Exposé tentant de comprendre pourquoi l'art contemporain fait l'objet d'une telle polémique. Dans une première partie nous nous intéresserons donc au débat lui-même et aux reproches qui sont adressées à l'art contemporain. Puis dans une deuxième partie, nous verrons que si l'art contemporain pose problème, c'est bien parce qu'objectivement il opère une rupture par rapport aux pratiques artistiques antérieures, cette rupture ne peut elle-même être comprise qu'à la lumière d'un contexte. Enfin dans une troisième et dernière partie, nous verrons que la crise est à relativiser si on met l'art contemporain dans une ...
[...] L'artiste fabrique quelquechose de ses mains. l'art comme la peinture, le genre noble l'art qui a pour objet des sujets grands et beaux (dans l'art contemporain la peinture d'histoire est remplacée par la trivialité) L'art comme communauté de goût (Yves Michaud): utopie de la communauté de goût héritée des lumières qui voyaient en l'art la possibilité d' égaliser à travers l'universalité de l'expérience esthétique les différences individuelles. Or, l'art contemporain montre justement l'impossibilité d'arriver à un accord stable. Loin de remporter l'unanimité, il met en valeur la division de cette communauté, divergence des goûts des groupes sociaux, apparition d'un petit nombre de happy few qui partagent la même sensibilité. [...]
[...] L'art contemporain en question Moins de 15% des Français s'intéressent aux oeuvres produites par les artistes contemporains. C'est ce que révèle une enquête publiée par le magazine Beaux-Arts en janvier 2001. Pourtant cette même enquête montre que 2/3 des Français estiment que l'art est quelquechose d'universel et d'essentiel pour l'humanité. On constate donc un décalage entre des français majoritairement intéressés par l'art et l'hermétisme de la production artistique contemporaine pourtant reconnue par les professionnels et le marché international. A ce constat s'ajoute une polémique qui sévit au sein même de la communauté artistique depuis le début des années 80 sur les dérives de l'art contemporain qui selon certains critiques seraient symptomatiques d'une crise de l'art. [...]
[...] L'art contemporain exposé aux critiques A. Du public Il ne plaît pas au grand nombre. On lui reproche: -Manque de compétence de l'artiste: petit frère pourrait le faire” - sa laideur ou son manque d'harmonie (qualité esthétique de l'objet) - son côté subversif, scato, choquant, vulgaire, en somme sa non- conformité aux normes morales que sont celles portées par le public. ex: Cloaca de Wim Delvoye -son inaccessibilité, son hermétisme, snobisme, art élitiste pour les initiés, d'où frustration du public de ne pas comprendre le sens - sa trivialité: parce que ça semble ridicule d'en faire une oeuvre d'art. [...]
[...] Le milieu de l'art contemporain, un champ de bataille? Le milieu de l'art contemporain est un monde éclaté par la multiplication des matériaux, des pratiques et des idéologies du beau. Avec la multplication des mouvements l'art contemporain n'existe pas comme un tout unifié (depuis les années 60: action painting, body art, art conceptuel, minimalisme, support-sur-faces, hyper réalisme, nouveau réalisme, art brut, pop-art, op-art, art cinétique, arte povera, land art On voit dans l'article de T. De Duve contre J. Clair (dossier) comment un différend esthétique devient interpétatif et débouche sur un conflit politique–qualifié par certains de “tempête dans un verre d'eau”- illustrant ainsi les clivages profonds entre les différentes tendances du milieu au sein d'un art contemporain devenu “territoire du non-sens et Etat de non-droit”. [...]
[...] Il y a d'abord reconnaissance du petit cercle des experts et critiques. La rencontre avec le grand nombre est remise à plus tard: c'est ce que Nathalie Heinich appelle “l'effet d'après coup”. Celui-ci est d'autant plus marqué que l'œuvre est transgressive. Il faut temps qu'elles rencontrent les cadres mentaux susceptibles de les intégrer à la catégorie des valeurs artistiques”. -Retour sur l'idée selon laquelle l'art serait gratuit, sans incidence sociale. Cette idée s'explique par la difficulté a saisir le sens des oeuvres: celui-ci est de plus en plus caché, d'autant plus introuvable qu'il échappe à notre lecture habituelle des oeuvres, d'où cette impression que l'art contemporain n'a pas d'utilité sociale. [...]
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