Invention de la modernité, la démocratie représentative serait aujourd'hui en crise avec la montée inquiétante de l'abstention électorale, l'érosion des partis de masse et des syndicats… De nouvelles formes de participation à la vie politique s'affranchissant du rituel électoral et de l'encadrement partisan comme seuls moyens d'expression politique viennent en effet questionner les démocraties adultes condamnées à tenter de mettre en pratique le difficile principe de souveraineté populaire.
S'il est vrai qu'un des enjeux majeurs des démocraties adultes reste la démocratisation continue du principe représentatif, la montée des pratiques dites participatives (de la proposition de S. Royal d'instaurer des jurys citoyens aux actions médiatiques des associations pour le droit au logement) ne fait-elle qu'apporter un supplément d'âme au système représentatif ou bien peut-elle instaurer une véritable démocratie régénérée ?
[...] Le citoyen se trouve dès lors investi d'une part de a légitimité de dire l'intérêt général. Or qui dit pouvoir décisionnel, dit également moyens financiers (budget participatif dans les lycées de Poitou-Charentes) Exemple de l'expérience des jurys citoyens à Berlin : mise en place de jurys citoyens en partie tirés au sort (afin de parvenir à une meilleure représentativité) à l'échelle des quartiers correspondant en gros à nos ZUS : disposant d'une enveloppe financière conséquente, ils avaient la capacité de décider des projets d'aménagement qui leur étaient proposés à l'échelle locale ; leurs décisions s'imposaient aux institutions locales tenues d'exécuter leurs décisions Les ambiguïtés de la participation ou le problème de la légitimité Un certain nombre de questions se posent cependant sur cette nouvelle place du citoyen dans l'élaboration et la prise de décision publique : Dans le premier cas de la participation perçue comme renforcement de la démocratie représentative, l'élargissement de la participation ne veut pas forcément dire démocratisation de cette dernière : on remarque ainsi que dans les conseils de quartiers sont systématiquement sous représentés les catégories de population qui se trouvent également exclues du système de représentation classique (jeunes, immigrés En quelque sorte, la démocratie serait ici étendue mais pas approfondie. [...]
[...] Rosanvallon tentent en effet de nuancer ce mythe du citoyen passif Ce dernier parle davantage de mutations que de déclin de la citoyenneté avec la montée de nouvelles formes d'expression, d'implication ou encore d'intervention citoyennes: Ainsi le gouvernement représentatif mis en place par les Modernes serait aujourd'hui en crise laissant la place à de nouvelles pratiques démocratiques plus contestataires contenues dans le terme très large de participation. Reste à se demander comment cette participation peut s'articuler avec la représentation qui reste au fondement de nos démocraties adultes. II- La participation : supplément d'âme au système représentatif ou démocratie régénérée ? [...]
[...] Si la légitimité du représentant se fonde sur l'élection, sur quoi se fonde celle du simple citoyen ? Ne risque-t-on pas de dériver vers une légitimité de fait ? Egalement, la question de la responsabilité pose problème : si l'élu peut être tenu responsable et donc sanctionné, comment rendre des comptes ce qui est pourtant au fondement même de la démocratie- lorsqu'une décision est prise par la société civile ? La représentation renforcée : participation et contre démocratie (Pierre Rosanvallon) Pour sortir de la double impasse de la participation entendue comme simple relégitimation de l'élu et de la participation comme substitut à la représentation, j'aimerais reprendre ici l'idée défendue par Rosanvallon d'une participation perçue comme le prolongement et le renforcement de la représentation à travers la mise en place d'une défiance démocratique organisée, sorte de veille citoyenne. [...]
[...] Comment articuler représentation et participation ? Dans le véritable système représentatif, tout se fait au nom du peuple et pour le peuple ; rien ne se fait directement par lui ; il est la source sacrée de tous les pouvoirs ; mais il n'en exerce aucun. Pierre Georges Cabanis, Quelques considérations sur l'organisation sociale en général et en particulier sur la nouvelle Constitution Frimaire an VII Introduction Invention de la modernité, la démocratie représentative serait aujourd'hui en crise avec la montée inquiétante de l'abstention électorale, l'érosion des partis de masse et des syndicats De nouvelles formes de participation à la vie politique s'affranchissant du rituel électoral et de l'encadrement partisan comme seuls moyens d'expression politique viennent en effet questionner les démocraties adultes condamnées à tenter de mettre en pratique le difficile principe de souveraineté populaire. [...]
[...] Ces deux principes ont permis d'instaurer une indépendance essentielle entre gouvernants et gouvernés qui fait dire à l'auteur que le système représentatif n'a rien d'un gouvernement indirect : il y a une déconnexion essentielle entre la décision des élus et la volonté des électeurs. Bien plus, le peuple ne devient un sujet politique que dans et par la personne du représentant ; ce dernier se substitue absolument aux représentés et n'a pas d'autre voix que la sienne. C'est ce qui fait dire a P. [...]
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