Tutelle de l'Etat, déclin de l'Etat, émancipation des individus, socialisation internationale, ordre international
Diplomé d'études supérieures de Science politique, de l'institut des langues orientales et en histoire du XX ème siècle, agrégé de science politique, Bertrand Badie a obtenu son doctorat d'Etat en science politique, à l'IEP de Paris en 1975.
Il est Professeur des Universités à l'I.E.P. de Paris, directeur du Cycle Supérieur de Relations Internationales de Sciences- Po , directeur de la mention Relations Internationales du master de recherches de Sciences Po. Il a été directeur des collections des Presses de Sciences- Po (1994-2003) et du Centre Rotary d'études internationales sur la paix et la résolution des conflits (2001-2005
Le texte étudié est tiré de lu livre intitulé le retournement du monde ,issu d'un enseignement donné à l'Institut d'études politiques de Paris, cet ouvrage de Bertrand Badie et de Marie-Claude Smouts s'articule autour de la crise de l'État- nation et de la multiplicité des flux qui y échappent désormais.
C'est la crise de l'État- nation qui constitue, pour Badie et Smouts, l'événement majeur permettant de relier ensemble et de donner un sens à un grand nombre de phénomènes. Aussi, l'hypothèse d'un ordre international qui ne savait exister que par "l'intervention volontaire des États" ne tiendrait plus aujourd'hui. Deux phénomènes majeurs, qui témoignent ici de l'irruption des sociétés, illustrent pour Badie et Smouts "l'ambiguïté des situations" et viennent clairement souligner "l'incertitude des concepts". D'une part, l'éclatement culturel, d'autre part, la montée des flux transnationaux qui participent tous deux de cette double crise de l'universalité et de la souveraineté qui menace aujourd'hui directement l'État- nation et dont les conséquences signifient, selon les auteurs, une véritable transformation des relations internationales.
La crise de l'universalisme étatique s'illustre plus particulièrement par l'apparition, sur le devant de la scène internationale, d'une multiplicité de rationalités concurrentes qui, sur des bases culturelles, organisent désormais le comportement des acteurs détenteurs de pouvoir ou, plus simplement, des acteurs mobilisables .Le phénomène est particulièrement significatif et entraîne, pour l'étude des relations internationales, une nécessaire reformulation de ce que Badie et Smouts nomment les catégories fondamentales du jeu international Ainsi celles de nation et de nationalisme en sont deux qui ne peuvent plus être réduites, aujourd'hui, à une dynamique de stabilisation qui conduirait, ultimement, à leur cristallisation au sein d'une entité étatique. Bien plutôt, ces catégories renverraient désormais à une rationalité de combat, essentiellement transitoire et fort probablement incapable "de se fixer dans un ordre politique international".
Cette crise de l'universalisme, qui renvoie à un éclatement tous azimuts des allégeances, se double par ailleurs d'une crise de la souveraineté. Ainsi, les multiples identifications supranationales et mobilisations micro-communautaires entraînent cette fois une crise qui s'illustre par l'émergence de relations se construisant dans "l'espace mondial" et échappant, en tout ou en partie, "au contrôle ou à l'action médiatrice des États. Ainsi on constate la composition dualiste de l'ordre international d'un coté le monde des états et de l'autre le monde multicentré(I). La démultiplication des paramètres qui structurent l'ordre international est l'expression de cette composition dualiste.(II) Ainsi les flux transnationaux, qui correspondent à des réalités complexes et particulièrement variées, "ne trouvent leur unité que dans leur fonction de contournement de l'État". Cette remise en cause de la souveraineté de l'Etat a pour conséquence de favoriser l'émancipation des individus de la tutelle de l'Etat.(IV) Que ces flux soient culturels et artistiques ou encore technologiques et médiatiques, leur efficacité variable tend généralement à "favoriser l'éclatement des collectivités nationales". La perte de repères collectifs participent aussi à cette crise de l'Etat.(III)
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture