La priorité à l'éducation a été instaurée dans le cadre d'une lutte générale contre l'échec scolaire et d'une remise en cause du fonctionnement ‘'ordinaire'' de l'école dans les territoires les plus en difficultés, c'est-à-dire ceux marqués par l'exclusion sociale et les dysfonctionnements du système scolaire. Ainsi, ces territoires étaient appelés à être des ‘'laboratoires de l'innovation éducative''.
La carte scolaire et les ZEP ‘'Zone d'Education prioritaire'' sont deux outils issus de politiques publiques. Leurs mises en place répondent à un souci d'intégration républicaine. Ce sont des dispositifs de discrimination positive territoriale, ayant pour but de favoriser la mixité sociale et l'accès à tous à l'éducation.
La carte scolaire, appelée aussi ‘'sectorisation'', a été crée en 1963 dans l'objectif de faciliter la gestion des flux d'élèves, à une époque où la France se couvrait de collèges et de lycées. Son deuxième objectif, était de créer une mixité sociale à l'école, en faisant cohabiter les enfants des quartiers dits ‘'difficiles'' et ceux des quartiers dits ‘'bourgeois'', dans un même établissement scolaire. Aujourd'hui, son principe est dépassé pour deux raisons. Dans les grandes villes, elle reproduit fidèlement les inégalités entre les quartiers, et il y a de trop nombreux contournements des parents pour éviter les établissements difficiles via notamment des inscriptions dans des écoles privés et le choix des options.
Avec les ZEP, l'école va abandonner le principe ‘'républicain'' d'une distribution égalitaire des moyens pour donner ‘'plus à ceux qui ont moins''. Elle adopte donc des mesures inégalitaires pour réduire les inégalités. Les ZEP ont été instaurées dans les territoires les plus en difficultés en 1981, leurs objectifs étaient de donner plus de moyens, d'argent, d'ordinateurs, avec moins d'élèves par classe, et donc par conséquence, plus de professeurs. Bien que certaines ZEP aient été des succès, beaucoup d'entre elles ont accumulé les problèmes, (fort taux d'échec scolaire, manque de moyens et de professeurs, ghettoïsation de plus en plus marquée, etc.).
[...] Le Ministre de l'Education Nationale de l'époque, Mr Alain Savary, va mettre dans le même temps en place un nouveau dispositif éducatif, les ZEP. La volonté première des ZEP est soi-disant quantitative, il s'agit d'accorder des moyens supplémentaires aux territoires les moins bien dotés. Le Ministre de l'Education Nationale souhaite accorder davantage d'autonomie aux académies et aux établissements. Il faut que ces derniers bâtissent des ‘'projets'' plutôt que de suivre des programmes et des instructions. Il faut aussi mettre en place des équipes d'animations locales, des nouvelles modalités d'évaluation, etc. Des volontaires hautement motivés vont tenter d'animer des ZEP dans toute la France. [...]
[...] L'école n'est plus un lieu de brassage des cultures et de mixité sociale. L'assouplissement de la carte scolaire permettrait-elle de résoudre ce phénomène, ou au contraire augmenterait-elle ces inégalités ? Ce sont les départements qui sont responsables de l'application de la carte scolaire dans les collèges et ceci, depuis la loi du 13 août 2004. La mise en application s'est faite le 1er janvier 2005. La compétence autour de la carte scolaire reste partagée. Le Conseil Général est en charge de la sectorisation. [...]
[...] La carte scolaire et les ZEP auront contribuées à cet échec. La carte scolaire a été très largement contournée et ainsi son retrait s'annonce légitime. Mais il est à craindre que la suppression de la carte scolaire risque de ghettoïser encore davantage les populations en difficultés. Son retrait désavantagera prioritairement les établissements en ZEP qui n'auront plus recours à ce principe de discrimination positive territorialisée, pour accueillir des élèves de classes moyennes ou aisés dans ses bâtiments. Bien que certaines réussites soient à noter en ZEP. [...]
[...] La carte scolaire et ses nombreux contournements indiquent une défaillance du système. Ainsi, son assouplissement est de plus en plus préconisé par les parents, les professeurs, le Ministère de l'Education Nationale, et les futurs prétendants à l'élection présidentielle. Une enquête récente de la PEEP[1] montre que 25% des parents veulent supprimer la carte scolaire tandis que 50% pensent qu'il faudrait l'assouplir. Selon l'Education nationale des enfants d'enseignants étaient scolarisés dans un collège public autre que celui que leur désignait la carte scolaire en 1999. [...]
[...] Bénéficiant d'une carte révisée et d'un ‘'Réseau d'Education Prioritaire'' (REP) depuis 1999, les structures situées en ZEP se sont enracinées dans le local pour tenter de gommer leurs inégalités territoriales. Elles accueillent 17,9% des écoliers et 21,2% des collégiens. Les REP sont des associations de ZEP avec des écoles et des collèges proches, dont la concentration des difficultés mérite une vigilance particulière. Cela permet de faire participer à un même projet pédagogique des écoles ou établissements dont les populations connaissent des difficultés sociales. [...]
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