Le XVIème siècle, siècle des crises religieuses en Europe, constitue la période de naissance des Etats modernes avec une transformation profonde des rapports entre les sphères politique et religieuse selon l'adage « l'Eglise est dans l'Etat, l'Etat n'est pas dans l'Eglise ». Au XIXème siècle, l'avènement des Etats modernes constitue un tournant dans la philosophie politique. La question n'est plus de savoir lequel du pouvoir politique ou du pouvoir religieux doit être subordonné à l'autre. Le sens de la réflexion se déplace autour de nouvelles problématiques : Faut-il effectivement séparer ces deux domaines –chacun devenant indépendant dans son domaine propre- ou alors remettre en cause les formes religieuses traditionnelles dans le sens où elles ne sont plus en phase avec la société moderne et sont les causes de « l'aliénation de l'Homme ».
En opposant deux modèles, selon que l'avènement de l'Etat moderne se soit réalisé avec ou contre l'Eglise, en quoi les exemples espagnol et italien révèlent-ils des conceptions différentes des rapports Eglise/Etat ? Dans quelle mesure peut-on suivre Marcel Gauchet et évoquer « une singularité française de sortie de la religion »?
[...] La loi du 9 décembre 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat entérine la laïcité française tout en s'inscrivant dans une logique d'apaisement envers la sphère religieuse. La République assure les libertés de conscience, d'exercice des cultes mais ne reconnaît, ne subventionne et ne salarie aucun culte. Qualifiée par Jean Jaurès de loi juste et sage force est de constater que même si tous les problèmes ne sont pas résolus, la loi de 1905 reste un des édifices de la République française. [...]
[...] Théorisée par des penseurs comme Machiavel ou Montesquieu, la conception instrumentale des rapports Eglise/Etat considère la religion comme instrument du pouvoir politique. La conception libérale théorisée par Tocqueville ou Lamennais (après 1830) met quant à elle l'accent sur une séparation stricte des deux domaines tout en cherchant à concilier religion, démocratie et liberté. En Italie, la législation se caractérise par sa volonté de cantonner le religieux dans une stricte sphère spirituelle Ce faisant, la Loi des Garanties votée par le Parlement en 1871 assure au Pape son indépendance, et règle les relations du Vatican à l'Etat italien mais n'aborde pas la question de la souveraineté du pontife. [...]
[...] La singularité française : une séparation conflictuelle, une mise en œuvre consensuelle, un principe accepté par tous Dès la Restauration de 1830, les rapports de l'Eglise et de l'Etat sont conçus de manière plus libérale. L'Etat libéral français accepte de respecter le droit des individus et donc de ne plus intervenir sur les questions religieuses. Cependant les rapports sont ambigus puisque l'Etat dans sa lutte contre l'ultramontanisme reste suspicieux et cherche à contrôler l'Eglise. L'intervention de Gambetta devant la Chambre en mai 1877 en est révélatrice : Le cléricalisme, voilà l'ennemi ! [...]
[...] L'avènement de l'Etat moderne et son rapport à l'Eglise dans la seconde moitié du XIXème siècle : Quelle spécificité de la France au vu des exemples italien et espagnol ? Le XVIème siècle, siècle des crises religieuses en Europe, constitue la période de naissance des Etats modernes avec une transformation profonde des rapports entre les sphères politique et religieuse selon l'adage l'Eglise est dans l'Etat, l'Etat n'est pas dans l'Eglise Au XIXème siècle, l'avènement des Etats modernes constitue un tournant dans la philosophie politique. [...]
[...] L'avènement de l'Etat moderne au début du XXème siècle est caractéristique de la nécessité d'indépendance des domaines politique et religieux. Cependant il est faux de considérer la sécularisation comme une condition nécessaire à la modernisation ; en témoignent l'importance croissante du religieux et de son impact socio-politique aux Etats-Unis, au Japon et dans le monde arabo-musulman. Si le XXème siècle est marqué par une demande croissante d'Etat de nombreux observateurs notent actuellement un retour du religieux donnant ainsi raison à Malraux pour qui le XXIème sera religieux ou ne sera pas Bibliographie GAUCHET Marcel, La religion dans la démocratie : parcours de la laïcité, Gallimard, Paris 1998. [...]
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