Cet exposé retrace les débats qui ont eu lieu au sein de L'Association Internationale des Travailleurs jusqu'au Congrès de Bruxelles. Il montre les divisions au sein de cette instance en les rattachant à la position sociale des acteurs et au stade d'évolution de la société. Ces divisions portent sur l'opportunité d'user de la grève, sur la question de la lutte des classes, de l'Etat et de la propriété.
[...] Les internationaux ne se rejoignirent toutes tendances confondues que sur un point : l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. Dans cette étude, nous essayerons de rendre compte des conceptions des différentes tendances qui ont structuré l'A.I.T. et de leur évolution jusqu'au Congrès de Bruxelles en ce qui concerne les modalités d'action et le résultat auquel doit aboutir la transformation de la société (II). I-Les modalités d'action Dans cette première partie, nous verrons les débats suscités par la question de la grève qui découlent en partie de divergences concernant la conception de la société et de la lutte La question de la grève Au départ, les Anglais, qui constituent les gros bataillons de l'A.I.T., pensent que cette organisation va renforcer leurs luttes en empêchant le patronat anglais de briser les grèves en recourant à la main d'œuvre du continent et va favoriser la lutte légaliste à l'échelle mondiale. [...]
[...] Cette posture lui vaut le qualificatif de communiste autoritaire. En réalité, Marx n'inclut dans l'Etat que l'administration et les moyens de transport et de communication, bien loin du collectivisme d'Etat qu'on cherche à lui faire endosser. La propriété Marx est donc favorable à l'appropriation collective des moyens de production par la classe ouvrière, contre le rêve du retour à une société pré-capitaliste. La propriété collective des moyens de production et l'abolition de l'héritage reçoivent le soutien de la majorité des internationaux anglais, allemands et belges, dont César de Paepe, qui se fait l'avocat du centralisme économique, indispensable alors que l'avenir est à la grande culture et non à la propriété parcellaire. [...]
[...] Le trade-unionisme anglais s'inscrit lui dans une perspective de réforme à l'intérieur du système existant, il cherche par l'action légale à améliorer la situation matérielle des travailleurs. II-La transformation de la société Les dissensions observées sur les modalités d'action conditionnent en partie celles qui se manifestent sur l'Etat et la propriété L'Etat Au Congrès de Genève en 1866, les Français adoptent une position cohérente avec leur orientation sur les modalités d'action à mettre en œuvre pour transformer la société. S'il n'est pas question d'agir sur la société dans son ensemble, c'est parce que cela impliquerait de se rendre maître de l'appareil étatique. [...]
[...] A ce type d'association que forme l'Etat, ils veulent substituer la coopération sous forme de contrat volontaire qui n'aliène aucunement la liberté et le produit des individus. Tolain se fait l'avocat du fédéralisme dans lequel pour Proudhon, le principe d'autorité étant subalternisé, la liberté prépondérante, l'ordre politique est une hiérarchie renversée dans laquelle la plus grande part de conseil, d'action, de richesse et de puissance reste aux mains de la multitude confédérée, sans pouvoir jamais passer à celles d'une autorité centrale Le Belge César de Paepe soutient aussi la décentralisation politique. [...]
[...] Constatant avec satisfaction que les trade-unions ont formé à leur insu des centres organisateurs de la classe ouvrière, de même que les communes et les municipalités du Moyen-Age en avaient constitués pour la classe bourgeoise ils doivent maintenant agir contre le système capitaliste lui-même De plus, Marx ne formule pas d'objection de principe au fait de passer par les urnes pour renverser la bourgeoisie capitaliste, même si sa condamnation de l'abstentionnisme électoral et son encouragement aux candidatures ouvrières relèvent plus d'une logique d'agitation. Par ailleurs, de la même façon que les grèves sont utiles replacées dans une perspective globale, le travail coopératif ne doit pas se contenter d'expériences isolées mais doit être développé aux dimensions nationales, et conséquemment soutenu par des moyens nationaux Sinon, il n'est pas capable de faire face à la concentration du capital qui rend vaine toute solution partielle. Les Français sont sur ces différents points en rupture totale avec Marx. [...]
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