Camillo Benzo comte de Cavour et Otto prince de Bismarck sont aujourd'hui les emblèmes de l'unité italienne et allemande. Mais l'action de ces hommes était-elle guidée par leurs principes (convictions) ou bien se contentaient-ils de calculs politiques de court terme selon des situations données, en gestionnaires opportunistes ?
[...] Cavour, tout comme Bismarck, est hostile à tout mouvement révolutionnaire et est un monarchiste convaincu. Cavour a pour priorité l'élargissement du Piémont, mais au-delà, il cultive l'espoir de voir une Italie émancipée du joug autrichien. Malgré tout, Cavour ne sait pas parler le Toscan, devenu par la suite la langue officielle de l'Italie unifiée. Son patriotisme est donc d'abord local puis s'étend à l'idée d'une unité plus large dans un second temps, tout comme Bismarck, a priori. Les historiens allemands se demandent en effet toujours dans le cas de Bismarck s'il se serait contenté d'une Prusse forte dans l'Europe ou s'il a vraiment préféré l'unité allemande. [...]
[...] D'autre part, ce n'est pas l'homme de conviction qui veut instaurer le suffrage universel qui annihilera le pouvoir bourgeois libéral et apportera un état monarchique. Cavour, lui, veut élargir la majorité parlementaire en s'alliant avec le centre gauche de Rattazzi : c'est le connubio Le pays doit donc être fort économiquement. Cavour admet sa dépendance face à l'Europe et s'appuie sur les grandes puissances qui l'entourent pour moderniser et développer toutes les infrastructures nécessaires (rails, ports . ) au Piémont. [...]
[...] Cavour développe là toute son habileté, mais aussi tout son opportunisme dans sa gestion de la conjoncture internationale : il sait qu'il pourra s'appuyer sur l'Angleterre qui n'est pas favorable à la papauté, par exemple. Du côté de Bismarck, l'expression alliances et mésalliances n'aura jamais pris tant de sens : après la révolte polonaise de 1863 Bismarck soutient la Russie pour s'assurer qu'elle ne s'alliera pas avec l'Autriche. En 1864 éclate la guerre des duchés : La Prusse et l'Autriche signent une alliance contre le Danemark. Après la victoire elles se divisent leurs conquêtes (convention de Gastein- 14/08/1865). [...]
[...] Il s'affirme ainsi comme un guerrier, et n'hésite pas à classer les civilisations justifiant en partie son désaccord avec le colonialisme de la Weltpolitik lancée par Guillaume II. L'homme est de même opportuniste quand il s'agit de défendre sa crédibilité, utilisant par exemple en 1866 le fait qu'on lui ait tiré dessus (le 7 mai) pour justifier la légitimité de ses actions. Le trait moral commun à Cavour et Bismarck est l'esprit d'entreprise, qui débouche sur l'innovation économique sociale et institutionnelle pour parvenir à rapprocher et rendre interdépendantes les provinces concernées. Cavour est un homme d'institutions, de parti, attaché aux valeurs et ambitions du libéralisme réformateur . [...]
[...] Est-ce là une preuve d'opportunisme? Les politiques menées par les deux hommes sur le plan intérieur reflètent les divergences idéologiques qu'on leur connaît. Bismarck adopte la realpolitik : il est obligé de créer des compromis avec la bourgeoisie libérale et les paysans bien qu'étant conservateur et protectionniste. Avec le mark, monnaie fédérale en décembre 1871 et le Code civil unifié, il incarne modernité et union durable. Anti-parlementariste confirmé, il revendique pourtant la participation des Allemands au gouvernement pour contrecarrer les rivalités des princes étrangers. [...]
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