La première République portugaise se caractérise par une instabilité politique sans précédent ainsi qu'une grave crise économique. La dictature qui a suivi le coup d'Etat du 28 Mai 1926 ne réussit pas à redresser la situation. Les caisses de l'Etat portugais sont vidées en conséquence de la politique financière désastreuse du Général Sinel, et il règne un climat de clientélisme peu propice à la « régénération » de la Nation portugaise.
Le pays en quête de stabilité fait alors appel à un homme dont les premières paroles prononcées publiquement le 27 avril 1928 sont révélatrices de la détermination qui l'anime : « Je sais très bien ce que je veux et où je vais, mais que l'on exige pas de moi que j'atteigne le but en quelques mois. Au demeurant, que le pays étudie, fasse des observations, réclame, discute, mais qu'il obéisse quand sera venu pour moi le moment de commander ». Cette citation peut paraître surprenante venant de la part d'un « simple professeur d'économie » appelé à rétablir les finances du pays.
Sa marche vers le pouvoir suprême va se révéler longue et sinueuse. Appuyé par les milieux catholiques, dont il est l'un des plus sûrs espoirs, et soutenu par un patronat favorable à sa politique de redressement économique, Salazar ne dispose pourtant, au départ, que de moyens limités pour s'imposer. Il n'a ni grand parti comme Mussolini ou Hitler pour le porter au pouvoir, ni de victoire militaire à son actif comme le général Franco en Espagne. Pour accéder à la présidence du Conseil, en Juillet 1932, Salazar devra surtout faire preuve d'autant d'opiniâtreté et de fermeté que d'habileté et de sens du compromis selon Yves Léonard.
Ainsi l'on peut se demander comment Salazar a mis en œuvre sa stratégie pour arriver lentement mais surement au poste le plus influent du pays: après une progressive ascension au sein du gouvernement, il en prendra la tête (I) et posera alors les bases politiques et juridiques de son Estado novo (II).
[...] Les partis furent interdits, les forces armées durent dépendre de la hiérarchie du gouvernement, la Maçonnerie fut déclarée illégale et même l'Eglise catholique dû accepter la laïcisation de l'Etat. L'action politique de cette police s'exerça en particulier contre le Parti Communiste. En 1935, le Secrétaire Général du Parti communiste portugais Bento Gonçalves participe au 7e Congrès du Komintern. Il est arrêté dès son retour en France par la PIDE. Les mouvements de travailleurs, en particulier, les tentatives de grève, étaient considérées attentats à l'ordre et réprimés par la force publique. [...]
[...] Dès la fin du printemps, la dictature maîtrise la situation. Enfin, il y'a une ultime révolte, uniquement militaire, le 26 août 1931 à Lisbonne, mais elle échoue et c'est la fin de ce qui est appelé le cycle insurrectionnel. א Salazar se veut rassembleur Inquiet néanmoins de cette instabilité, Salazar s'efforce très rapidement de mettre en œuvre de profondes réformes des institutions afin d'abroger la constitution de 1911 et de consolider l'Etat autoritaire en enracinant un régime antiparlementaire, antidémocratique et antilibéral. [...]
[...] La publication officielle du résultat du scrutin, faite le 11 avril 1933 marque formellement le début du nouveau statut fondamental et représente le début de la période de l'Estado Novo. א La nouvelle Constitution La Constitution de 1933 réunit des influences doctrinales de diverses origines. On y voit le reflet de la doctrine de l'intégralisme lusitanien (mouvement social-politique à l'image de l'action française de Charles Maurras: anti-moderniste, anti-libérale, anti-parlemantaire, anti- démocrate, centraliste, nationaliste, catholique, et surtout monarchiste. Il s'inspire aussi de la pensée sociale de l'Eglise, des différentes doctrines corporatives en Italie, du texte de la Constitution d'Allemagne de Weimar 1919. [...]
[...] Quant au protectionnisme, contrairement à la république, timidement libérale, le régime salazariste défend une grande intervention étatique dans l'économie à travers la politique de protectionnisme et de dirigisme. Ce retour à l'Etat providence est caractéristique des régimes autoritaires (Italie, Allemagne) a aussi été une manière de répondre à la crise économique de 1929. Cela se fait sous la houlette de Oliveira Martins. Un autre pilier est le colonialisme : pour le Portugal, les colonies ont une grande importance dans l'économie (Bonne économie dans les colonies est synonyme de bonne économie dans la métropole). [...]
[...] C'est finalement ce dernier qui est contraint de démissionner et de quitter le gouvernement le 9 juillet 1929. De plus, Carmona va conférer à Salazar un droit de veto sur la nomination des ministres du gouvernement ce qui va renforcer sa position puisqu'il va ainsi faire venir des personnalités dont il se sent proche au gouvernement, des gens du centre catholique et d'autres qui joueront un grand rôle dans l'Estado novo. Le nouveau chef du gouvernement, le général Ivens Ferraz ne reste en place quant à lui que 6 mois. [...]
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