En 1965, Isaiah BERLIN comparait la recherche sur le populisme à une quête atteinte du « complexe de Cendrillon ». En effet, assurait-il, « Il existe une chaussure - le mot populisme - pour la quelle quelque part il existe un pied. Il y a toute sorte de pieds auxquels elle convient, mais il ne faut pas être pris au piège par ces pieds qui s'adaptent plus ou moins bien ». Ainsi, pour Isaiah BERLIN, il existerait bien un « pur populisme» qui ne demanderait qu'à trouver chaussure à son pied ce qui semble être un des moteurs de la recherche sur le populisme aujourd'hui. Récemment, de nouvelles formes de ce « phénomène » ont effectivement été « classifiées » comme appartenant à la catégorie populisme. Cependant, si le populisme est un concept fort étudié, il demeure à proprement dit « indéfini » et s'apparente ainsi plus à une « nébuleuse » où gravitent diverses interprétations scientifiques, mêlées à celle du sens commun, ce qui n'en facilite pas la définition.
Pour essayer de définir plus précisément le concept de « populisme », il apparaît tout d'abord essentiel de revenir sur ses origines historiques, avant d'aborder le champ d'analyse qu'il couvre - politique, sociologique, économique - Selon Alexandre DORNA, les « populismes fondateurs » sont au nombre de trois : le populisme russe à travers le mouvement des Narodniki au XIX° siècle, le populisme du Midwest américain qu'il date du même siècle, puis le populisme latino-américain de la première moitié du XX siècle auquel nous allons nous intéresser plus particulièrement. Dores et déjà, la diversité du concept tant au niveau spatio-temporel qu'au niveau politique et social et aux formes qu'il adopte nous plonge dans un « flou taxinomique » et nous a conduit à nous interroger sur la probabilité d'une spécificité du populisme latino- américain tant les situations de la Russie tsariste et du populisme du Midwest des Etats-Unis lui sont différentes. Ceci nous conduirait donc, à une reformulation du concept de populisme pour qu'il garde sa [...]
[...] C'est pourquoi ce terme recouvre des réalités différentes qu'il appartient au chercheur de distinguer. Ces deux derniers siècles ont donc vu défiler des épisodes ou formations qualifiées de populistes ou néo- populistes indépendamment des continents, des cultures, de leurs formes d'expression, de leur couleur politique, et des contextes idéologiques et sociaux. La question est donc la suivante : existe-t-il un lien intangible entre ces divers objets ? Le populisme du colonel Júan D. PERÓN est-il comparable à celui de Jean-Marie LE PEN ou de Silvio BERLUSCONI ? [...]
[...] En effet, le risque est de construire une catégorie d'analyse en se basant sur le sens commun alors que les représentations vont forcément continuer à évoluer, ce qui va finir par poser la question de la validité du concept au terme de cette évolution. C'est également à ce problème qu'est confronté l'objet de recherche populisme En effet, si les scientifiques sont d'accord pour dater les origines du populisme au XIX° siècle en Russie et en Amérique, il n'en est rien en ce qui concerne sa nature _nous l'avons vu lorsque nous abordions le thème de sa diversité Ces réflexions nous montrent donc que dans son traitement journalistique et vulgaire dans son acception première[8] l'objet populisme est sujet à la manipulation des médias et donc du sens commun, de certains hommes politiques, et est récupéré par un certain nombre d'entre eux, ce qui est un danger pour le chercheur qui doit veiller à la scientificité de son analyse en utilisant des concepts opérationnels et valides scientifiquement, donc neutres, ce qui est loin d'être le cas pour le populisme. [...]
[...] Le populisme relève donc d'une situation de crise où se concentrent les frustrations antérieurement accumulées. Cependant, à l'issue de ce travail, la question reste posée de ce que recouvre le terme de populisme aujourd'hui. Par exemple, peut-on qualifier Carlos MENEM de populiste comme l'était Juan PERÓN ? Et cela, au même titre que Jean-Marie LE PEN, Bernard TAPIE ou CHÁVEZ ? Il nous apparaît que pour ne pas retomber dans cette surenchère conceptuelle il faille attribuer aux différentes formes de populisme une épithète qui le qualifie mieux. [...]
[...] RAMOS ROLLÓN, Venezuela: rupturas y continuidades del sistema político (1999-2001) Paroles pronocées en 2003 lors d'un meeting par Emilia LUCENA, membre d'un syndicat ouvrier important au Vénézuela, et oratrice du mouvement marxiste militante”, prochaviste. DE IPOLA Emilio, Peronismo y populismo.Una nueva propuesta de interpretación, ICPS, Barcelona Peut-on analyser le chavisme comme une version moderne du populisme mrxŸ«Ð×Ü @ A B O P g CJ aJ mH sH CJ aJ mH sH CJ aJ mH sH jh±U mHnHu h±5?CJ$aJ$mH sH h6h±5?CJ$aJ$mH sH CJ$aJ$mH sH h._^h±5?CJ$alatino- américain? [...]
[...] Pour VILAS, les analystes ont trop tendance à oublier cette importance du contexte, de la structure économique, sociale et politique qui sous-tend l'émergence d'un mouvement ou d'un gouvernement dit populiste. Ainsi, au terme d'une analyse fort intéressante, il montre que le populisme, en tant que pratique politico- idéologique s'inscrit d'abord au sein de la structure économique d'une formation sociale et peut, à partir de cette dernière, parvenir à se projeter dans les superstructures Cette approche originale souligne le souci de précision d'un concept en évolution constante et qu'il convient de redéfinir pour ne pas qu'il devienne scientifiquement inacceptable. [...]
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