Analyse historique de la manière dont Foucault analyse la greffe du pastorat politique sur la raison d'Etat.
[...] La nouveauté avec le christianisme, c'est qu'il donne forme à l'idée d'une influence pastorale s'exerçant continûment sur les individus, à travers la démonstration de leur vérité particulière. Le gouvernement des individus par leur propre vérité est un thème que la pastorale chrétienne développe notamment par le biais de l'examen et de la direction de conscience. Or ce pouvoir pastoral chrétien s'est trouvé associé au XVIe siècle à la raison d'Etat. De l'époque du christianisme primitif au XVIe siècle, l'aspect pastoral du pouvoir n'a pas disparu, mais cette période n'a pas été celle du pastorat triomphant. [...]
[...] Cela explique le scandale religieux de ce genre de recherche et l'assimilation de la raison d'Etat à de l'athéisme. Ayant pour but de renforcer l'Etat lui-même La raison d'Etat s'oppose à la tradition politique machiavélienne dont le problème principal était celui de savoir comment un prince peut protéger un territoire acquis par héritage ou par conquête. Machiavel cherche à définir ce qui peut renforcer le lien entre un prince et son Etat. La raison d'Etat pose plutôt le problème de l'existence et de la nature même de l'Etat. [...]
[...] Cela conduit à opposer l'individu et l'Etat. Or l'analyse du pouvoir pastoral réalisée par Foucault a pour principal enjeu de retracer une évolution qui est apparemment éloignée de la centralisation de l'Etat, mais qui pourtant touche les mêmes relations de pouvoir : le pastorat politique. Ce concept de pastorat politique est introduit par Michel Foucault en 1978 dans son cours au Collège de France : Sécurité, Territoire, Population. Il s'agit alors de désigner le modèle ancien à partir duquel le gouvernement des hommes a été pensé. [...]
[...] Dont le fondement est l'Etat La rationalité de l'art de gouverner a pour fondement l'observation de la nature de ce qui est gouverné, en l'occurrence l'Etat. La question de la raison d'être de cet art de gouverner provoque le scandale de la pensée politique naissante, même si elle est fort simple. Mais elle rompt avec une tradition à la fois chrétienne et judiciaire qui prétendait que le gouvernement était foncièrement juste. Il respectait tout un système de lois : lois humaines, loi naturelle, loi divine. [...]
[...] Un enjeu de luttes incessantes L'idée d'un gouvernement pastoral des hommes reste néanmoins d'une grande vitalité dans l'Eglise médiévale. Deux séries de faits le prouvent : les réformes accomplies au sein de l'Eglise, notamment dans les ordres monastiques, qui avaient pour but de rétablir la rigueur de l'ordre pastoral parmi les moines (les ordres nouveaux comme les dominicains et les franciscains se proposaient surtout d'effectuer un travail pastoral parmi les fidèles) ; les luttes au sein de la population dont l'enjeu est le pouvoir pastoral. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture