De Jack Lang à Édouard Balladur, de nombreuses personnes se sont exprimées en faveur de la disparition de ce poste souvent décrié. Alors que la Constitution de 1958 attribue au premier ministre une place centrale dans les institutions de la Vème République, notamment de par les articles 20 ("Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation") et 21 ("Le premier ministre dirige l'action du gouvernement"), il est essentiel de voir en quoi la pratique politique a pu modeler la place réelle du premier ministre, allant même jusqu'à être considéré tel un "fusible, dont l'utilité première serait de protéger le Président de la République des aléas de la vie politique.
Dans quelle mesure les attributions du premier ministre sont-elles plus résultantes des pratiques politiques que de la place attribuée par la Constitution de 1958?
[...] Ce changement par rapport aux IIIème et IVème Républiques traduit bien la place majeure dévolue au Premier ministre, place mise en relief dans les articles 20 et 21 que nous avons vu précédemment. D'une autre manière, l'article 20 affirme que "le Gouvernement dispose de la force armée et de l'administration". Le Premier ministre dirigeant l'action de ce gouvernement (article il est normal de voir ici le Premier ministre tel un personnage primordial de l'Etat, ce qui est répété dans l'article 21 qui affirme que le Premier ministre est "responsable de la Défense nationale". [...]
[...] Conclusion Le régime français est donc paradoxal, tant le statut du Premier ministre est sujet à bon nombre d'interprétations. De nombreux auteurs voient ce régime comme un système à mi-chemin entre le parlementarisme et le présidentialisme. Il semble que la pratique actuelle des institutions tend vers le renforcement de l'importance du président au détriment du Premier ministre. Certains auteurs, tels Olivier Duhamel, sont pourtant en faveur d'un régime primo-ministériel, consacrant la prépondérance du Premier ministre et non plus du Président. [...]
[...] Il est peut-être exagéré de poser cela en réalité absolue, comme le montrent les sondages réalisés récemment qui consacrent François Fillon comme bien plus populaire que Nicolas Sarkozy. Mais la tendance française au césarisme, à l'importance d'un chef de l'Etat puissant, est une donnée qui semble inamovible, et la campagne présidentielle consacre des personnalités fortes. Les attributions du Premier ministre ne disparaissent donc pas dans cette situation, mais l'interprétation de la Constitution marque la primauté du chef de l'Etat, qui nomme le Premier ministre. [...]
[...] Les attributions du Premier ministre sous la Ve République "Toi c'est les jambes, moi c'est la tête". Tels sont les propos attribués à Nicolas Sarkozy à la veille de la nomination de François Fillon à Matignon. Quant à François Fillon il a lui-même affirmé en juin 2008 "Peut-être qu'un jour les esprits ayant évolué, le pays ayant changé, on pourra aller jusqu'à un vrai régime présidentiel et à ce moment-là le Premier ministre deviendra un vice-président". De Jack Lang à Edouard Balladur, de nombreuses personnes se sont exprimées en faveur de la disparition de ce poste souvent décrié. [...]
[...] Mais la majorité des acteurs du monde politique ne sont pas de cet avis, et la situation à mi-chemin du régime français a donc de beaux jours devant elle. [...]
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