Le post-matérialisme s'inscrit dans la dynamique de changement des valeurs en cours dans les pays européens depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les valeurs désignent les désirs et les préférences individuelles et sociales ; elles ont un caractère normatif. Elles peuvent être latentes, voire inconscientes et ont une portée générale. Ces valeurs sont à l'origine de principes de divisions des comportements politiques : les clivages. Pendant longtemps, trois grandes dimensions de valeurs ayant une influence sur le vote pouvaient être relevées : la dimension religieuse, la dimension économique et sociale et la dimension humaniste et universaliste. Ces trois dimensions structuraient le vote gauche/droite. Cependant, certains auteurs dont Ronald Inglehart ont montré la possibilité de changements de ces structures de clivages liés aux modifications des valeurs liées elles mêmes aux transformations des structures sociales et des modes de participation politique. Les traditionnelles oppositions de classes laisseraient ainsi place à de nouveaux enjeux tels que l'environnement, le temps de travail, la discrimination positive.
En quoi le post-matérialisme a-t-il alors eu des impacts sur les comportements et les attitudes politiques et quelles ont été les réactions à ce nouveau système de valeurs ?
Nous expliquerons dans un premier temps les aspects théoriques et empiriques de la théorie post-matérialiste développée par Inglehart, avant d'examiner les impacts du post-matérialisme et les réactions.
[...] Pour les plus pauvres, les valeurs matérialistes sont encore bien présentes. Cependant, le post-matérialisme, même si cette théorie peut être critiquable, permet de comprendre l'évolution des attitudes politiques vers plus de demande d'autonomie, ainsi que la réaction conservatrice prônant des valeurs inverses dans les années 1980. Bibliographie Ouvrages : -Haudegand Nelly, Lefébure Pierre (dir.), Dictionnaire des questions politiques, Paris, Éditions de l'atelier -Inglehart Ronald, La transition culturelle dans les sociétés industrielles avancées, Paris, Economica -Inglehart Ronald, The silent revolution: changing values and political style among western publics, Princeton University Press -Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La Découverte Articles: -Ignazi Piero, Silent Counter-Revolution. [...]
[...] II/ L'impact du post-matérialisme sur les attitudes politiques A. La révolution silencieuse les nouveaux mouvements sociaux Valeurs et revendications Les valeurs post-matérialistes ont conduit à des modes de participation nouveaux, car les électeurs remettent en cause la médiation traditionnelle des partis et des syndicats. Ainsi apparurent de nouvelles formes contestataires de participation politique. Les Nouveaux Mouvements Sociaux (NMS) émergent dans les années 1960- 1970, ils prennent la forme de mouvements tels que l'écologisme, le féminisme, le consumérisme, les mouvements régionalistes, la contre-culture jeune, les mouvements anti-institutionnels Ils manifestent une défiance envers les formes de centralisation, de délégation de l'autorité et accordent une large place à l'autonomie. [...]
[...] La théorie d'Inglehart sur l'augmentation continue des valeurs post- matérialistes est une preuve des erreurs de perception à ce sujet. En effet, dans les années 1980, les valeurs matérialistes ont pratiquement disparu, pourtant cela ne signifie pas que tous adhèrent aux valeurs post- matérialistes car le spectre de la contre-révolution apparaît. Le mécontentement vis-à-vis des partis politiques est en augmentation, l'optimisme qui avait caractérisé le passage aux valeurs post-matérialistes commence à s'atténuer, et on perçoit de nouvelles attentes de renforcement de l'ordre, de contrôle de l'immigration. On aperçoit là les thèmes centraux des partis d'extrême droite. [...]
[...] En revanche, plus les cohortes sont jeunes plus le niveau de post-matérialisme est élevé. Ainsi les jeunes sont-ils moins disposés à reconnaître l'importance de l'argent que les plus âgés. Et même lorsque les jeunes cohortes vieillissent, elles ne vont pas vers un regain de matérialisme. Cela explique l'augmentation des valeurs post-matérialistes dans la société prise dans son ensemble : les générations les plus âgées disparaissent et sont remplacées par de jeunes générations aux valeurs plus post- matérialistes. Augmentation de l'éducation et de la culture On peut aussi penser que l'évolution de la société vers des valeurs plus post-matérialistes ne s'explique pas seulement par le renouvellement des générations, mais aussi par l'augmentation de l'éducation scolaire et du niveau d'études. [...]
[...] Qu'est-ce que permet d'expliquer le post-matérialisme ? Le post-matérialisme s'inscrit dans la dynamique de changement des valeurs en cours dans les pays européens depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les valeurs désignent les désirs et les préférences individuelles et sociales ; elles ont un caractère normatif. Elles peuvent être latentes, voire inconscientes et ont une portée générale. Ces valeurs sont à l'origine de principes de divisions des comportements politiques : les clivages. Pendant longtemps, trois grandes dimensions de valeurs ayant une influence sur le vote pouvaient être relevées : la dimension religieuse, la dimension économique et sociale et la dimension humaniste et universaliste. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture