Radicalisation des mouvements sociaux, projets sociaux radicaux, ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Nuit debout, agressions Air France, séquestration de patrons, conflits ouvriers, contestations contemporaines
Il existe de nombreux signes paradoxaux en matière de conflits sociaux. On a assisté à une réduction du nombre de conflits du travail (par exemple, du nombre de jours de grève de 34 dans les années 70 moins de 5 dans la période 1993-2010), un affaiblissement des syndicats et en même temps à de nombreuses manifestations et de conflits aux méthodes radicales (séquestrations, menaces d'explosion…). Mais il y a eu une radicalisation de certains conflits notamment dans le domaine du travail (Air France et l'agression du DRH, séquestration de patrons Goodyear en 2014 avec des salariés condamnés en 2016, des menaces
d'explosions GM&S cet été). La naissance de nouvelles formes de mobilisation collectives est souvent vue comme radicales (ZAD de Notre-Dame-des-Landes, M15, Nuit debout).
[...] IMPRIMER Mensuel N° 144 - Décembre 2003 Les mouvements sociaux Protester à l'heure de la mondialisation ISABELLE SOMMIER Attac, Droit au logement, Droits devant . autant de mouvements, apparus dans les années 19801990, qui ont renouvelé les formes de l'action collective. Sous leur apparente radicalité, ils visent à interpeller l'opinion et les pouvoirs publics sur des problèmes sociaux tenus à l'écart du débat politique. Les années 80, de l'accession à la présidence de François Mitterrand jusqu'à la chute du mur de Berlin en 1989, ont vu progressivement se construire une doxa : la fin du conflit social et de l'action collective. [...]
[...] D'un côté, la démocratie semble bien supposer qu'une minorité puisse et doive rappeler à l'ordre la majorité qui aurait trahi les valeurs fondamentales de la démocratie. Personne ne doute que la démocratie et la justice, dans les années 1942-43, était du côté des fonctionnaires qui refusèrent d'obéir à l'Etat français et de dénoncer, ficher et arrêter des Juifs.? Comment être sûr que freiner la construction de cet aéroport, de ce barrage, valait de s'opposer jusqu'au bout à l'Etat ? La radicalité de ces mouvements est, de leur point de vue, la réponse à un vice radical dans la démocratie telle qu'elle est aujourd'hui. [...]
[...] A ce titre cette occupation constitue une mise en garde ambiguë envers la démocratie. Pour défendre leur position, certains de ces acteurs se réclament de la « désobéissance civile ». Ce concept, né sous la plume de l'américain H. D. Thoreau, repose sur l'idée que la loi doit d'abord être juste, et que lorsqu'elle est trop injuste, lui désobéir n'est pas exactement devenir un criminel : si on le fait de façon publique, et non violente, c'est manifester non pas son mépris de la loi et de l'Etat, mais un respect profond, radical, de la loi et de l'Etat tels qu'ils devraient être. [...]
[...] Pourtant, la décennie ultérieure a démenti la prédiction, même s'il a fallu attendre l'émergence sur la scène publique du mal nommé « mouvement antimondialisation », à la charnière du siècle, pour que les observateurs se rangent à l'évidence de la résurgence des mouvements sociaux qu'ils avaient si promptement (et imprudemment) enterrés.Le renouveau de la critique sociale est porté par deux mouvements Une recomposition du syndicalisme, entraînée par le succès des syndicats Sud (Solidaires, unitaires et démocratiques) qui apparaissent à partir de 1988 de la rupture avec la CFDT. Elle puise aux sources du principe de l'autonomie et des modèles d'auto-organisation, valorisant la participation des adhérents et la . Article de 3117 mots. Profil : ISABELLE SOMMIER Directrice du Centre de recherches politiques de la Sorbonne (Paris-I). Auteur de : Le Renouveau des mouvements contestataires. [...]
[...] À l'heure de la mondialisation , Flammarion, 2003. [...]
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