Catholicisme, mondes du travail, 1890, 1946, Eglise, religieux
En 1890, le cardinal Lavigerie prononce le Toast d'Alger qui appelle au ralliement des catholiques à la République tandis qu'à Rome le pape commence à rédiger une Encyclique qui met en avant la doctrine sociale de l'Eglise. Ce changement radical montre une volonté de l'Eglise à s'adapter aux mondes du travail profondément transformés au XIXème siècle par la révolution, l'industrialisation et la montée du socialisme. En effet, le catholicisme commence à voir son influence diminuer auprès d'eux. Pourtant, en 1946, dans le contexte de la libération et des grandes réformes, le Mouvement Républicain Populaire –parti appartenant au courant de la démocratie chrétienne, c'est-à-dire mettant en œuvre la doctrine sociale de l'Eglise– arrive en tête dans les élections législatives. Nous pouvons cependant nous demander si c'est réellement le signe de l'adaptation du catholicisme aux mondes du travail et si cette adaptation n'est pas à nuancer selon les catégories de travailleurs. Comment le catholicisme est-il vécu par les mondes du travail dans un contexte de laïcisation ? En réaction à sa perte d'influence, quel nouveau rôle l'Eglise cherche-t-elle à jouer ? Cependant, en quoi la période de 1929-1946 est-elle propice à révéler que la doctrine sociale de l'Eglise porte en germe ses propres obstacles ?
[...] Contrairement au libéralisme, elles ne voient pas la misère de la condition ouvrière comme une fatalité. Elles vont même jusqu'à lui imputer la responsabilité des maux qui accablent la condition ouvrière (à cause du culte du progrès et d'une libre concurrence excessive). Par là, elles s'opposent à un catholicisme libéral qui essaie de concilier catholicisme et libéralisme par la même défiance de l'intervention de l'Etat, sans pour autant partager les thèses économiques du libéralisme. De même, socialisme et marxisme ne sont acceptés car contraire au catholicisme : en effet, les deux écoles du catholicisme social voient en la petite propriété une solution aux problèmes du monde ouvrier. [...]
[...] le terme de chrétien et non de catholique), la CFTC a été soutenue par l'épiscopat à ses débuts. De plus, elle se réclame des valeurs du christianisme car son action vise aussi, à travers l'amélioration des conditions de vie de l'employé/l'ouvrier, à promouvoir une société chrétienne, en corrigeant notamment les excès du libéralisme. Mais son développement est lent. Quant au syndicalisme agricole, c'est la division des structures qui domine. Exception : La rue d'Athènes mais elle ne regroupe que des agrariens et n'est pas vraiment représentative du monde paysan. [...]
[...] Ils ont donc participé à l'élaboration des réformes sociales des mondes du travail. Le programme du MRP le montre. Le succès du MRP. Un programme dans l'air du temps : En effet, c'est un parti né au sortir de la guerre (1944) et qui rencontre un franc succès aux élections législatives de 1945 et 1946 : premier parti de France. D'influence démocrate-chrétienne, il recrute une part de travailleurs très hétérogène (parti interclassiste) : parmi les 204 députés du MRP : 28 agriculteurs artisans entrepreneurs représentants de professions libérales employés fonctionnaires et professeurs et 25 ouvriers. [...]
[...] Les partis de la démocratie-chrétienne participent donc à une intervention plus grande et progressive de l'Etat en faveur du travailleur, dans le premier quart du XXe. Cependant, la démocratie-chrétienne échappe en partie au Saint-Siège à son plus grand mécontentement comme le montre l'encyclique de 1901, Graves de communi re. Cela révèle que la question du catholicisme et des mondes du travail n'est pas uniforme. En effet, les mondes du travail ne sont pas touchés de manière égale par le nouveau rôle de l'Eglise tandis que des dissensions divisent le mouvement catholique. [...]
[...] 3°) Le rôle social de l'Eglise remis en cause La progression du socialisme et du marxisme dans les mondes du travail : Cette influence moindre du catholicisme sur les mondes du travail remet en cause le rôle social de l'Eglise alors que la situation des petits travailleurs (ouvriers notamment) reste préoccupante du fait d'une prolétarisation qui engendre une paupérisation. Le catholicisme laisse donc une place vide qui est peu à peu occupé par le socialisme et le marxisme. C'est d'autant plus grave que le marxisme qui prône la lutte des classes s'oppose à la vision organiciste du corps social du catholicisme. La commune : un divorce consommé entre catholicisme et monde ouvrier : C'est surtout avec le monde ouvrier que le divorce est consommé. [...]
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