«China's development would be impossible without Asia and Asia's prosperity without China».
Ces mots, prononcés par le président de la République Populaire de Chine en 2002 lors d'une visite en Malaisie, expriment clairement le rapport que la Chine entend désormais entretenir avec le reste du continent Asiatique, celui d'une interdépendance affichée et assumée. Par sa déclaration, Hu Jintao semble balayer l'image d'une Chine désincarnée, isolée sur le plan diplomatique. Cette Chine du passé, c'est celle notamment de l' « Empire du Milieu », par opposition aux « barbares de l'extérieur ». Cette Chine du passé, c'est aussi celle de Mao Zedong, qui, malgré son siège au Conseil de sécurité de l'ONU, malgré une volonté de conduire une politique étrangère cohérente vers le reste du monde, était restée relativement fermée à ses voisins asiatiques, forcée de jouer un second rôle du fait de la puissance de l'Union Soviétique. Depuis les réformes économiques de 1979 menées par Deng Xiaoping, et surtout depuis la chute de l'URSS, la Chine a progressivement pris conscience de la nécessité d'exister en Asie, et même d'exister par l'Asie. Elle a ainsi cherché à relever le défi de l'ouverture Asiatique. Puissance économique désormais incontournable, la Chine souhaite apparaître comme une puissance diplomatique également incontournable en Asie. Lors du XVIème congrès du Parti Communiste Chinois en 2002, les autorités chinoises ont affirmé être pleinement conscientes des nombreux avantages à retirer d'une intégration régionale, et donc de l'activation ou de l'approfondissement de liens avec les Etats asiatiques. Cette nouvelle « diplomatie du pourtour » (« zhoubian waijiao ») correspond à la volonté chinoise de mener une politique extérieure destinée activement vers le reste de l'Asie. Ainsi, la Chine a fait le choix de l'intégration régionale.
Dès lors, il convient de s'interroger sur la nature véritable de cette intégration régionale : quels en sont les enjeux ? Quels intérêts la Chine y trouve-t-elle ? Quelle stratégie sous-tend la formation de ces liens régionaux ? Comment cette intégration régionale se met-elle en place d'année en année ?
Il convient d'analyser d'abord les enjeux relatifs à l'intégration régionale de la Chine (I) avant de se pencher sur les choix chinois quant à la nature et aux méthodes de cette intégration (II)
[...] En effet, la Chine se trouve dans une situation telle qu'elle est contrainte, dans un objectif de stabilité à long terme de son système, d'accompagner son intégration économique d'une intégration politique et diplomatique, et ce en particulier au niveau régional. De plus, par l'intégration régionale, la Chine encadre et encourage son développement économique. Elle entend faire de ses voisins des partenaires de la croissance chinoise, notamment par l'augmentation des échanges et investissements intra asiatique. De même, selon la perspective des Etats asiatiques, l'intégration avec la Chine, puissance inévitable dans le paysage régional, est un moyen, grâce à une coopération active, de faire face au défi chinois et de profiter des opportunités qu'il offre. [...]
[...] Il est également utile de mentionner que la Chine participe en parallèle au régionalisme ouvert de l'APEC, l'Asian-Pacific Economic Cooperation (créé en 1989). Mais cette question ne sera pas abordée ici, en ce qu'elle dépasse le cadre purement continental de cette étude. L'Organisation de Coopération de Shanghai L'Asie centrale constitue une zone essentielle pour la stratégie de sécurité de la République populaire de Chine. Cette stratégie a évolué d'une stratégie d'influence au lendemain de l'indépendance des nouvelles républiques d'Asie centrale jusqu'à la formation de l'Organisation de coopération de Shanghai. [...]
[...] Ainsi, pendant les années 1990, de nombreux traités bilatéraux ont été conclus. Par exemple, entre avril 1996 et octobre 1999, la Chine a passé des accords avec 14 partenaires différents (dont la Russie, le Pakistan, le Japon À titre d'exemple, puisque cette question fondamentale ne sera pas abordée dans la suite de cette réflexion, la Russie a été érigée en 2001 au rang de partenaire stratégique (complémentarité dans les secteurs de l'armement, de l'énergie, dans la lutte contre le fondamentalisme musulman Ouigours en Chine, Tchétchène en Russie ) - Exemples de relations bilatérales Les rapports avec les différents États d'Asie centrale Si l'Asie centrale est une zone remarquée pour l'action multilatérale qu'y mène la Chine (Organisation de coopération de Shanghai), elle est également un terrain important sur lequel ont été tissés des liens bilatéraux. [...]
[...] Dans un premier temps, la Chine et le pays concerné mènent des négociations concernant les litiges frontaliers (terrestres ou maritimes) qui peuvent éventuellement les opposer. Dans un second temps, une coopération bilatérale plus renforcée peut être instituée. Différents degrés d'implication peuvent être relevés, allant du partenariat constructif qui fait acte de lancement de la dynamique de coopération, au partenariat stratégique qui est une forme de coopération plus intense. La Chine a donc signé différents accords bilatéraux avec les États asiatiques, sur la base de ce modèle classique de relations internationales. [...]
[...] Ainsi, la Chine a fait le choix de l'intégration régionale. Dès lors, il convient de s'interroger sur la nature véritable de cette intégration régionale : quels en sont les enjeux ? Quels intérêts la Chine y trouve-t-elle ? Quelle stratégie sous-tend la formation de ces liens régionaux ? Comment cette intégration régionale se met-elle en place d'année en année ? Il convient d'analyser d'abord les enjeux relatifs à l'intégration régionale de la Chine avant de se pencher sur les choix chinois quant à la nature et aux méthodes de cette intégration Les enjeux de l'intégration régionale de la Chine L'intégration régionale chinoise est parfois présentée à tort comme surgissant miraculeusement de la maturité exceptionnelle des troisième et quatrième générations de dirigeants du Parti Communiste chinois (Jiang Zemin, puis Hu Jintao et Wen Jiabao). [...]
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