Cherchant à concilier autorité et droits du peuple, idéaux sociaux de gauche et valeurs d'ordre de droite dans une perspective de réconciliation nationale, le bonapartisme constitue une situation d'exception dans l'affrontement droite-gauche constitutif de la vie politique française depuis 1789, bien qu'à travers le renouveau national des années 1880, le bonapartisme stabilise son héritage vers la droite. Son originalité, grosse de contradictions fatales, réside dans l'aspiration à fonder une légitimité personnelle sur l'adhésion populaire, le suffrage universel et sur l'autorité de l'état et de ses appareils répressifs. De cette manière, le bonapartisme concilie autorité et démocratie
[...] D'où la pratique bonapartiste du plébiscite. La constitution de l'an VIII qui fut soumise au vote populaire désignait en son article 39, le titulaire du pouvoir suprême : le premier consul Bonaparte. Si les membres des assemblées n'étaient pas élus, le chef du gouvernement était lui désigné directement par le peuple au suffrage universel par l'intermédiaire du plébiscite. Bonaparte peut ainsi se proclamer le seul représentant du peuple et reconnaître parallèlement la souveraineté "inaliénable" de ce dernier. Le second plébiscite qui instaure, en 1802, le Consulat à vie, sera présenté comme "un hommage éclatant rendu à la souveraineté du peuple", d'un peuple "d'où dérive tous les pouvoirs" mais qui les a délégués pour un temps indéterminé. [...]
[...] La fusion nationale est l'un de ses objectifs. "Je suis national" se plaisait à dire le premier Consul qui s'attacha, dès l'an VIII, à faire disparaître les germes de discorde civile qu'impliquait l'existence de factions rivales. De même sous le second Empire, la fusion nationale passe par la disparition des partis. Plus tard, la passion civilisatrice, l'attachement à la souveraineté de l'Etat que professe un Michel Debré seront très représentatifs des orientations fondamentales du gaullisme. C'est d'ailleurs dans les rangs du groupe parlementaire RPR - qui se réfère à l'héritage gaulliste - que se recruteront les adversaires les plus déterminés du projet de décentralisation dont le parti socialiste entend faire son programme à partir de 1881. [...]
[...] Deux vocables pour une même notion, la grandeur. Le Second Empire s'était promis d'effacer les conséquences des "odieux" traités de 1815 et le Congrès de Paris en 1856, consacre effectivement aux yeux de l'Europe le prestige reconquis de la France. Le général de Gaulle s'était juré, en 1940, de relever la France de l'abaissement où l'avait précipitée la défaite et la maintenait la politique de Vichy. Il n'accepta pas qu'elle fut exclue des rencontres avec les Grands et protesta contre son absence à Yalta. [...]
[...] Ainsi le bonapartisme peut-il évoluer du centre gauche au centre droit. La géographie du bonapartisme plébiscitaire permet de cerner les assises de ce courant politique. Les consultations populaires de l'an VIII et de l'an X révèlent une audience plus marquée dans les départements républicains tandis que celle de l'an XII témoigne de l'équilibre. Les trois plébiscites font coïncider l'esprit de ce régime et son électorat. Le second bonapartisme se présente également comme une force politique originale qui se veut ni de droite, ni de gauche. [...]
[...] Complétée en l'an X et en l'an XII, elle réconcilie le droit et la force. Une collégialité de pure forme (les trois consuls) dissimule mal, dès 1799, la personnalisation à outrance du pouvoir. Outre la totalité du pouvoir exécutif, Napoléon Bonaparte annexe l'essentiel de la fonction législative avec l'initiative du budget et des lois, et dès 1806, le droit d'interpréter les lois. Il convient de rajouter les nombreuses entorses aux dispositions constitutionnelles que l'empereur pratiquera couramment : absence de ratification des traités par le corps législatif, annexions de territoires par sénatus-consulte, levées de troupes par décret . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture