Afin de mieux comprendre ce phénomène, nous reviendrons dans un premier temps sur l'enlèvement d'Ingrid Betancourt, les acteurs impliqués et l'évolution de cette affaire jusqu'à la semaine passée. Ensuite, nous analyserons les répercussions médiatiques de cette « question Betancourt » (...)
[...] Ingrid Betancourt, député puis sénatrice colombienne, a passé une partie de sa jeunesse en France, avant de faire ses études à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris. Divorcée d'un Français, avec qui elle a eu deux enfants, elle dispose de la double nationalité franco-colombienne. Rentrée en Colombie en 1990, elle fonde, en 1998, son propre parti politique, Oxygeno Verde (tendance écologiste), qui lui permet de devenir sénatrice la même année. Le 23 février 2002, en pleine campagne présidentielle et suite à la rupture des négociations entre les FARC et le gouvernement colombien, elle est enlevée par les FARC avec sa directrice de campagne, Clara Rojas. [...]
[...] Certes, ce constat peut paraître cynique, il n'en demeure pas moins que les otages français, s'entend sont devenus médiatiquement acceptables En témoigne, pour prendre l'exemple de Florence Aubenas, les nombreux encarts dans la presse ou à la télévision, présentant sa photo et le nombre de jours de détention, contribuant à une glamourisation du phénomène. La combinaison de l'ensemble de ces facteurs sans qu'il soit réellement possible de les hiérarchiser explique qu'Ingrid Betancourt soit devenue une otage médiatique Cependant, l'exemple Betancourt n'est pas la règle. D'une part, parce que parmi les 2000 otages des FARC, elle est la seule qui soit l'objet d'une telle attention (à l'exception de quelques mots occasionnels sur Clara Rojas, sa directrice de campagne, en captivité également, qui n'a cependant pas été mentionnée dans les évolutions récentes de l'affaire). [...]
[...] Alors que le président colombien, Alvaro Uribe, a choisi d'établir un rapport de force avec les FARC, augmentant les effectifs de l'armée (de à hommes) de manière à accroitre la répression, la médiation effectuée par Hugo Chavez, le président vénézuélien, apparaissait comme une issue négociée possible à ce conflit. Cependant, le président Uribe a mis fin à cette médiation courant novembre 2007 (du fait des divergences qui l'opposaient à Chavez, dont la médiation, en outre, ne semblait pas porter ses fruits). Néanmoins, la question Betancourt revient sur le devant de la scène politique ce même mois de novembre. Le 30, les autorités colombiennes arrêtent trois membres des FARC, en possession de deux documents prouvant qu'Ingrid Betancourt est encore en vie. [...]
[...] Cependant, cette médiatisation souhaitée n'est pas sans entrainer de problèmes. En effet, elle apparaît extrêmement nécessaire pour les FARC. Fondamentalement, en tant que groupe révolutionnaire influencé par le guevarisme, les FARC sont essentiellement composées de membres du monde rural et son terrain d'action privilégié est la jungle. Ce qui, de fait, entraîne un isolement tant géographique que politique. Or, la lutte armée à laquelle elles se livrent contre les forces officielles colombiennes a peu de chances d'aboutir à une victoire des FARC. [...]
[...] Le fait qu'Ingrid Betancourt ait la nationalité française semble être le facteur prépondérant. Combien d'otages étrangers sont ignorés par la France de par le monde ? Ensuite, son statut, celui de femme politique, sénatrice et candidate à l'élection présidentielle, est à prendre en compte. On peut également souligner deux phénomènes extérieurs à la personne d'Ingrid Betancourt. Le poids de son comité de soutien est un élément déterminant, une mobilisation populaire qui a participé à la mobilisation politique et médiatique. Une simple enquête sur un moteur de recherche en montre l'étendue. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture