En tant qu'une des figures majeures du libéralisme sous l'époque révolutionnaire et napoléonienne, Benjamin Constant (1767-1830) fut un des rares, avec son amie et amante Germaine de Staël, à s'opposer à la fois aux excès de la Terreur et du bonapartisme. Par ses écrits, il aura fourni une base doctrinale conséquente au régime représentatif français et à l'État de droit libéral tel qu'on le conçoit aujourd'hui.
Grand orateur sous la Restauration, il y a en effet joué un rôle politique actif, contribuant à en faire une expérience pédagogique conditionnant les développements à venir, notamment la Monarchie de Juillet, à l'avènement de laquelle il a contribué. Toute son argumentation, éminemment libérale, s'inscrit dans la perspective d'une société post-révolutionnaire où l'individu est privé de ses repères traditionnels. Celui-ci se voit émancipé des tutelles antérieures, des anciennes formes d'assujettissement, mais doit aussi faire face à un pouvoir politique d'un type nouveau : la souveraineté populaire, qui bien que n'étant plus d'essence divine, n'en reste pas moins absolu et illimité. C'est dans ce cadre que Benjamin Constant cherche à penser les garanties individuelles face à l'affirmation de ce nouveau paradigme politique. Pour ce faire, il met l'accent sur la nouvelle liberté de l'individu, celle qu'il a acquise suite à la Révolution, la nommant "liberté des modernes" et s'attache à montrer sa valeur, à faire d'elle un idéal de vie dans le but d'une acceptation du monde contemporain. C'est notamment l'objet de l'un de ses discours les plus célèbres, passé à la postérité, De la liberté des anciens comparée à celle des modernes prononcé devant l'Athénée Royale en 1819. Aussi, comment, Benjamin Constant, à travers sa définition de la "liberté des modernes" expose-t-il une conception politique et philosophique à la fois individualiste et libérale ?
[...] Elle a nettement contribué à la popularisation des œuvres romantiques de langue allemande en France, par son essai De L'Allemagne. Proche de Benjamin Constant avec qui elle entretiendra une relation amoureuse assez tumultueuse, elle animera un cercle de débats le groupe de Coppet qui participera à la diffusion du libéralisme. Kant Emmanuel : (1724-1804) philosophe allemand, auteur de nombreux ouvrages à caractère philosophique, il s'inscrit nettement dans les Lumières allemandes, l'Aufklärung, par l'importance qu'il accorde à la raison humaine. Ses travaux englobent également les notions de morale, d'esthétique et de jugement. [...]
[...] En distinguant deux conceptions distinctes de la liberté, Benjamin Constant s'inscrit dans la droite lignée du courant de l'individualisme philosophique et le prolonge. Ce faisant, il mène un véritable combat idéologique pour la reconnaissance de l'individu face à la collectivité dans le bouillonnement idéologique du premier XIXe siècle. II. L'affirmation du primat de l'individu face à la société : A. Le refus des thèses rousseauistes et révolutionnaires Si Benjamin Constant s'inscrit bien dans l'héritage révolutionnaire, il ne l'approuve cependant pas en bloc. [...]
[...] Par cette distinction entre "liberté des anciens" et "liberté des modernes", Benjamin Constant fonde deux conceptions de la liberté qui seront reprises après lui. Ainsi, la distinction que fera le philosophe libéral Isaiah Belin entre liberté positive et liberté négative recoupe en grande partie les théories de l'auteur suisse. Ses idées influenceront même les thèses d'auteurs appartenant à d'autres écoles de pensées puisque dans les travaux du sociologue holiste Émile Durkheim sur la distinction entre société mécanique et société organique, a première correspondant aux sociétés traditionnelles à forte conscience collective et la seconde aux sociétés modernes commerçantes à forte division du travail, il est possible de distinguer les thèses de l'auteur suisse. [...]
[...] Chez les anciens, la liberté politique ne se conçoit que comme membre du corps social, détenteur d'une part de souveraineté, s'engageant dans la société en participant à la vie politique et en aucun cas comme individu autonome. B. Une liberté civile prédominante chez les modernes Face à celle-ci, Benjamin Constant définit un nouveau type de liberté dite moderne qui contrairement à la liberté des anciens n'est pas inscrite dans la sphère politique et collective, mais est uniquement civile et individuelle. L'auteur en voit les prémices dans la découverte de l'individu par l'humanisme, mais surtout par les Lumières. [...]
[...] En effet, pour Benjamin Constant, cette idée qui consiste à confier une souveraineté sans bornes à la volonté générale est une résurgence de la "liberté des anciens". Elle englobe la dimension uniquement politique de la liberté, celle de participer au vote, et fait finalement ressurgir un absolutisme d'un nouveau genre, mais tout aussi néfaste. À Rousseau qui estime qu'en démocratie, un individu ne peut rationnellement s'opposer à l'expression de la volonté générale que constitue l'issue du vote, en tant qu'il s'agit de la meilleure option possible, Constant rétorque que "la souveraineté du peuple n'est pas illimitée, elle est circonscrite dans les bornes que lui tracent la justice et le droit des individus". [...]
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