« Une étude réaliste de la Constitution anglaise […] doit commencer par les partis, finir par eux ». Cette citation de Sir Ivor Jennings illustre bien l'importance du système de partis dans les institutions politiques britanniques. En effet, le mode de gouvernement parlementaire bipartite trouve son plus parfait exemple, « malheureusement inimitable » selon A. Mathiot, dans le régime britannique. L'originalité du bipartisme britannique provient du fait que celui-ci est avant tout l'œuvre du temps et des traditions, et en tant que tel il s'inscrit dans une volonté de stabilité des institutions. Ainsi, le bipartisme est à la fois la conséquence du système institutionnel britannique et le fondement de son exceptionnelle stabilité.
Ce type de système de partis se traduit par un mode de gouvernement parlementaire qui assure la prédominance de deux partis majeurs entre lesquels se pratique, de façon exclusive, l'alternance. Le bipartisme est considéré comme « simplificateur » de l'exercice d'une démocratie pluraliste dans la mesure où il offre aux électeurs un choix clair entre deux grands partis, le mode de scrutin rendant quasiment nulles les chances de succès de tiers partis. Il simplifie également l'exercice du pouvoir, le parti désigné pour gouverner disposant de la majorité absolue à la Chambre des Communes. Le bipartisme implique par ailleurs une libre alternance au pouvoir des deux partis, caractérisant la vie politique du Royaume-Uni par un perpétuel roulement entre un parti incarnant un certain conservatisme, et un parti progressiste.
Le bipartisme tient donc une place fondamentale dans les institutions politiques du Royaume-Uni, et il semble nécessaire, afin de comprendre le fonctionnement de ces institutions, de s'interroger sur les spécificités du bipartisme britannique et ses implications dans la vie politique du pays.
Ainsi le bipartisme est-il le résultat durable d'une longue tradition britannique marquée d'un duel politique permanent, et du mode de scrutin britannique qui tend à le perpétrer. D'autre part, il entretient des effets mitigés sur la vie politique et institutionnelle.
[...] Les partis de moindre importance n'ont guère de chance de s'affirmer ou d'espérer accéder au pouvoir. Cette représentation, qu'on pourrait qualifier de miroir brisé ne reflète donc pas les nuances de l'opinion de l'électorat. Ce système génère d'importantes inégalités de représentation qui atteignent parfois des sommets, conduisant certains à qualifier le régime britannique de travesty of democracy Le système actuel semble également contesté par l'électorat. Cette contestation se traduit d'une part par un abstentionnisme record aux dernières élections, qui semblent avoir été boudées par les électeurs. [...]
[...] Ce champ d'action rencontre donc certaines limites. Ce système, qui assure donc une certaine stabilité et une efficacité de l'exercice du pouvoir, n'est cependant figé pour autant, dans la mesure où il repose également sur le principe de l'alternance, mode de dévolution du pouvoir qui assure le remplacement d'une majorité par une autre par l'exercice du droit de vote. Ainsi, depuis 1945, conservateurs et travaillistes ont été respectivement 35 et 25 ans au pouvoir : le parti opposant sait qu'il disposera un jour de la majorité. [...]
[...] Pour comprendre les origines du bipartisme, il faut remonter au XVIIème siècle au lendemain de la révolution de 1648. Alors que le pouvoir du roi était déjà en constante régression face à la représentation d'une part croissante de la population au sein du Parlement, la confrontation naît entre, d'une part, les Whigs ou futurs libéraux, et d'autre part, les Tories ou futurs conservateurs. Alors que les premiers militent pour une extension des libertés et du pouvoir du Parlement et défendent le presbytérianisme puritain, les seconds soutiennent l'absolutisme monarchique et l'Eglise anglicane. [...]
[...] La situation se dégrade de nouveau partir de 1992 avec 76,3% des voix et chute progressivement au fil des années : 75,8% en en 2001 et enfin 67,5% en 2005. Cette érosion profite essentiellement aux libéraux- démocrates. Ces derniers sont en effet en progression avec 22,1% en 2005, face à un tassement travailliste et des phases d'effondrement des conservateurs en 2005). L'érosion des partis peut donc potentiellement menacer la stabilité du régime bipartisan britannique, bien que les libéraux-démocrates ne percent pas au niveau national et ne culminent ainsi qu'à 62 sièges en 2005. [...]
[...] Mathiot, dans le régime britannique. L'originalité du bipartisme britannique provient du fait que celui-ci est avant tout l'œuvre du temps et des traditions, et en tant que tel il s'inscrit dans une volonté de stabilité des institutions. Ainsi, le bipartisme est à la fois la conséquence du système institutionnel britannique et le fondement de son exceptionnelle stabilité. Ce type de système de partis se traduit par un mode de gouvernement parlementaire qui assure la prédominance de deux partis majeurs entre lesquels se pratique, de façon exclusive, l'alternance. [...]
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