Qui donc aurait intérêt à alimenter l'existence de ce mythe? Pourquoi, s'il a été prouvé par les chercheurs que les cartels de la drogue ne correspondent en aucun point à la réalité, continue-t-on d'utiliser cette expression? Bref, à qui profite le mythe?
Cette expression a été reprise par les diplomates, les politiciens et les journalistes qui en ont fait fortune. En effet, parmi les chercheurs que nous avons étudié au cours de ce travail, il existe un consensus autour de cette question. Cette formule choque s'est rapidement imposé dans la presse (Atehortua Cruz 2006), puisqu'elle permet de vendre du papier. Fort de ce succès médiatique, la «profusion de cartels» est alors largement décrite également par les politiciens et leurs experts gouvernementaux (Aureano 2007). Par ailleurs, l'évocation des cartels de la drogue alimente les craintes suscitées par le crime transnational, qui infiltrerait les démocraties occidentales, déstabiliserait les pays en développement et gangrènerait la finance mondiale (Aureano 2007). L'ensemble de ces amalgames a permis de leurrer l'opinion ; que ce soit dans les pays industrialisés ou non, «l'implantation massive» de cartels sert à nourrir des préjugés à l'endroit des minorités ethniques (Aureano 2007). Ainsi, la lutte contre la drogue permet aux autorités militaires et policières d'accroitre leurs prérogatives (et donc d'empiéter sur les droits individuels et fondamentaux), et d'exercer un contrôle accru sur certaines parties de la population, qualifiées de subversives. En outre, elles peuvent ainsi bénéficier de budgets plus conséquents et obtenir l'aide logistique et militaire de la communauté internationale.
[...] Ces cartels «s'appuyaient sur une multiplicité de partenaires relativement autonomes». Sans compter que ces groupes n'ont généralement assise territoriale stable, ni structure organisationnelle permanente, ni stratégie d'influence précise». On note donc une fragmentation au sein de ces organisations de la drogue que l'utilisation du terme cartel tend à faire oublier (Pécaut 2000, 77-79). Un autre point dénoncé par les chercheurs, qui ne permet pas de qualifier les groupes de narcotrafiquants de cartel, c'est le recours à la violence qui de facto, ne renvoie pas à l'image d'entreprise auquel fait référence ce mot. [...]
[...] Longtemps les élites colombiennes considéraient le trafic de drogues comme faisant partie du paysage habituel. En effet, pendant des années, l'économie de la drogue s'est développé en Colombie sans que cela ne suscite aucune inquiétude. C'était une économie informelle parmi d'autres, tolérée. Les ÉtatsUnis vont alors exercer des pressions sur le gouvernement Julio Cesar Turbay afin que ce dernier se saisisse du problème et y fasse face (Pécaut 1991, 2). Depuis, il était question que l'État colombien retrouve une certaine autorité. [...]
[...] Cette formule choque s'est rapidement imposé dans la presse (Atehortua Cruz 2006, puisqu'elle permet de vendre du papier. Fort de ce succès médiatique, la «profusion de cartels» est alors largement décrite également par les politiciens et leurs experts gouvernementaux (Aureano 2007, 8). Par ailleurs, l'évocation des cartels de la drogue alimente les craintes suscitées par le crime transnational, qui infiltrerait les démocraties occidentales, déstabiliserait les pays en développement et gangrènerait la finance mondiale (Aureano 2007, 11). L'ensemble de ces amalgames a permis de leurrer l'opinion ; que ce soit dans les pays industrialisés ou non, «l'implantation massive» de cartels sert à nourrir des préjugés à l'endroit des minorités ethniques (Aureano 2007, 11). [...]
[...] Conclusion Les cartels colombiens de la drogue entretiennent davantage l'image d'Épinal plutôt qu'une réalité avérée. Un grand nombre de journalistes, hommes politiques et même chercheurs ont succombé au plaisir facile de faire appel au processus de validation mutuelle. Ce processus de référence circulaire veut nous faire croire que quand un certain nombre d'individus commence à répéter une information, on fini par la croire sans confirmer ou infirmer cette dernière. Ainsi, on annule la nécessité de vérifier (Cours 5 du POL3914-UdeM). [...]
[...] Les cartels étant 5 en réalité une multitude de narcotrafiquants dont l'organisation semble éclatée, usant de la violence pour préserver leurs intérêts. D'où notre questionnement, à qui profite le mythe? II. À qui l'alimentation de l'existence de ce mythe profite-elle? Qui donc aurait intérêt à alimenter l'existence de ce mythe? Pourquoi, s'il a été prouvé par les chercheurs que les cartels de la drogue ne correspondent en aucun point à la réalité, continue-t-on d'utiliser cette expression? Bref, à qui profite le mythe? Cette expression a été reprise par les diplomates, les politiciens et les journalistes qui en ont fait fortune. [...]
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