Longtemps considérée comme affaire locale, la question belge passionnait peu les médias étrangers et donc leur opinion publique. Depuis la fin du 19° siècle, ce pays n'a pas connu de troubles politiques qui fassent couler le sang hormis les quatre morts au
moment de la question royale (voir plus bas). Ainsi, la décolonisation du Congo a été la source de graves troubles sur place mais n'a eu que peu de conséquences en métropole. Durant les années 70, le pays n'a pas connu le terrorisme d'extrême gauche ou d'extrême droite. Dans le même temps, le Royaume-Uni était secoué par la question nord irlandaise, l'Espagne par le terrorisme basque de l'ETA. La France avait frisé la guerre civile avec l'OAS et redoutait le terrorisme d'action directe. L'Italie était particulièrement touchée par cette forme de violence, entre autre par l'assassinat de son Premier Ministre Aldo Moro et l'attentat d'extrême droite à la gare de Bologne. En Allemagne aussi, l'extrême gauche menée par la bande à Baader traçait des lignes de sang dans le pays. En outre, les Berlinois voyaient tomber leurs frères de l'est qui tentaient de passer le mur.
La Belgique, quant à elle, comme ses voisins du Benelux (Luxembourg et Pays-Bas), ressemblait à un îlot de calme. Depuis 1950, seuls quelques dramatiques accidents avaient traumatisé la nation. En 1956, un coup de grisou avait causé la mort de
262 mineurs et l'incendie du magasin Innovation provoqua 322 victimes. Les rares événements belges perçus à l'étranger donnaient généralement l'image d'un pays paisible et prospère, par exemple, l'exposition universelle de 1958 avec son Atomium ou les victoires cyclistes d'Eddy Merckx. La Belgique était donc un pays de Cocagne entre 1950 et 1980 ? Comme souvent, l'éloignement dans le temps et l'espace idéalise l'image. A l'intérieur du pays, on percevait de plus en plus les lézardes de la maison Belgique. Sa devise nationale « l'union fait la force » commençait à résonner comme un voeu pieux.
Dans un article de ce type, il serait difficile de retracer l'histoire des tensions communautaires dans tous ses détails. Mais principalement destiné à un public non belge, ce document ne peut manquer de retracer rapidement les principaux moments qui l'ont
marqué.
[...] Les deux autres formations, catholiques et socialistes manquaient la majorité des deux tiers à une voix près. Trois ans plus tard, une nouvelle crise allait encore aggraver les dissensions communautaires. Dans l'histoire du mouvement flamand, une des principales revendications concernent l'enseignement. Jusqu'au milieu du siècle, seul l'enseignement primaire était dispensé en néerlandais. Peu à peu, le secondaire puis l'enseignement supérieur se néerlandise en Flandre. Cependant, en 1968, ce principe connaissait une importante exception. Louvain, la plus ancienne et la plus célèbre des universités belges, demeurait bilingue. Cette particularité était difficilement supportable pour le mouvement flamand. [...]
[...] Cependant, il serait excessif de changer intégralement de perspective ; ces multiples dichotomies ne remettaient pas en cause l'existence même du pays. Chaque groupe dominé entendait se promouvoir au sein de l'Etat belge, exigeait d'y occuper une position plus influente. Mais il n'en reste pas moins vrai que l'image quelque peu idyllique d'une ancienne Belgique parfaitement unie appartient plus au régime nostalgique qu'à l'analyse historique. La première guerre mondiale allait avoir des conséquences complexes sur la question belge. Comme dans la plupart des pays belligérants, le conflit déclenche un sentiment national face à l'ennemi extérieur. [...]
[...] Chaque parti traiterait l'autre de traître ou de jusqu'au-boutiste. Du côté flamand, l'union de façade serait sans doute préservée, mais on assisterait à une nouvelle surenchère nationaliste. Depuis longtemps, le dialogue intercommunautaire belge se résume à un jeu de donnantdonnant. Chaque fois qu'une Région obtient un avantage quelconque, l'autre région doit obtenir une contrepartie. On a souvent vanté cette méthode. L'art du compromis à la belge permettrait le maintien pacifique du pays. L'argument n'est pas dénué de tout fondement mais il a ses limites. [...]
[...] Il devenait le deuxième parti de Flandre et manquait de peu la première place. Celle-ci revenait au cartel CD & V qui peut être considéré comme le grand parti démocratique flamand le plus pointu sur la question communautaire. Il est également en progrès, passe de à et de 30 à 35 sièges. Cependant, cette avancée n'est pas aussi nette qu'il y parait. Aux élections précédentes, en 1999, le parti catholique n'était pas encore allié à la NVA. Sans l'apport de ce dernier, c'est bien le Vlaams Blok qui serait arrivé en tête. [...]
[...] La nature des revendications elle aussi, évolué. Du côté wallon, il a semblé que le déclin économique était dû à la structure politique de l'Etat encore unitaire. La thèse du Rassemblement Wallon qui attribue le déclin économique de la région à l'« Etat belgoflamand essaime dans une large partie de l'opinion francophone. Dès lors, il lui semblait opportun de régionaliser l'économie afin que les francophones soient en mesure de restaurer librement leur appareil industriel. Du côté flamand, le problème demeurait culturel, voire identitaire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture