« L'identité surgit de la répudiation sélective et de l'assimilation mutuelle des identifications de l'enfance, ainsi que de leur absorption dans une nouvelle configuration qui, à son tour, dépend du processus grâce auquel une société identifie le jeune individu en le reconnaissant comme quelqu'un qui avait à devenir ce qu'il est, et qui, étant ce qu'il est, est considéré comme accepté » : pour l'anthropologue et psychiatre Erik ERIKSON (Adolescence et crise. La quête de l'identité, Paris, Flammarion, 1972), l'identité constitue le sentiment conscient que l'individu a de lui-même mais aussi l'appartenance de l'individu à des groupes sociaux.
[...] Qu'il s'agisse de l'URSS et du Daghestan ou de l'Algérie coloniale, l'Etat moderne se sert de l'outil juridique pour composer et/ou recomposer les identités de sa population. Il donne un sens politique aux identités. En effet, la revendication identitaire passe souvent par une reconstruction ou une conquête de l'Etat (Elizabeth PICARD, Yvon LE BOT, C. JAFFRELOT, Bogumil JEWSIEWICKI, Jean-Charles POCHARD) ne serait-ce que parce que dans les sociétés modernes c'est bien l'Etat qui a vocation à conférer l'identité suprême et à contrôler l'expression publique des autres (H.PERES, J-R. [...]
[...] Toutes ces identités forment une totalité indissociable. Quoiqu'il en soit, l'identité politique est fondée sur le réel et n'intervient que dans l'interaction de l'individu avec les Autres. La formation de l'identité politique nécessite la participation de l'individu, en l'occurrence, à une activité politique, que ce soit en tant que citoyen, militant ou homme politique. Elle se manifeste par une action orientée vers l'extérieur. L'adaptation vise à maximiser l'efficacité de cette action sur le champ social, et pour cela, l'individu doit en accepter les limites. [...]
[...] Les recherches de Christophe JAFFRELOT sur l'identité nationaliste hindoue illustrent ce processus d'invention d'une tradition politique. Le nationalisme hindou repose sur une réinterprétation des mythes inscrite dans le cadre d'une stratégie, qualifiée de syncrétisme stratégique visant à résister à l'agresseur ou au dominant venu de l'extérieur. Ce mimétisme culturel consiste à feindre de retrouver dans la culture indigène ancienne des traits de l'Autre de manière à rehausser le prestige de sa propre culture. Une identité nationale est ainsi élaborée à travers un processus d'assimilation de valeurs propres à l'Occident chrétien et à l'Islam, identité peu fidèle aux valeurs traditionnelles que sont le polythéisme, la tolérance religieuse, la hiérarchie et l'absence de clergé. [...]
[...] KASTORYANO, si l'Etat crée la communauté il ne contrôle pas toujours sa substance Si le discours identitaire structure les identités individuelles et collectives, les acteurs sociaux conservent une marge de liberté en ayant (dans certains cas) la faculté de procéder à un choix d'identité (D-C. MARTIN). II. La liberté du choix d'identité Si notre identité est déterminée par le contexte social, historique, culturel, idéologique dans lequel on naît, grandit et évolue, il est parfois possible de choisir parmi la diversité d'identités qui s'offrent à nous (c'est le cas tout au moins dans les démocraties pluralistes). [...]
[...] Si l'Etat structure les identités, le récit identitaire (D-C. MARTIN) reste une formulation d'affects, de représentations et de catégories de pensée. Les proclamations identitaires sont employées par les administrations centrales ou les collectivités locales en soutien des politiques publiques. Ainsi, l'Etat construit et recompose les identités par des efforts de mobilisation ce qui provoque des identités politisées et donc participe à une crise de l'Etat lui-même. La dynamique des relations entre groupes sociaux et pouvoir politique contribue à définir le contenu des identités collectives. [...]
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