Le 07 octobre 2006, Anna Politkovskaïa est retrouvée morte dans l'ascenseur de son immeuble. Cette journaliste, travaillant au bihebdomadaire Novaïa Gazeta, figurait depuis un certain temps sur la liste noire du gouvernement de Vladimir Poutine. En effet, elle était l'une des rares à couvrir le second conflit russo-tchétchène et à porter un regard critique sur la politique du Kremlin. De même, lors de deux prises d'otages : celle du théâtre Doubrovska de Moscou, en 2002, et celle de Beslan, en 2004, Anna Politkovskaïa a essayé de trouver un compromis. Or ces deux tentatives se sont soldées par des échecs, à Moscou, l'intervention prématurée des forces spéciales a mis fin à toute tractation, tandis qu'en 2004, la journaliste se rendant à Beslan s'est trouvée incommodée par des maux de tête au point de renoncer à son rôle de négociatrice - il semblerait qu'elle ait été empoisonnée. Ainsi, le meurtre de cette femme engagée soulève de multiples questions quant à la nature du régime russe et de l'autorité exercée par Vladimir Poutine. Cet événement, presque qualifiable de fait divers, nous permet en réalité d'identifier les tendances à la fois idéologiques, politiques et sociales qui guident la Russie d'aujourd'hui. Dans la perspective des interrogations soulevées par l'assassinat d'Anna Politkovskaïa nous nous demanderons s'il est légitime de parler d'une crise sociale puis politique du régime russe remettant par-là même en cause tout phénomène de démocratisation, puis nous nous intéresserons aux conséquences du crime sur la scène internationale.
Alors que le passage de la Russie à l'ère capitaliste s'intensifie, qu'en est-il de sa démocratisation ? En d'autres termes, alors que Vladimir Poutine s'efforce de présenter sur la scène internationale un pays moderne et en croissance, quelles tendances profondes de la société russe se trouvent révélées par le meurtre d'Anna Politkovskaïa ?
Le meurtre de la journaliste met en évidence une société dans laquelle la liberté de la presse s'effrite ou plutôt s'efface. Cet effacement est tout d'abord la conséquence des meurtres en chaîne qui touchent les journalistes, en effet, depuis 1992 quarante-deux journalistes ont été assassinés en Russie. Ainsi, à la différence des journalistes occidentaux qui meurent lors de reportages lointains en terrain dangereux, les journalistes russes eux disparaissent à domicile (...)
[...] Alors que le passage de la Russie à l'ère capitaliste s'intensifie, qu'en est-il de sa démocratisation ? En d'autres termes, alors que Vladimir Poutine s'efforce de présenter sur la scène internationale un pays moderne et en croissance, quelles tendances profondes de la société russe se trouvent révélées par le meurtre d'Anna Politkovskaïa ? Le meurtre de la journaliste met en évidence une société dans laquelle la liberté de la presse s'effrite ou plutôt s'efface. Cet effacement est tout d'abord la conséquence des meurtres en chaîne qui touchent les journalistes, en effet, depuis 1992 quarante-deux journalistes ont été assassinés en Russie. [...]
[...] Nous pouvons ainsi conclure que l'assassinat d'Anna Politkovskaïa est sans conteste un événement intéressant car il nous permet de mettre en perspective le fonctionnement global de la Russie ou tout au moins d'en déceler failles. Ceci explique l'emploi d'un discours par certains aspects éminemment critique. Ce meurtre si l'on en croit Andreï Kolesnikov, journaliste au RIA Novosti, fonctionne comme une anamnèse de la société russe. Nous dévoilant un régime social et politique en crise, cet événement permet d'actualiser l'une des grandes questions qui, depuis la fin du communisme, hante la Russie à savoir le passage à l'ère démocratique. [...]
[...] Tous les observateurs s'accordent au contraire pour dénoncer, depuis Poutine, une régression des droits. Poutine ne se cache pas du reste de sa volonté de renforcer l'exécutif ; au-delà, c'est tout le discours sur la Russie qui pose problème, car il y a confusion entre puissance (souvenir compris) et statut réel du pays dans le monde et/ou situation réelle de la Russie et des Russes. La Russie en termes d'IDH est bien un pays sous-développé (dans les 0,785) Derrière la formule, il y a aussi la reprise d'un cliché, sur la servilité native des Slaves Ce discours a été utilisé à l'Ouest (monde germanique) pour des buts qui vous imaginez ; mais aussi en Russie même, par une partie de ceux qui voulaient ancrer la Russie dans l'Europe (conflit fin XIXe/début XXe s. [...]
[...] Au contraire, Anna Politkovskaïa faisait état du peuple comme de grenouilles dans un laboratoire dont le point faible est la servilité. Cependant même si les Russes sont responsables de cette apathie, ils sont victimes d'une politique de l'information autoritaire qui nous conduit à nuancer cette critique dans la mesure où elle répond à une vision occidentale dans laquelle les manifestations sont de l'ordre de l'habitude (soulignons qu'Anna Politkovskaïa est américano-russe.) On peut noter que si aucun véritable mouvement en faveur de la liberté d'expression ne se fait jour, le gouvernement de Vladimir Poutine fait toutefois naître un sentiment chez les Russes, qui loin d'être démocratique, exacerbe le patriotisme et la volonté de voir la Russie retrouver son statut impérial. [...]
[...] Bush, que le président russe s'est exprimé sur le meurtre. De même ce n'est que lors d'une rencontre avec Angela Merkel à Dresde que Vladimir Poutine a condamné l'assassinat. L'on peut donc croire que la Russie n'est d'une part, pas exempte du jugement des autres pays, et d'autre part, qu'elle ne peut s'en dispenser, elle reste encadrée par l'image qu'elle doit véhiculer à l'étranger et par- là même ne peut se livrer à des excès trop extravagants. Cela est confirmé par la visite de Condoleezza Rice qui, pour clore sa tournée en Asie, s'est rendue à Moscou. [...]
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