René Rémond disait, en parlant des émeutes de février 1934 menées par l'extrême droite française qui ont failli porter le colonel La Rocque au pouvoir : « le déroulement des évènements fait penser à l'agitation boulangiste plutôt qu'à la marche sur Rome ».
Le boulangisme est un mouvement politique né en 1886 sous l'influence du général Boulanger. Dans un contexte économique difficile (crise 1882) dans une République marquée par des affaires de corruption (Wilson et les trafics de médailles), où la France se sent vaincue et volée (perte de l'Alsace-Lorraine en 1871), un général, Georges Boulanger, ministre de la guerre depuis 1886, amorce un mouvement politique qui portera son nom, incarnant les premières valeurs de nationalisme comme valeurs de droite, s'opposant au parlementarisme tel qu'il est appliqué et soutenant un régime présidentiel fort, réunissant socialisme et nationalisme. Militaire, il va satisfaire les armées en tant que ministre avec ses réformes à caractère patriotique, mais aussi les milieux populaires, les intellectuels de gauche comme de droite, les bonapartistes et les monarchistes, voyant en lui l'occasion de réformer le régime en leur faveur.
[...] Enfin, l'influence du boulangisme est observable dans la vie politique de la IVe République française. Avec un régime proche de celui de la IIIe République, c'est-à-dire parlementaire, et un contexte similaire à celui de la IIIe République (crise économique), des mouvements contestataires vont naitre, une fois encore comparables sur beaucoup d'aspects au boulangisme, et on peut remarquer dans les deux cas l'apparition d'un homme providentiel vu comme celui qui pourra résoudre les problèmes ; le général de Gaulle, est rappelé au pouvoir à la fin de la IVe République comme le général Boulanger était arrivé député de Paris, c'est-à- dire en soutenant l'idée d'une réforme institutionnelle pour octroyer plus de pouvoir au Président de la République, pour réduire l'influence du parlementarisme qui ne fonctionne pas et pour venir en aide aux classes moyennes touchées par les évènements conjoncturels. [...]
[...] Il est intéressant d'observer dans le boulangisme une conséquence, peut être la plus importante, sur la vie politique française à l'origine d'un clivage qui n'existe pas ailleurs. Bien entendu, le clivage gauche droite n'est pas exclusif du boulangisme, mais on peut s'intéresser à son influence sur cette séparation stricte entre la gauche et la droite en France. Comme nous l'avons vu, les idées issues du boulangisme ne se sont pas éteintes, mais au contraire, et c'est à lui que l'on doit l'appartenance à la droite des valeurs nationalistes et patriotismes. [...]
[...] Entre-temps, Clemenceau et le gouvernement en place éteignent la passion des opinions en place, changent les règles électorales et discréditent le boulangisme. Mais le mouvement s'éteint avec sa mort peu de temps après : aux législatives de septembre 1889 : 72 voix pour les boulangistes pour les monarchistes et 366 républicains. En 1893, les boulangistes n'ont plus aucune influence . Des conséquences idéologiques à plus long terme Cependant, l'influence politique du boulangisme et de ses idées ne s'est pas arrêtée. En 1892, le boulangisme et l'antiparlementarisme grandit avec le scandale de Panama qui corrompt des députés. [...]
[...] Le boulangisme et la crise du boulangisme dans la IIIe République portent des valeurs encore présentes aujourd'hui dans la vie politique française et il est ainsi intéressant de se demander quelles sont ces valeurs et quelle a été l'influence de ces valeurs sur la vie politique française de la IIIe République à nos jours. Considérant l'absence de bornes chronologiques dans l'intitulé du sujet et constatant l'intérêt du boulangisme comme mouvement politique, nous allons donc voir dans un premier temps quelle a été l'influence directe, l'impact, du boulangisme sur la vie politique pendant son application, c'est-à-dire sous le début de la IIIe République, et nous nous intéresserons ensuite à l'influence du boulangisme sur la vie politique française durant le XXe siècle, afin de répondre à la question du boulangisme et de ses conséquences sur la vie politique française en général. [...]
[...] Le boulangisme ; un mouvement qui ébranle la IIIe République 1. A l'origine d'une remise en cause des institutions Pour une Assemblée constituante et un Président au pouvoir plus puissant Avec les crises ministérielles et le scandale des décorations avec Wilson, le régime parlementaire de la IIIe République est contesté, et l'antiparlementarisme incarné par le boulangisme devient populaire. Le boulangisme prône l'idée d'un gouvernement fort, qui n'est pas une monarchie, qui est une république, mais où le rôle du président de cette République est renforcé. [...]
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