Nous avons choisi de nous intéresser aujourd'hui dans le cadre de cette séance sur l' « Autoritarisme : un Etat patrimonial, régime militaire », à la Birmanie qui fait l'actualité depuis plusieurs semaines et qui est un exemple bien représentatif d'Etat autoritaire. Au préalable, faisons un bref rappel de l'histoire récente de la Birmanie. Le pays est devenu indépendant en 1948 et le régime militaire s'installe en 1962 par le coup d'Etat du général Ne Win. Un nouveau pouvoir est ainsi formé d'inspiration communiste qualifiée de « voie birmane du socialisme ». En 1988, la Birmanie rentre dans une période d'incertitudes avec la démission du général Ne Win et des luttes de succession au sein de l'appareil militaire. La hausse du niveau de vie déclanche de grandes manifestations populaires d'origine étudiante. Malgré les pressions internationales, les manifestations sont suivies d'une répression impitoyable (plusieurs milliers de morts). Enfin, en 1992, l'armée réaffirme son pouvoir et sa domination sur le pays avec la prise du pouvoir du général Than Shwe (l'actuel numéro 1 de la junte).
La Birmanie est aujourd'hui un Etat néo-patrimonial dirigé par une petite élite, les militaires et leurs familles qui exercent une domination politique étroite basée sur un puissant service de renseignements et qui disposent d'une mainmise quasi totale sur l'ensemble des moyens de production, des richesses créées et des échanges commerciaux.
En août 2007, l'histoire se répète. Après une brutale hausse des prix des hydrocarbures et des produits alimentaires de première nécessité, on assiste de nouveau, 20 ans après, à de grandes manifestations populaires (il est à préciser qu'aujourd'hui 90% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté) très médiatisées de part notamment le rôle prépondérant des moines bouddhistes. En septembre de violents affrontements opposent les manifestants à l'armée malgré les appels répétés de la Communauté internationale à l'apaisement. Depuis un mois, il est difficile de mesurer l'ampleur de la répression, le pays étant presque totalement fermé, les informations n'émergent qu'au compte-gouttes.
Ainsi, notre revue de presse sera consacrée non pas à l'étude de la nature même du régime birman (les points de vue sont relativement unanimes pour le caractériser de régime dictatorial et le dénoncer) mais plutôt à s'interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour inciter la junte à renoncer à ses méthodes autoritaires et à ouvrir un dialogue avec l'opposition. A partir de là, deux visions se confrontent pour sanctionner le régime militaire : l'une controversée d'inspiration internationale prônant le recours à des sanctions économiques (I), et l'autre plus interne et locale, insistant sur l'influence des moines sur la société et sur les dissensions au sein de la hiérarchie militaire (II).
[...] Toutes ces dissensions révèlent également la primauté des intérêts étatiques sur la démocratie ou le bien être des peuples. Avec cette idée, on comprend mieux pourquoi des pays comme la Chine, l'Inde ou la Russie ne veulent un changement de régime en Birmanie, ils craignent pour leurs intérêts personnels. Par exemple, la Birmanie a le soutien implicite de l'Inde car ce dernier sollicite en grande partie les réserves de gaz sur la côte, ou bien encore de la Russie qui vient de signer un accord de coopération nucléaire et militaire avec la junte. [...]
[...] Malgré les pressions internationales, les manifestations sont suivies d'une répression impitoyable (plusieurs milliers de morts). Enfin, en 1992, l'armée réaffirme son pouvoir et sa domination sur le pays avec la prise du pouvoir du général Than Shwe (l'actuel numéro 1 de la junte). La Birmanie est aujourd'hui un Etat néo-patrimonial dirigé par une petite élite, les militaires et leurs familles qui exercent une domination politique étroite basée sur un puissant service de renseignements et qui disposent d'une mainmise quasi totale sur l'ensemble des moyens de production, des richesses créées et des échanges commerciaux. [...]
[...] Total a laissé la place à des compagnies chinoises, russes et indiennes depuis 1999 et les affaires autour de la compagnie pétrolière. Depuis cette date, Total maintient simplement ses activités et sa production sans réinvestissement. Par conséquent, la France à bon dos de demander le gel des investissements dans le pays, cette sanction ne changera rien pour elle. Tout cela pour dire qu'il existe un débat sur les mesures à adopter pour sanctionner un régime autoritaire comme la Birmanie. L'efficacité des sanctions économiques reste à démontrer. La division de la Communauté internationale est problématique pour faire pression sur le régime. [...]
[...] Au contraire, suivant son analyse, les sanctions si on les appliquait iraient directement à la cible et affaibliraient la position des militaires. Comme une réponse à BHL, Christophe Barbier directeur de l'Express, rapporte dans un éditorial hebdomadaire du 4 octobre 2007 que les pays saints et heureux n'ont guère d'antibiotiques à injecter dans ces batailles- là Il affirme que nous sommes condamnés à répandre la vérité sur le monde. Cet aveu d'impuissance signifie-t-il finalement que le monde démocratique n'a plus la force suffisante pour intervenir ? [...]
[...] A l'image de notre société, l'information est devenue un produit de consommation. Arrivé à un certain stade de maturation, elle lasse, voire ennuie alors on la jette. Par conséquent, l'émergence de l'affaire de l'Arche de Zoé, aussi dramatique soit-elle à la une des médias, a repoussé le dénouement de la crise birmane à la frontière des faits divers, et a entraînée indirectement sa chute médiatique avec toutes les conséquences néfastes pour le peuple birman que cela entraîne. Enfin, troisième et dernier enseignement, on remarque une fois de plus que ce ne sont nullement des principes ou des valeurs qui régissent les relations internationales. [...]
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