« We demand universal suffrage. We demand ballot. We demand annual Parliaments. We demand that in the future election of members of your Honourable House, the approbation of the constituency shall be the sole qualification; and that to every representative so chosen shall be assigned, out of the public taxes, a fair and adequate remuneration for the time which he is called upon to devote to the public service. » Le texte de la Charte du Peuple rédigé le 8 mai 1838 contient à première vue des demandes exclusivement politiques : il s'agit de démocratiser le scrutin qui continue au milieu du XIXe siècle d'être le lieu de corruption, de pressions électorales et surtout d'un cens qui bien qu'élargi par la réforme électorale de 1832, prive encore du droit de vote la classe populaire ou ce qui dans l'Angleterre industrialisée constitue principalement la classe ouvrière ou working class.
Cependant pour beaucoup de leaders du mouvement chartiste, le scrutin démocratique est une voie vers l'émancipation sociale, permettant l'accès des travailleurs à une juste représentation de leur classe au Parlement. A Manchester, Rayner Stephens s'exclame : « la question du suffrage universel est un problème de couvert, de pain et de fromage ».
[...] Sur le plan politique, c'est le discours dit de finalty de Lord Russell le 20 novembre 1837 contre le suffrage universel qui fera comprendre aux associations défendant la cause ouvrière la nécessité du suffrage universel. S'il n'est pas socialiste, le Chartisme est indéniablement social. L'union de plusieurs organisations : Le 8 mai 1838 sont rassemblés à Londres 6 membres du Parlement et 6 membres de la London Workers Men Association pour la rédaction de la Charte. Entre le 8 et 15 mai, la décision est prise de s'associer au Birmingham Political Union et de participer au meeting unioniste de Glasgow le 21 mai. [...]
[...] Cependant la dure répression du gouvernement avec l'emprisonnement de plusieurs leaders dont O'Connor et Harney calme les ardeurs des partisans de la physical force Cependant ces craintes semblent plutôt correspondre à un affolement des élites qu'à une véritable volonté de révolution des masses : en effet, à cette époque la classe ouvrière est essentiellement conservatrice et alors qu'elle porte le combat du Chartisme pour le suffrage universel, sa volonté de renverser le système de classe est à minimiser. Cependant afin de convaincre les masses de rejoindre le mouvement, la notion d'émancipation sociale apportée par le suffrage universel est exacerbée. L'influence Oweniste que certains qualifient de socialiste est très présente notamment dans les écrits de Bronterre O'Brien : celui-ci ne veut pas déclarer l'abolition de toute propriété mais plutôt la suppression des inégalités; il ne veut pas le pouvoir absolu du peuple mais une juste représentation de celui-ci. [...]
[...] On observe alors une fracture entre une partie dure du mouvement, dirigé par O'Connor et ses amis du Nord, et une partie plus modérée essentiellement londonienne. Les premiers sont en faveur de la physical force et de tentative de prise de possession de l'appareil de production notamment par des grèves générales, techniques et idées qui semblent préfigurer des futures révolutions socialistes. O'Connor n'hésite pas à employer un vocabulaire de lutte des classes on se sépare alors des Anti-Corn Laws jugés trop proches des capitalistes. [...]
[...] Le Chartisme apparaît alors difficilement comme un mouvement de lutte des classes, et n'exclut pas dans ses formes les plus modérées des alliances avec la middle-class ou la bourgeoisie. B/Le constant combat entre force morale et force physique La voie pétitionnaire : L'aspect socialiste de mouvement est dissimulé derrière les demandes politiques et c'est sur celles-ci seulement que se fonde le texte de la Charte qui présente 6 demandes au Parlement : le suffrage universel masculin pour tous les hommes de plus de 21 ans, le secret du bulletin donc la fin de la corruption et des pressions électorales, l'éligibilité avec pour seule restriction la nécessité de réunir plus de 100 signatures, des élections annuelles pour éviter que les membres du parlement se dissocient de leurs programme, un salaire de 500 livres pour les parlementaires afin de permettre aux travailleurs d'accéder à Westminster et enfin une redistribution de la carte électorale qui réduirait les différences de représentation entre le Sud rural et le Nord industriel à la croissance démographique rapide. [...]
[...] A Manchester, Rayner Stephens s'exclame : la question du suffrage universel est un problème de couvert, de pain et de fromage Héritiers des radicaux du début du siècle, les chartistes peuvent être considérés comme les précurseurs d'un socialisme qui pourtant ne verra jamais ouvertement le jour en Grande-Bretagne. La complexité du chartisme et son instabilité tient à ce qu'il hésite sans cesse sur ses limites; entre simple mouvement démocratique et socialisme. A travers le Chartisme on peut se demander si le réformisme politique peut et doit entraîner une transformation sociale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture