Partant du constat incontestable que le New Labour a entrepris un recentrage idéologique au sein du champ politique, nous chercherons à savoir en quoi il reste malgré tout un parti d'obédience socialiste, et à l'inverse pourquoi il est peut-être devenu un parti libéral ?Le Blairisme est-il allé trop au centre, se masquant derrière ses origines socialistes ?
Nous irons plus loin même en nous demandant si le Blairisme ne constitue pas finalement la planche de salut de la Social-Démocratie européenne, un mouvement en phase avec les demandes de la société et les exigences d'une mondialisation inéluctable.
Ce questionnement nous permettra de donner des éléments de réponse à la question de la pérennité du modèle travailliste dans un contexte de déclin généralisé de la Social-Démocratie en Europe. Bref, peut-il être un modèle à suivre pour les partis de gauche modérée européens ?
On voit d'ici l'enjeu pour l'ensemble de la gauche européenne car le triomphe du Blairisme, à défaut de ne pas donner la solution définitive au problème du déclin de la Social-Démocratie, constitue cependant une alternative possible quant à une restructuration de la gauche européenne, si celle-ci souhaite reconquérir un jour le pouvoir dans les pays où elle l'a perdu...
[...] C'est le cas par exemple de Jose Maria Aznar, chef du gouvernement espagnol, originaire du Partido Popular, c'est-à-dire l'adversaire traditionnel du PSOE. En France, François Bayrou essaie aussi de profiter de l'originalité du Blairisme, comme il l'a affirmé au Républicain Lorrain1. C'est exactement sur cet aspect (la possibilité d'être récupéré par un homme politique de droite donc l'excès du recentrage) que portent les critiques fondamentales faites au Blairisme, en France par exemple. D. Le socialisme à la française : un contre modèle ? 1°Les relatifs succès du PS jusqu'en 2002. [...]
[...] Avec ses quatre enfants et son attachement à la religion protestante ainsi qu'à la monarchie, Tony Blair est à cent lieux de tous les clichés entourant les dirigeants de gauche. Il en est tellement loin que certains ont pu le comparer de ce point de vue avec un George W.Bush. Tony Blair met donc en avant une vision éthique du monde : à travers la devise liberty, equality, solidarity il s'agit de réactiver une dimension quasiment puritaine et moraliste de la tradition travailliste. Aussi Blair insiste-t-il de plus en plus sur sa vision morale pour le XXIe siècle, dénonçant l'égoïsme et le laxisme de nos sociétés. [...]
[...] D'une façon ou d'une autre, le PS français comme de nombreux autres, est prisonnier de son dilemme entre son histoire ouvrière et sa modernité libérale quand bien même l'échec de Lionel Jospin est dû en partie à la surenchère sécuritaire qu'il n'a pas su gérer lors de la campagne présidentielle. Finalement, on voit que les socialistes français n'ont pas su intégrer dans un cadre doctrinal les impératifs de la mondialisation. A cet égard, le succès du Blairisme reste particulièrement singulier, et semble montrer que le succès des sociaux-démocrates passe inéluctablement par une conversion aux idées libérales. [...]
[...] Deuxième volet du programme du New Labour en matière sociale, la lutte contre les inégalités. Dans le contexte idéologique de la troisième voie, l'insertion prend le pas sur l'égalitarisme : l'idée est qu'il faut donner sa chance à chacun. La démarche est la suivante, et est ici encore bien spécifique au New Labour. Pour les personnes les plus démunies et dont l'insertion est la plus compromise à cause d'un manque d'argent et/ou de d'éducation, l'Etat a le devoir d'intervenir. Mais lorsque l'Etat assiste, c'est avec l'intention de responsabiliser l'individu et non pas de le maintenir dans un état de dépendance. [...]
[...] Quand Neil Kinnock devint le leader du parti travailliste, il prit conscience que les travaillistes devaient absolument élargir leur base électorale vers les classes moyennes s'ils voulaient espérer reprendre un jour les rennes du pouvoir. Face au triomphe des néo-libéraux, une rénovation a été entreprise pour faire du Labour un parti de gauche moderne, à l'instar des partis sociaux-démocrates européens. La défaite cinglante lors des élections de 1992 constitue la fin d'un cycle, et l'arrivée de Tony Blair à la tête du parti en mai 1994 un véritable tournant. Les questions soulevées par le Blairisme sont nombreuses car ce mouvement est en lui même inédit dans l'espace politique européen. [...]
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