De plus en plus médiatisée, la notion d'attentat suicide fait partie intégrante de l'actualité : des cas toujours nouveaux et meurtriers alimentent au quotidien la peur et la paranoïa des populations mondiales. Plans Vigipirate, contrôles dans les aéroports, surveillance se sont accrus et perfectionnés. Si l'on s'interroge sur les acteurs de ce type d'attentats, ils se sont aujourd'hui diversifiés et ne sont pas toujours liés à une cause religieuse. Lors de la seconde guerre mondiale, les principaux acteurs étaient les kamikazes japonais qui utilisaient leurs avions pour percuter des cibles stratégiques de l'armée américaine afin de causer un maximum de dommages et de pertes. Aujourd'hui, on a tendance à associer attentats suicides avec terrorisme islamiste mais cela serait trop réducteur de s'y limiter. Toutefois, on peut nommer quelques acteurs principaux tels que le Hamas, le Jihad islamique, le FPLP, tous trois opposés à l'autorité palestinienne, le Hezbollah et enfin les Brigades des martyrs d' Al-Aqsa qui sont quant à elles pro-palestiniennes.
[...] D'un côté, les martyrs utilisent les médias pour frapper l'opinion publique, avoir le statut de victime et ajouter à cela un caractère héroïque (considérons l'exemple des cassettes et enregistrements effectués avant l'attentat pour le justifier), de l'autre côté, les médias utilisent les martyrs à des fins publicitaires. En avril 2002, trois jours de téléthon avaient été organisés en Arabie Saoudite pour aider les martyrs palestiniens Quelques 100 millions de dollars auraient été récoltés. Des deux côtés, il s'agit de toucher, voire d'instrumentaliser l'opinion publique. Martyrs et médias jouent sur le rôle émotionnel, sur l'imaginaire du public. Et c'est aussi un moyen de s'attirer des fidèles. Il existe une dialectique entre théologie et tactique. [...]
[...] La conscience accrue de l'attention instantanée des médias peut enfin encourager d'autres femmes à devenir actrices d'actes similaires. Convaincus des avantages opérationnels de l'utilisation de femmes combattantes et de l'attention médiatique que celles-ci attirent, les hommes ont commencé à faire confiance à des femmes pour commettre des attentats mais les experts du contre-terrorisme restent encore assez bornés et forgés par des stéréotypes du terrorisme masculin. En effet, selon le psychologue américain Marc Sageman, il faut arrêter de raisonner en termes conventionnels car plutôt que de remettre en question nos préjugés concernant les femmes dans ces réseaux terroristes, la notion d'une femme perpétrant des actes de violence «est contraire aux stéréotypes et conceptions erronées occidentales concernant les terroristes masculins[4]”. [...]
[...] En effet, pourquoi un attentat suicide ne pourrait-il pas relever à la fois de la tactique et de la théologie ? Les attentats suicides : de la cause à la tactique religieuse L'importance de la religion dans les attentats suicides En étudiant les motivations des attentats suicides, l'on remarque que bien souvent elles sont de nature religieuses. Déjà, si l'on prend les exemples du Hezbollah, du Hamas ou des Brigades d'Al-Aqsa, cela est évident. En effet, rappelons que le Hezbollah est le parti de Dieu au Liban qui vise à l'instauration d'une dictature islamiste universelle, le Hamas est un mouvement de résistance islamique intimement lié aux Frères musulmans et les Brigades d'Al-Aqsa tirent leur nom de la mosquée de Jérusalem. [...]
[...] De plus, ce sont les critères religieux qui sont retenus pour pouvoir faire partie des brigades du Jihad et du Hamas. En mai 2002, pour être candidat il fallait être un bon musulman, suivre l'enseignement de l'Islam et prier régulièrement. La notion de martyr ou de shahid est une notion clé lorsque l'on aborde la thématique des attentats suicides. Déjà, il convient de noter que cette notion d'attentats suicides est plutôt une notion occidentale. En orient, on parle davantage d'attentats commis par des martyrs. [...]
[...] Et depuis l'an 2000 au moins, on assiste à une progression des attentats suicides commis par des femmes musulmanes dans des nouveaux théâtres d'opération, comme l'Ouzbékistan, l'Égypte et, plus récemment, l'Irak. Une tactique similaire était utilisée par les femmes de l'Armée Républicaine Irlandaise qui transportaient des bombes sous leurs vêtements en prétendant être enceinte ou dans des poussettes d'enfants. Même si les attaques par des femmes en Irak constituent une tendance relativement récente, elles joueront probablement un rôle plus important dans les opérations où le jihad mobilise une population entière contre un agresseur clair. [...]
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