«Le premier mouvement prolétarien de masse, politiquement organisé» écrit Lénine à propos du chartisme. Défini ainsi, et au regard des théories marxistes, on perçoit bien le potentiel révolutionnaire du chartisme. Cependant, ne serait-ce qu'au vu de la chronologie, il serait peu exact de voir dans le mouvement chartiste une expression de la révolution prolétarienne au sens théorique.
En effet, le chartisme voit -du moins concrètement- le jour en 1838 avec la rédaction de (la Charte Populaire), the People's Charter, le 8 mai. C'est un mouvement bref, la dernière convention chartiste a lieu en 1858, mais son déclin date de 1848,voire de 1842. Il est le résultat de nombreux facteurs, et notamment de la déception née de l'adoption du Reform Bill de 1832, sur le système électoral, adopté lors du retour des Whigs, qui laisse en marge une part importante de la population – et notamment les masses populaires-, en conservant de nombreux archaïsmes. Il est aussi le fruit de la dureté du monde industriel reflétée par la faim, la prostitution, l'alcoolisme,le suicide et ses griefs se portent notamment sur les Corn Laws, (quotas sur l'importation du blé qui maintiennent les prix du pain élevé,) et sur le Poor Law Amendement Act de 1834. Les Poor Laws constituaient une assistance confiée aux paroisses, qui étaient chargées de donner du travail aux déshérités valides. Jugées trop attrayantes, elles sont réformées, et c'est ainsi qu'apparaissent de nombreuses workhouses,décrites par Dickens, symbole de la misère ouvrière, constituées de manière à «y rendre la vie moins souhaitable que celle des plus malheureux des ouvriers indépendants». Ainsi naît une forme de rancœur à l'égard des Whigs, en qui un certain espoir avait été placé.
[...] La première convention n'avait pas su trouver de représentant ou de responsabilité véritablement effectifs. O'Connor reconnaît la nécessité d'un organe permanent et centralisé , avec un pouvoir exécutif au niveau national , tout en conservant le socle populaire. Cet organe apparaît le 20 juillet 1840 avec la National Charter Association, qui essaye véritablement de réunir et de donner un accès démocratique au mouvement , avec relativement de succès. Je vous indique quelques articles de son règlement " An NCA executive council of seven full time paid members would be responsible for the coordination of the national chartist movement.It was to be elected annually by means of a ballot of all nca members with each county being able to nominate one candidate." " Where possible, members were to be organized locally into classes of ten under a class leader who was responsible for collecting each member's subscription . [...]
[...] Ainsi naît une forme de rancœur à l'égard des Whigs, en qui un certain espoir avait été placé. La Charte en elle-même a des origines anciennes, et ses 6 points constituent le support d'associations radicales avant le chartisme mais elle est rédigée en tant que telle par des membres d'associations de défense des travailleurs et notamment par William Lovett fondateur en 1836 de l'Association des travailleurs londoniens (la LWMA)comprend donc 6 points : 1. suffrage universel pour tous les hommes à partir de 21 ans 2. [...]
[...] Pour d'autres ces années sont importantes dans l'intégration des théories et des pensées socialistes du continent. Avant 48, le chartisme, avec notamment Harney qui rencontre Engels , et Jones , s'imprègne d'internationalisme, de collectivisme ( Landplan, réforme agraire, d'O'Connor) et de l'idéologie socialiste. A la suite de 1848 il adopte, notamment lors de la convention de 1851, un programme aux sonorités socialistes : introduction de la nationalisation des terres au programme. Mais à cette date le chartisme est de plus en plus marginal. [...]
[...] S'y oppose une interprétation marxiste , comme celle de Theodore Rothstein : Il voit dans les chartistes des précurseurs des révolutionnaires russes. " It( son essai) had for its object to acquaint the militant russian working class , then preparing under the leadership of he bolsheviks for armed insurrection , with its great precursor , the English proletariat engaged in a revolutionary struggle indoor the Chartist banner , and at the same time to demonstrate by the example of the contest between "moral" and "physical force" schools of the Chartist movement the futility of the Menshevik policy of compromise and opportunism". [...]
[...] On peut le qualifier de mouvement de transition, entre un radicalisme traditionnel, et l'émergence d'un nouveau prolétariat doté d'une conscience de classe et désireux de mener une révolution contre le capital. Il demeure un symbole de l'opposition ouvrière en Grande-Bretagne. [...]
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