Carl Schmitt, La notion du politique, Théorie du partisan, 1972

Résumé du document

Carl Schmitt (1888-1985), était un juriste et philosophe allemand. Intellectuel catholique et théoricien du droit. Il participe de près à la vie politique de la République de Weimar et joue progressivement un rôle de premier plan lors de sa chute. Il est lié dès les premiers mois au régime nazi dont il approuve certains aspects mais avec lequel il prend ses distances par la suite. Son antisémitisme relève de l'antijudaïsme religieux historique, mais n'a rien de racial, et c'est pour cela qu'il sera acquitté lors du procès de Nuremberg en 1946.
Par ses études, ses approches, ses ouvrages, il a orienté son oeuvre dans une conception anti-libérale, avec une influence de Rousseau, pour qui la vertu est d'abord et avant toute chose le civisme politique lié dans la souveraineté de la volonté générale. Il est auteur de nombreuses réflexions sur la nature de l'Etat et ses constitutions, (Théologie politique (1922), La notion du politique (1933) ou encore Théorie du partisan (1963)). Les pensées de Schmitt vont dans une vision absolutiste de la puissance étatique. Dans une vision critique de la pensée politique, il estimait que tout concept politique a une signification polémique.
Son ouvrage Théorie du partisan, paru en 1963, s'inscrit dans une approche de l'exception, du rapport ami-ennemi qui serait en quelque sorte la clé de voûte de la théorie politique. Mais cette théorie du partisan montre également que ce rapport ne va pas sans poser de problème quand il s'agit de déterminer l'ennemi parmi ses propres concitoyens (et pas seulement à l'extérieur de la nation). C'est cette approche qu'il entend développer ici à travers son ouvrage considéré par William E. Steuerman comme « d'une pertinence dérangeante pour le monde politique et juridique dans lequel nous nous trouvons et qui anticipait le développement de cette thèse dans le monde actuel », en référence aux attaques du 11 septembre. Nous parlerons ainsi ici de sa thèse sur les combattants irréguliers puis illégaux et de sa difficulté à la développer tout au long de son oeuvre, à partir de quatre grands postulats avancé par Schmitt et qui tendent à définir le combattant irrégulier : irrégularité, haut degré de mobilité, haut degré d'intensité de l'engagement politique et le caractère tellurique.
Afin de voir cela, nous nous demanderons dans quelle mesure l'évolution de la notion du partisan amène à une perte de valeur de celui-ci.
Pour cela, nous nous pencherons en premier lieu sur les caractéristiques avancées par Carl Schmitt qui permettent de distinguer le partisan des combattants réguliers ou autres combattants irréguliers mais également l'évolution de ceux ci à travers le temps. Puis en un second temps, nous verrons qu'une perte de valeur ou du moins une évolution notable est à noter chez ces combattants avec le passage d'une irrégularité à une illégalité, puis nous nous arrêterons sur les difficultés réelles de l'auteur à développer et à répondre à toutes les questions qu'il s'est posé et nous en tirerons des conclusions quant au nouvel avenir et au nouvel avènement des nouveaux combattants non plus irréguliers, mais illégaux.

Extraits

[...] Les pensées de Schmitt vont dans une vision absolutiste de la puissance étatique. Dans une vision critique de la pensée politique, il estimait que tout concept politique a une signification polémique. Son ouvrage Théorie du partisan, paru en 1963, s'inscrit dans une approche de l'exception, du rapport ami-ennemi qui serait en quelque sorte la clé de voûte de la théorie politique. Mais cette théorie du partisan montre également que ce rapport ne va pas sans poser de problème quand il s'agit de déterminer l'ennemi parmi ses propres concitoyens (et pas seulement à l'extérieur de la nation). [...]

[...] Les hésitations qu'on lui retrouve, et ainsi la complexité de la tâche de circonscrire la notion et l'évolution du partisan à travers les combattants irréguliers. Cela pourrait ainsi nous amener à nous interroger sur la nouvelle place que prennent les terroristes d'aujourd'hui dans les relations internationales. Mais également sur les moyens pouvant permettre aux Etats les combattants, d'y arriver, tant l'étendue de la tache est grande, tant ces groupes sont dispersés dans le monde entier. C'est il semble, le plus grand combat de notre ère, et un des plus importants pour la survie de la paix et la sécurité d'un monde tel que nous le connaissons. [...]

[...] Mais ce caractère motorisé amène également un changement quant à la perception du dernier critère de distinction du partisan, le caractère tellurique. B. Evolution de ses critères à travers le caractère tellurique du partisan En effet, ce caractère tellurique du partisan, signifie, en un premier temps une vision défensive du combat mené par le combattant irrégulier, et plus précisément le partisan. Comme nous l'avons souligné précédemment, le combattant irrégulier se trouve le plus souvent dans une position défensive, à lutter contre un envahisseur extérieur, à lutter contre l'occupation de son territoire, ou à se battre contre un ennemi politique intérieur même à la nation. [...]

[...] Partisan : Combattant irrégulier encadré par de nombreux caractères Par partisan, Schmitt entend une partie des combattants irréguliers, il entend par là une spécificité de ceux-ci, une spécificité encadrée par quatre caractères qui en font des combattants irréguliers, mais avant tout des partisans. C'est par cela qu'il essaye de donner une définition à cette catégorie de combattants, qu'il essaye de répondre malgré la difficulté de la tâche qu'il s'est accordée. Une définition qui s'étend également à travers le temps et les périodes et qui acquiert ou perd de ses spécificités. [...]

[...] En un symbole de liberté, d'un idéal national, politique. En effet, cette image tend pour Schmitt à désigner de la sorte tout dissident et tout non-conformiste, sous le nom de partisan, sans que l'on examine s'il songe le moins du monde à prendre les armes Nous assistons ainsi à la dissolution programmée du concept de partisan, de cette image que tout être humain qui est un être qui lutte Nous en arrivons non plus à un groupe de combattant, mais à une résistance individuelle, et à ne lutter pour son propre compte et non plus pour un lien national. [...]