat et du Gouvernement dans l'opposition aux monarchomaques et droit de résistance, afin de garantir la survie de l'Etat. Botero 1589 : dans un contexte de tentative d'unification religieuse, Botero va élaborer les principes de conservation de l'Etat. [...]
[...] On passe de l'Etat de police au bio-pouvoir. En ce sens, nous sommes passé d'un pouvoir circulaire, qui tendait à se justifier lui-même, à un pouvoir globalisant qui a pour finalité la protection du bien commun et le bien être du citoyen. Gauchet : raison d'Etat inséparable de l'Etat et de sa modernité. 1er août1589 : assassinat d'Henri III par le moine Jacques Clément. La loi salique fait d'Henri IV le successeur bien qu'Huguenot. Sa conversion permet la continuité de l'Etat. [...]
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